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L’agriculture diversifiée est bénéfique pour la population et pour l’environnement
La simplification agricole continue à se propager aux dépens de formes d’agriculture plus diversifiées. Cette simplification, par exemple sous forme de monocultures intensives, présente un risque pour la préservation d’un système terrestre sûr et équitable. Une équipe de scientifiques internationaux, placée sous la direction de l’université de Copenhague au Danemark et de l’université de Hohenheim en Allemagne, a mesuré l’impact de la diversification agricole sur les réalisations sociales et environnementales. Sur la base de 24 études menées sur 2 655 exploitations agricoles dans 11 pays, les chercheurs montrent les bénéfices de cinq stratégies de diversification (axées sur l’élevage, les cultures, les sols, les plantations non cultivées et la conservation de l’eau) sur les réalisations sociales (bien-être humain, rendement, sécurité alimentaire, etc.) et environnementales (biodiversité, services écosystémiques, réduction des externalités environnementales, etc.).
Publiée dans Science en avril 2004, l’étude révèle que la mise en œuvre de multiples stratégies de diversification génère des résultats plus positifs que lorsque des stratégies de gestion individuelles sont appliquées seules. Pour réussir à tirer parti de ces bénéfices, les pays doivent se doter de politiques bien conçues, favorisant l’adoption concertée de multiples stratégies de diversification.
Parmi les nombreuses stratégies possibles, la diversification des animaux d’élevage et la conservation des sols ont donné les résultats les plus positifs.
Pas d’effets négatifs sur les rendements et nette amélioration de la sécurité alimentaire
Les chercheurs expliquent que les études antérieures portaient soit sur les effets socio-économiques, soit sur les effets environnementaux de la diversification agricole. L’étude présentée aujourd’hui porte, quant à elle, sur toute la gamme des effets, avec des résultats étonnamment positifs.
Les chiffres montrent que, dans le cas des petites exploitations et des exploitations entourées de nombreuses terres cultivées, une agriculture plus diversifiée améliore fortement la sécurité alimentaire, ce qui, selon les chercheurs, pourrait résulter d’un certain nombre de facteurs.
Les 58 auteurs de l’étude ont activement participé à sa conception afin d’essayer de conjuguer de manière robuste et réaliste les nombreux ensembles de données émanant des différentes parties du monde, qu’il s’agisse de la production de maïs au Malawi, de la récolte de caoutchouc en Indonésie, de l’élevage sylvopastoral en Colombie ou de la culture du blé d’hiver en Allemagne.
« L’étude porte sur de nombreuses situations différentes, issues des ensembles de données que nous avons utilisés. Par exemple, au Malawi, nous avons des données sur la sécurité alimentaire qui sont exprimées sous la forme du nombre de mois de disette pendant lesquels les petits exploitants agricoles n’ont pas assez à manger. Pour les grandes exploitations agricoles européennes, ces indicateurs sont remplacés par des valeurs de rendement, par exemple les rendements de blé d’hiver en Allemagne », explique Laura Vang Rasmussen, de l’université de Copenhague.
« Il n’empêche que, lorsque nous étudions l’ensemble des données, les résultats montrent que l’utilisation d’un nombre accru de stratégies de diversification permet d’améliorer à la fois la biodiversité et la sécurité alimentaire et qu’elle n’a pas d’impact négatif sur les rendements », poursuit-elle.
Les chercheurs ont également tenté de déterminer lesquelles de ces stratégies de diversification conduisent à des « paires » de résultats « gagnant-gagnant ». Par exemple, les données montrent que les stratégies bénéfiques pour la biodiversité améliorent également la sécurité alimentaire. Les chercheurs ont également constaté la présence de résultats « gagnant-gagnant » pour la biodiversité et le bien-être des populations.
Effets avec et sans zones naturelles aux alentours
Pour déterminer si le paysage environnant a une influence sur les effets des stratégies de diversification, l’étude a également pris en compte trois types de paysages : zones fortement cultivées avec très peu de nature, une catégorie intermédiaire « simple » composée de paysages mixtes, et des zones dans lesquelles les exploitations agricoles sont entourées d’étendues naturelles relativement intactes.
Jusqu’à présent, on estimait que les effets positifs de l’agriculture diversifiée sur la biodiversité se limiteraient aux paysages intermédiaires ou « simples », c’est-à-dire à ceux dans lesquels les chercheurs enregistraient également les bénéfices les plus substantiels. L’étude montre, au contraire, que les stratégies de diversification sont intéressantes dans de nombreux contextes différents. Même dans les paysages plus naturels, il est possible d’obtenir des effets positifs sur la biodiversité.
Selon les chercheurs, l’étude jette un éclairage sur les conditions agricoles réelles qui prévalent dans de nombreuses régions et dans de nombreux contextes à travers le monde. Au vu des résultats clairement positifs enregistrés par ces stratégies de diversification, elle suggère que les gouvernements et les entreprises devraient investir davantage pour inciter les agriculteurs à adopter de telles stratégies, qui sont susceptibles de les aider tout en favorisant la durabilité agricole et la santé de la planète.
(Science/universités de Copenhague et de Hohenheim/wi)
Référence :
Laura Vang Rasmussen, Ingo Grass et al. : Joint environmental and social benefits from diversified agriculture (Bénéfices sociaux et environnementaux conjoints de l’agriculture diversifiée) ; Science, 4 avril 2024, DOI : www.science.org/doi/10.1126/science.adj1914
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