Sur la planète, jusqu’à 811 millions de personnes souffrent de faim chronique et 155 millions sont confrontées à une crise alimentaire aigüe – près de 20 millions de plus que l’année dernière. La communauté mondiale s’éloigne de plus en plus de l’objectif initial : éradiquer la faim d’ici à 2030. De fait, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que d’ici là, environ 657 millions de personnes seront sous-alimentées, soit plus ou moins 8 pour cent de la population mondiale. « Malheureusement, nos pires craintes de l’année dernière ont été confirmées. La famine est de retour et de multiples crises augmentent continuellement le nombre de ceux qui connaissent la faim, » a déclaré Mathias Mogge, secrétaire général de Welthungerhilfe, lors de la présentation de l’indice de la faim dans le monde, à Berlin/Allemagne, à la mi-octobre.
La pandémie de Covid-19 a aggravé la situation alimentaire déjà précaire de nombreux pays de l’hémisphère Sud. Toutefois, les principales causes de la faim restent le changement climatique – comme en témoigne la sécheresse dévastatrice qui touche actuellement le sud-est de Madagascar – et les violents conflits. Plus de la moitié des personnes souffrant de malnutrition vit dans des pays fragiles où règnent la violence et les conflits ; 60 pour cent d’entre elles dépendent de l’agriculture.
En cas de guerre, les systèmes alimentaires sont altérés à tous les niveaux. Les champs et les récoltes sont détruits, les routes sont bloquées, des zones sont minées et les marchés ne fonctionnent plus. De crainte d’être attaquées et d’avoir à se battre, les populations fuient leurs villages et leur survie dépend alors souvent de l’aide humanitaire. Le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan sont des exemples frappants de telles situations. Par exemple, selon l’UNHCR, près de 3 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du territoire afghan à la fin de 2020 et depuis le début de cette année, en raison des conflits armés, plus de 650 000 personnes sont devenues des réfugiés dans leur propre pays.
Il est bien connu que l’insécurité alimentaire peut être un facteur de violents conflits. Par conséquent, Welthungerhilfe demande à la coopération internationale des modèles de financement souples et intersectoriels, qui mettent plus l’accent sur les effets mutuels de la sécurité alimentaire et de la paix. L’organisation demande également qu’avant tout, lors de conflits, le droit à l’alimentation soit affirmé. « Il faut enfin que des sanctions soient systématiquement appliquées en cas d’utilisation de la faim comme arme de guerre, » déclare Marlehn Thieme, président de Welthungerhilfe. Qui ajoute qu’une transformation radicale des systèmes alimentaires existants est nécessaire pour les rendre plus résilients. À cet effet, les résolutions du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires ont besoin d’un suivi constant. Marlehn Thieme précise que la Conférence sur les changements climatiques (COP 26), qui se tiendra à Glasgow/Écosse, début novembre, et la Conférence sur la nutrition pour la croissance, organisée à Tokyo/Japon, début décembre, seront une bonne occasion de le rappeler.
L’indice de la faim dans le monde (IFM) 2021 d’un coup d’œil :
Quatorze pays, dont le Bangladesh et la Mongolie, ont réalisé des avancées significatives contre la faim, avec une réduction de 25 pour cent ou plus de leur score IFM entre 2012 et 2021.
(sri)
L’indice de la faim dans le monde 2021 est disponible en français (synthèse), en anglais, en allemand, en italien, en portugais, en espagnol et en chinois.
À lire également : Site web de l’indice de la faim dans le monde
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