- Lisez cet article en version anglaise
- Share this article
- Abonnez-vous à notre newsletter
Prévoir les futures épidémies de COVID-19 grâce à des satellites ?
Selon Rita R. Colwell, microbiologiste environnementale de renom, de l’université du Maryland, aux États-Unis, les données satellites pourraient être exploitées pour prévoir les futures épidémies de COVID-19. Alors que les premiers satellites ont été placés sur orbite dans les années 1950, ce n’est que depuis une vingtaine d’années que les chercheurs ont commencé à exploiter leurs données d’exploration de la Terre au profit de la santé publique mondiale.
Selon SciDevNet, Rita R. Colwell a mis au point un modèle prédictif pour le SARS-CoV-2, nom scientifique du coronavirus responsable de l’infection COVID-19. Les virologues s’attendent à ce que le SARS-CoV-2 devienne endémique, c’est-à-dire qu’il vienne s’ajouter à la liste des virus affectant les populations humaines, et à ce qu’il réapparaisse à l’avenir.
Rita R. Colwell, écologiste spécialisée en microbiologie moléculaire, déclare qu’une grille complexe d’informations pourrait permettre de prévoir quand et où la prochaine flambée de COVID-19 aura lieu. Les résultats de cette étude révolutionnaire devraient être publiés dans GeoHealth, une revue spécialisée de l’Union américaine de géophysique.
Madame Colwell dit que son équipe a appliqué la technologie de l’apprentissage machine à des données provenant de Chine, d’Italie, d’Espagne et des États-Unis pour établir des corrélations avec des données recueillies par satellites, ainsi qu’avec les températures de l’air et des paramètres de la surface terrestre tels que l’humidité et le point de rosée. « Nous en sommes au stade des tests et nous pensons pouvoir être en mesure de prévoir les régions spécifiques dans lesquelles le risque est le plus élevé, » déclare-t-elle.
Les maladies et l’environnement
Au début des années 2000, Rita R. Colwell a identifié les liens environnementaux avec les épidémies de choléra, une maladie infectieuse bactérienne causée par la consommation d’eau ou d’aliments contaminés.
À partir de données fournies par le programme Landsat d’observation de la Terre, les chercheurs ont été en mesure d’établir des corrélations directes entre les concentrations de chlorophylle et les efflorescences de phytoplancton d’une part, et le cholera d’autre part.
Pour Rita R. Colwell, les satellites peuvent être un outil très précieux de santé publique. Des satellites ultra-perfectionnés gravitent autour de la Terre et la communauté scientifique peut exploiter les données communiquées par une demi-douzaine d’entre eux, certains mesurant les déplacements de population ou les constructions au sol, et d’autres la température de la surface de l’eau de mer, la hauteur de mer et les niveaux de chlorophylle.
« Nous disposons également aujourd’hui d’un mécanisme mondial de surveillance et de prévision des épidémies potentielles, » précise la chercheuse.
Prévision de la prochaine flambée de COVID-19
Pendant la terrible épidémie de maladie à virus Ebola, en 2015, Farhan M. Asrar, de l’université de Toronto, au Canada, et de l’université internationale de l’espace, en France, a constaté qu’on comprenait de mieux en mieux les avantages que l’espace peut présenter pour la gestion des maladies.
« Les ressources de l’espace sont facilement accessibles et sont utilisées au profit de la santé mondiale, y compris dans la lutte contre la maladie à virus Ebola et d’autres maladies infectieuses, » a expliqué Farhan M. Asrar dans un article publié dans la revue scientifique The Lancet. « Il serait possible de tirer encore plus parti de cet état de fait en accroissant la coopération, les investissements et les partenariats entre le secteur de l’espace, la santé publique et les organisations humanitaires. »
L’avenir des satellites et des épidémies
La technologie n’est pas encore en mesure de prévoir les épidémies de maladies inconnues, mais les analystes suivent attentivement, de l’espace, la situation sur Terre. « Je dirais que ce nous faisons, c’est de l’épidémiologie informatique, » résume Rita R. Colwell.
En 2018 et 2019, par exemple, Rita R. Colwell et ses co-chercheurs, Antar Jutla, professeur d’ingénierie, et Anwar Huq, professeur de biologie cellulaire et de génétique moléculaire, ont fait des prévisions qui ont permis à des équipes médicales et d’atténuation des risques de planifier à l’avance la lutte contre les épidémies de choléra au Yémen. L’outil de prévision utilisé a pu déterminer, avec une précision de 92 pour cent, les zones géographiques à haut risque pour les épidémies au Yémen.
« Le recours quotidien à la technologie spatiale ne relève plus de la science-fiction. C’est une réalité, et elle est utile, » déclare Rita R. Colwell.
(SciDevNet/wi)
Pour en savoir plus (en anglais), lire la publication spéciale de SciDevNet sur le virus COVID-19
Ajoutez un commentaire
Soyez le premier à faire un commentaire