Panneaux solaires produisant de l’électricité pour un village du district de Leribe, au Lesotho.
Photo: © FAO/Rodger Bosch

L’Afrique a besoin de solutions spécifiques aux pays

Pendant la période préparatoire de la COP27, future conférence mondiale sur le climat, des experts de 50 institutions scientifiques demandent un réexamen de la politique, du financement de la recherche et de la recherche elle-même en ce qui concerne le changement de cap énergétique de l’Afrique. Une récente étude montre qu’en ce qui concerne les besoins énergétiques, les différences sont considérables.

Cette étude a été réalisée par 40 experts africains en collaboration avec d’autres experts, par exemple du Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change (MCC – Berlin/Allemagne), du University College de Londres/Royaume-Uni, de la Commission économique des Nations unies, du Climate Compatible Growth Programme et de l’université d’Oxford/ Royaume-Uni. Elle a été publiée dans la célèbre revue spécialisée Nature Energy.

« La COP27 est la COP de l’Afrique, » déclare Jan Steckel, qui dirige le groupe de travail Protection du climat et développement, du MCC, et est coauteur de l’étude. « Il est important pour nous d’écouter les experts africains du secteur énergétique et de retenir le côté novateur des leçons qu’ils ont à nous donner. Ce qu’il faut, c’est donner la priorité à l’accès à l’énergie, à la justice et à l’investissement dans les équipements électriques reliés aux réseaux et autonomes pour promouvoir les objectifs des Nations unies en matière de développement durable et de progrès économique. De ce point de vue, nous pensons que l’étude sera utile. »

Pas de solution universelle pour l’Afrique
 

À ce jour, soulignent les auteurs, les discussions sur les questions énergétiques de l’Afrique ont été dominées par l’hémisphère nord, l’Afrique étant perçue comme un tout uniforme en ce qui concerne la demande d’énergie et les approches prospectives de la neutralité en matière de gaz à effet de serre. À partir d’analyses réalisées pour quatre pays servant d’exemples (Éthiopie, Afrique du Sud, Mozambique et Burkina Faso), l’étude montre à quel point cette attitude n’est pas la bonne. Par exemple, dans les zones rurales du Burkina Faso, moins de cinq pour cent de la population a accès à l’électricité et les systèmes hybrides photovoltaïque-diésel peuvent être des solutions rentables de développement. À l’opposé, l’Éthiopie, qui tire 90 pour cent de son énergie de centrales hydroélectriques et d’installations solaires et éoliennes bon marché, est une championne de la croissance verte, ce qui favorise le développement. Cela montre bien à quel point les systèmes et les besoins énergétiques sont différents.

En outre, avec une analyse des 54 pays africains, l’équipe de chercheurs souligne qu’en ce qui concerne ses objectifs de développement, chaque pays tient compte de son propre contexte, élabore ses propres solutions et fait face à ses propres impondérabilités quant à l’utilisation des énergies renouvelables ou des combustibles fossiles – et cherchera probablement sa propre voie de réussite. « Les discussions à l’échelle mondiale sont caractérisées par des généralisations qui ne servent pas à grand-chose, » déclare Youba Sokona, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et auteur de l’étude. « Nos travaux montrent que la communauté internationale doit accepter et soutenir les nuances spécifiques à chaque pays pour atteindre les objectifs environnementaux et climatiques en Afrique. Les moyens permettant de disposer de systèmes énergétiques propres dépendent fortement de la mesure dans laquelle ils peuvent être mis en pratique dans chaque pays. »

Donner la préférence aux énergies renouvelables
 

L’étude met en avant les avantages que présentent les énergies renouvelables pour l’Afrique et le monde dans son ensemble, avantages qui sont largement démontrés dans l’étude : croissance, emploi, création d’emplois, meilleure résilience au changement climatique, amélioration des systèmes de santé. À contrario, les projets de gaz naturel sont exposés au risque considérable de mauvais investissements et leurs impacts et éventuelles contre-stratégies ont fait l’objet de peu de recherche à ce jour. « À ce sujet, plusieurs pays africains, y compris le Mozambique, sont sur le point de signer des engagements à long terme, » déclare Philipp Trotter, de l’université de Wuppertal/Allemagne et de la Smith School of Enterprise and the Environment à l’université d’Oxford. « Compte tenu des objectifs économiques, sociaux et écologiques, il est essentiel pour les responsables gouvernementaux de disposer des informations nécessaires pour prendre de bonnes décisions. Actuellement, ce n’est pas le cas. Et il faut bien garder à l’esprit que dans ces pays, les décisions prises aujourd’hui peuvent avoir un impact pendant des dizaines d’années. »

« Il est urgent, en Afrique, de disposer de solutions énergétiques propres à chaque pays et fondées sur des preuves, ainsi que de moyens de les mettre en œuvre, » déclare Yacob Mulugetta, professeur en politique énergétique et développementale au University College de Londres, et auteur principal de l’étude. « Il faut pour cela un leadership national et des donateurs internationaux, un soutien à la recherche, ainsi qu’un financement et des investissements adaptés. Nous espérons que ce projet de recherche encouragera les gouvernements africains à assumer plus de responsabilité dans leurs décisions énergétiques – c’est-à-dire à avoir une vision à long terme du système énergétique et s’assurer que son avenir est entre leurs mains et qu’il répondra aux besoins de la population. »

 

(MCC/pas)

En savoir plus :

Site Web du Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change (MCC)

Publication initiale : Mulugetta, Y., Sokona, Y., Trotter, P., et al., 2022, Africa needs context-relevant evidence to shape its clean energy future, Nature Energy

 

 

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