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Croissance attendue de l’extrême pauvreté
En octobre 2020, la Banque mondiale a déclaré que pour la première fois depuis plus de vingt ans, le taux mondial d'extrême pauvreté devrait augmenter en 2020, soulignant les conséquences aggravantes de la pandémie de coronavirus (COVID-19) sur la réduction de la pauvreté, déjà freinée par les conflits et le changement climatique.
Selon le rapport bisannuel sur la pauvreté et la prospérité partagée, la pandémie risque d’entraîner entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté cette année et jusqu’à 150 millions d’ici à 2021, en fonction de la gravité de la récession économique.
Selon ce même rapport, l'extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à moins de 1,90 dollar par jour, devrait ainsi toucher entre 9,1 et 9,4 pour cent de la population mondiale en 2020. Soit un retour en arrière de l’ordre du taux de 9,2 pour cent enregistré en 2017. Sans les bouleversements induits par la pandémie à travers le monde, ce chiffre aurait dû tomber à 7,9 pour cent en 2020.
Dans les pays à revenu moyen, les taux de pauvreté devraient augmenter
Une grande partie des « nouveaux pauvres » sera concentrée dans des pays qui connaissent déjà des taux de pauvreté élevés, et 82 pour cent vivront dans des pays à revenu intermédiaire qui verront pour certains un nombre considérable de leurs habitants passer sous le seuil de l’extrême pauvreté. Les projections indiquent par ailleurs que les citadins seront de plus en plus nombreux à basculer dans l'extrême pauvreté, alors que celle-ci touche traditionnellement les populations des zones rurales.
Les progrès dans la réduction de la pauvreté avaient déjà marqué le pas avant la crise du coronavirus. Les nouvelles données actualisées pour 2017 montrent que 52 millions de personnes ont pu sortir de la pauvreté entre 2015 et 2017. Pourtant, malgré cette avancée, le rythme de la baisse s'est ralenti pendant cette période, pour tomber à moins d'un demi-point de pourcentage par an, contre une baisse annuelle du taux de pauvreté mondial d'un point de pourcentage entre 1990 et 2015.
Alors que près d'un dixième de la population mondiale vit avec moins de 1,90 USD par jour, près d'un quart vit avec moins de 3,20 USD et plus de 40 pour cent – près de 3,3 milliards de personnes – avec moins de 5,50 USD.
La crise de la COVID-19 risque de déclencher des cycles d’accroissement des inégalités de revenu
La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 entraîne aussi un recul de la prospérité partagée, définie comme l'augmentation du revenu des 40 pour cent des habitants les plus pauvres d'un pays. Les données mettent en évidence une stagnation, voire une contraction du niveau moyen mondial de la prospérité partagée au cours de la période 2019-2021 en raison de la moindre croissance des revenus moyens. En outre, la décélération de l'activité économique aggravée par la pandémie frappera probablement plus durement les plus pauvres, ce qui pourrait se traduire par des indicateurs de prospérité partagée encore plus faibles dans les années à venir.
La perspective d'une croissance moins inclusive est un net renversement des tendances qui prévalaient jusqu'à présent. La prospérité partagée a augmenté dans 74 des 91 économies pour lesquelles des données étaient disponibles au cours de la période 2012-2017, signe que la croissance était inclusive et que le revenu des 40 pour cent les plus pauvres de la population avait progressé.
Dans 53 de ces pays, la croissance a davantage profité aux plus pauvres qu'à l'ensemble de la population. La croissance des revenus des 40 pour cent les plus pauvres s'est établie à 2,3 pour cent pour la période 2012-2017. En l’absence de mesures pour y remédier, la crise du coronavirus risque de déclencher un cycle d'appauvrissement alimenté par la hausse des inégalités de revenu, la baisse de la mobilité sociale dans la population vulnérable et le déclin de la résilience aux chocs futurs.
(The World Bank/ile)
Pour en savoir plus, consulter le site de la Banque mondiale
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