Svenja Schulze, ministre du Développement, présente la stratégie féministe

D’ici 2025, plus de 90 pour cent des fonds du ministère du Développement récemment engagés à ce titre seront affectés à des projets visant à faire progresser l’égalité de genre. C’est ce qu’ont annoncé le 1^er mars, à Berlin, Svenja Schulze, ministre fédérale allemande du Développement, et Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères, qui a présenté ses orientations pour une politique étrangère féministe. Les deux ministres ont déclaré que les politiques féministes en matière de relations étrangères et de développement se complètent en cherchant à garantir une égale participation à tout le monde.

 « Pour moi, une politique féministe de développement, c’est une question d’égalité », a déclaré Svenja Schulze avant d’ajouter que les femmes et les filles constituent la moitié de la population mondiale et qu’elles devraient par conséquent disposer de la moitié des pouvoirs. « Les femmes sont fortes ; les femmes ont des idées innovantes et les femmes ont des connaissances. Aucune société ne peut se permettre de ne pas profiter de ce potentiel si elle veut progresser. Lorsque les femmes ont les mêmes droits et les mêmes responsabilités que les hommes, la pauvreté régresse, plus de personnes mangent à leur faim et le monde est plus stable.   

Les trois R d’une politique de développement fondée sur l’égalité de genre : droits, ressources et représentation
 

Le ministère fédéral allemand du Développement (BMZ) veut entraîner un changement de perspective grâce à sa stratégie pour une politique de développement féministe. Jusqu’à maintenant, le soutien apporté aux femmes et aux filles venait souvent de structures sociales patriarcales. La réorientation de la politique de développement allemande doit contribuer au changement des structures de pouvoir inégales. Ces efforts s’articulent sur les 3 R – rights (droits), resources (ressources) et representation (représentation) – d’une politique de développement fondée sur l’égalité de genre.

Au nombre de ces droits figure par exemple le droit à disposer de con corps. Chaque femme doit pouvoir décider elle-même si et quand elle veut avoir un enfant. Y figure également le droit à l’éducation. Toutes les filles doivent pouvoir finir leurs études et apprendre un métier qui les intéresse.

Il faut garantir aux femmes le droit d’aller devant les tribunaux lorsque leurs conditions de travail sont injustes, lorsque les normes de santé et de sécurité au travail ne sont pas respectées en ce qui les concerne ou lorsque leur salaire ne leur suffit pas pour vivre de leur travail.

Les ressources concernent, par exemple, l’accès à la terre. Au niveau mondial, les femmes représentent 43 pour cent de la main-d’œuvre agricole et pourtant elles ne sont que 15 pour cent à posséder des terres en raison de lois discriminatoires en matière d’héritage. En outre, les femmes doivent, au même titre que les hommes, avoir accès aux systèmes de protection sociale tels que les systèmes de santé et de pensions de retraite, ainsi qu’aux systèmes financiers et au crédit.

Les femmes représentent 50 pour cent de la population mondiale ; elles constituent donc le groupe le plus important de personnes défavorisées dans le monde.  

Lorsque les guerres et les attaques terroristes déplacent des populations, les difficultés que ces dernières connaissent pendant leur exode ou dans les camps surpeuplés sont particulièrement dures pour les personnes LGBT et les personnes handicapées. Les femmes, mais aussi les personnes homosexuelles, sont alors victimes de violences sexuelles et à caractère sexiste. La stratégie d’une politique de développement féministe vise à assurer l’égalité des droits pour tous.

Dans le but d’atteindre les objectifs des 3R, cette stratégie intervient à trois niveaux :

Premièrement, la politique de développement féministe est intégrée dans les procédures et les instruments de coopération du BMZ avec nos pays partenaires. Le BMZ s’est fixé à lui-même l’objectif de faire passer à 93 pour cent, d’ici à 2025, la part de financement de nouveaux projets en faveur de l’égalité de genre alors que cette part n’était que de 64 pour cent en 2021.

La part du financement des projets dont l’égalité de genre est le principal objectif doit être doublée, pour atteindre huit pour cent. Celle du financement de mesures dans lesquelles l’égalité de genre est un objectif important doit être portée à 85 pour cent. Les objectifs et les programmes sont conjointement élaborés par le BMZ et ses pays partenaires.

Deuxièmement, le BMZ met la politique de développement féministe à l’ordre du jour de la coopération internationale, par exemple au sein des instances des Nations unies, de la Banque mondiale ou de l’UE.

Troisièmement, au moins cinquante pour cent des postes de direction du BMZ doivent être détenus par des femmes. En outre, le ministère reste attentif à l’égalité de genre dans la représentation – par exemple dans les tables rondes.

La stratégie du BMZ résulte d’un vaste processus de consultation auquel ont participé la société civile allemande et internationale, des organisations internationales et des universités. Elle donne notamment aux pays du Sud global l’occasion de se faire entendre quant à l’élaboration d’une politique de développement sur le terrain avec les pays partenaires.

(BMZ/wi)

Pour en savoir plus :

Lien avec la politique de développement féministe de l’Allemagne pour le développement durable (en anglais)