L’indice de la faim dans le monde 2021 fait le lien entre la faim et les systèmes alimentaires dans les situations de conflit.
Photo: Anadolu Agency via AFP/ Muhammed Said 2021

Le sombre tableau dépeint par l’indice de la faim dans le monde 2021

En ce qui concerne l’objectif « faim zéro », le monde est vraiment loin du compte. Pour 47 pays, il est même hors de question d’atteindre de faibles niveaux de la faim d’ici à 2030. C’est ce que révèle l’indice de la faim dans le monde 2021 que Welthungerhilfe a présenté à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation.

Sur la planète, jusqu’à 811 millions de personnes souffrent de faim chronique et 155 millions sont confrontées à une crise alimentaire aigüe – près de 20 millions de plus que l’année dernière. La communauté mondiale s’éloigne de plus en plus de l’objectif initial : éradiquer la faim d’ici à 2030. De fait, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que d’ici là, environ 657 millions de personnes seront sous-alimentées, soit plus ou moins 8 pour cent de la population mondiale. « Malheureusement, nos pires craintes de l’année dernière ont été confirmées. La famine est de retour et de multiples crises augmentent continuellement le nombre de ceux qui connaissent la faim, » a déclaré Mathias Mogge, secrétaire général de Welthungerhilfe, lors de la présentation de l’indice de la faim dans le monde, à Berlin/Allemagne, à la mi-octobre.

Un cocktail toxique de crise climatique, pandémie de Covid-19 et violents conflits

La pandémie de Covid-19 a aggravé la situation alimentaire déjà précaire de nombreux pays de l’hémisphère Sud. Toutefois, les principales causes de la faim restent le changement climatique – comme en témoigne la sécheresse dévastatrice qui touche actuellement le sud-est de Madagascar – et les violents conflits. Plus de la moitié des personnes souffrant de malnutrition vit dans des pays fragiles où règnent la violence et les conflits ; 60 pour cent d’entre elles dépendent de l’agriculture.

En cas de guerre, les systèmes alimentaires sont altérés à tous les niveaux. Les champs et les récoltes sont détruits, les routes sont bloquées, des zones sont minées et les marchés ne fonctionnent plus. De crainte d’être attaquées et d’avoir à se battre, les populations fuient leurs villages et leur survie dépend alors souvent de l’aide humanitaire. Le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan sont des exemples frappants de telles situations. Par exemple, selon l’UNHCR, près de 3 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du territoire afghan à la fin de 2020 et depuis le début de cette année, en raison des conflits armés, plus de 650 000 personnes sont devenues des réfugiés dans leur propre pays.  

Assurer un lien entre le maintien de la paix et la sécurité alimentaire ; transformer les systèmes alimentaires  

Il est bien connu que l’insécurité alimentaire peut être un facteur de violents conflits. Par conséquent, Welthungerhilfe demande à la coopération internationale des modèles de financement souples et intersectoriels, qui mettent plus l’accent sur les effets mutuels de la sécurité alimentaire et de la paix. L’organisation demande également qu’avant tout, lors de conflits, le droit à l’alimentation soit affirmé. « Il faut enfin que des sanctions soient systématiquement appliquées en cas d’utilisation de la faim comme arme de guerre, » déclare Marlehn Thieme, président de Welthungerhilfe. Qui ajoute qu’une transformation radicale des systèmes alimentaires existants est nécessaire pour les rendre plus résilients. À cet effet, les résolutions du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires ont besoin d’un suivi constant. Marlehn Thieme précise que la Conférence sur les changements climatiques (COP 26), qui se tiendra à Glasgow/Écosse, début novembre, et la Conférence sur la nutrition pour la croissance, organisée à Tokyo/Japon, début décembre, seront une bonne occasion de le rappeler.

 

L’indice de la faim dans le monde (IFM) 2021 d’un coup d’œil :

  • L’indice de la faim dans le monde (IFM) catégorise et classe les pays sur une échelle de 100 points et associe leur situation face à la faim à un des cinq niveaux suivants : faible, modéré, grave, alarmant et extrêmement grave.
     
  • Sur les 135 pays évalués, 19 ne disposaient pas de données suffisantes pour calculer un score IFM 2021, mais douze ont pu être catégorisés provisoirement sur la base d’autres données.
     
  • L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud sont les régions du monde où les valeurs de l’indice sont les plus élevées. Dans ces deux régions, la situation est considérée comme grave.
     
  • La faim atteint un niveau alarmant dans cinq pays (République centrafricaine, Tchad, République démocratique du Congo, Madagascar et Yémen) et est provisoirement considérée comme alarmante dans quatre autres pays (Burundi, Comores, Soudan du Sud et Syrie). Dans un pays, la Somalie, ce niveau est extrêmement alarmant.
     
  • La faim atteint un niveau grave dans 31 pays et est provisoirement classée comme grave dans six autres pays.
     
  • Depuis 2012, la faim a augmenté dans dix pays présentant des niveaux de faim modéré, grave ou alarmant : République centrafricaine, République du Congo, Équateur, Lesotho, Madagascar, Malaisie, Oman, Afrique du Sud, Venezuela et Yémen.
     
  • Quatorze pays, dont le Bangladesh et la Mongolie, ont réalisé des avancées significatives contre la faim, avec une réduction de 25 pour cent ou plus de leur score IFM entre 2012 et 2021.

  • Dans huit des dix pays où le niveau de la faim est considéré comme grave ou alarmant, les conflits contribuent de manière considérable à la faim. Madagascar est le seul pays dans lequel le score IFM 2021 est alarmant et qui ne connaît pas de conflit.  
     
  • La faim et la sous-alimentation ont tendance à être plus fortes dans les zones rurales que dans les zones urbaines, mais on ne sait pas très bien quelle influence la pandémie de COVID-19 aura sur cette dynamique dans le long terme.
     
  • Les scores de l’indice de la faim dans le monde sont basés sur une formule tenant compte des trois dimensions de la faim que sont l’apport calorique insuffisant (sous-alimentation), la sous-nutrition et la mortalité́ infantile, et de quatre indicateurs :
    • sous-alimentation : la part de la population qui est sous-alimentée, reflétant un apport calorique insuffisant ;
    • émaciation : la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’émaciation (faible poids par rapport à la taille), reflétant une sous-nutrition aiguë ; 
    • retard de croissance : la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance (taille inférieure à la moyenne d’âge), reflétant une sous-nutrition chronique ;
    • mortalité infantile : le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

(sri)

L’indice de la faim dans le monde 2021 est disponible en français (synthèse), en anglais, en allemand, en italien, en portugais, en espagnol et en chinois.

À lire également : Site web de l’indice de la faim dans le monde

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