William Ruto, Président de la République du Kenya, au Sommet africain sur le climat. Les dirigeants africains ont appelé à une action collective mondiale de mobilisation des ressources en faveur du développement et de l'action climatique.
Photo : ©ACS

Sommet africain sur le climat

Lors du Sommet africain sur le climat, les participants ont discuté de la nécessité de répondre à l'exposition croissante au changement climatique et aux coûts qui y sont associés, à la fois au niveau mondial et en particulier en Afrique. À l’occasion du sommet, les leaders africains ont adopté la « Déclaration de Nairobi » démontrant ainsi l’unité du continent face aux enjeux liés à l’atténuation du changement climatique.

Trois mois avant la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP 28), des décideurs politiques, des professionnels, des entreprises et des représentants de la société civile se sont réunis du 4 au 6 septembre 2013 pour le Sommet africain sur le climat qui s’est tenu à Nairobi, au Kenya, sous le thème Driving Green Growth and Climate Finance Solutions for Africa and the World (Promouvoir la croissance verte et les solutions de financement du climat pour l'Afrique et le monde). 

« L'atténuation du changement climatique peut devenir l'un des principaux moteurs de croissance en Afrique », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. « L'Afrique a besoin d'investissements massifs pour y parvenir, et l'Europe souhaite devenir le partenaire qui comblera ce fossé. C'est pourquoi la moitié des fonds que nous mettons à disposition dans le cadre de notre plan d'investissement de 300 milliards d'euros, le Global Gateway, est destinée au continent africain ». 

Lors du sommet, les Émirats arabes unis (EAU), qui accueilleront la COP 28 en novembre, ont annoncé le lancement d’une initiative de financement de 4,5 milliards d'USD pour concrétiser le potentiel de l'Afrique en matière d'énergie propre. Cette initiative rassemble des capitaux publics, privés et de développement provenant d'institutions des Émirats arabes unis. Africa50, une plateforme d'investissement mise en place par des gouvernements africains et la Banque africaine de développement (BAD), s'est également ralliée à l'initiative de financement des Émirats arabes unis. Africa50 a été créée dans le souci de contribuer à résoudre les problèmes d'infrastructure critiques du continent et aidera à identifier les projets initiaux et à établir des liens avec les entités locales chargées de la mise en œuvre.

Les engagements pris lors du Sommet africain sur le climat et les annonces faites à cette occasion représentent un investissement combiné de près de 26 milliards de dollars US de la part de banques de développement publiques, privées et multilatérales, de fondations philanthropiques et d'autres partenaires de la communauté de financement du développement.

Déclaration de Nairobi sur le changement climatique


Lors du sommet, les dirigeants africains ont approuvé la déclaration de Nairobi des dirigeants africains sur le changement climatique, appelant à une action collective mondiale de mobilisation de ressources en faveur du développement et de l'action climatique. Ils ont fait référence aux engagements pris lors du Sommet de Paris pour un nouveau pacte mondial de financement en juin dernier. Selon ce pacte, aucun pays ne devrait avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la protection de la planète. 

Sous la houlette du président kenyan William Ruto et du président de la Commission de l'UA Moussa Faki, les dirigeants africains ont exhorté les partenaires de développement à aligner leurs ressources techniques et financières sur la promotion de l'utilisation durable des ressources naturelles du continent. Ils ont demandé aux dirigeants mondiaux d'envisager la proposition d'un régime mondial de taxation du carbone et ont appelé à un financement abordable et accessible pour les investissements ayant des effets positifs sur le climat. 

Les réformes de l'architecture financière multilatérale et la mobilisation de ressources financières adéquates sont essentielles au bien-être du continent et au succès de l'action climatique, a déclaré le président Ruto.

Exploiter le potentiel de l'Afrique en matière d'énergies renouvelables


Lors de la session « Exploiter le potentiel de l'Afrique en matière d'énergies renouvelables », le président de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, a souligné l'énorme potentiel énergétique de l'Afrique - de l'hydroélectricité à l'énergie éolienne, en passant par l'énergie solaire et la géothermie - qui reste inexploité, alors que le continent souffre d'un énorme déficit d'électricité. L'Afrique dispose d'un potentiel presque illimité en matière de capacité solaire (11 TW), d'hydroélectricité (350 GW), dont seulement 5 à 6 % sont exploités, d'énergie éolienne (110 GW), dont seulement 2 % sont utilisés, et de sources d'énergie géothermique (15 GW), a déclaré M. Adesina.

Il a appelé à des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique, soulignant la richesse du continent en matière d'énergie et insistant sur le fait que « chaque économie ne peut faire plus que l'énergie qu'elle produit ».

Partenariat accéléré pour les énergies renouvelables en Afrique 


L'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), en collaboration avec le Kenya, le Danemark, l'Allemagne et les Émirats arabes unis, a fondé un nouveau partenariat, s'engageant à stimuler les énergies renouvelables en Afrique. Le partenariat accéléré pour les énergies renouvelables en Afrique (Accelerated Partnership for Renewables in Africa, APRA) a été lancé par le président Ruto, qui dirige également le Comité des chefs d'État et de gouvernement africains sur le changement climatique (CAHOSCC), lors du Sommet africain sur le climat. Lors de l'événement de lancement, M. Ruto a souligné l'ambition du Kenya d'atteindre 100 % d'énergie renouvelable d'ici 2030 et d'alimenter les industries vertes du futur d'ici 2040.

Outre le Kenya, l'APRA comprend l'Éthiopie, la Namibie, le Rwanda, la Sierra Leone et le Zimbabwe. Le partenariat se concentre sur trois domaines clés : la mobilisation des financements, l'assistance technique et le renforcement des capacités ainsi que l'engagement du secteur privé. Les partenaires invitent d'autres pays ainsi que des organisations des secteurs public et privé à rejoindre l'APRA afin d'intensifier les efforts, de mener une action climatique ambitieuse et de mettre en œuvre des stratégies efficaces en matière d'énergie verte.

Une vision commune de la résilience face à la sécheresse


Reconnaissant que la sécheresse sévère affecte l'Afrique plus que tout autre continent, les dirigeants réunis au Sommet africain sur le climat à Nairobi ont présenté une vision commune de la résilience face à la sécheresse dans la perspective des prochains sommets sur le climat et la désertification - la COP28 de la CCNUCC en novembre 2023 et la COP16 de la CNULCD en décembre 2024. L'objectif est de réduire les coûts des futures sécheresses pour les sociétés et les économies grâce à des investissements stratégiques dans la gestion durable des terres et de l'eau. 

S'exprimant lors de l'événement parallèle de haut niveau intitulé « Renforcer la résilience de l'Afrique face à la sécheresse », organisé par l'Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse (IDRA), le ministre sénégalais de l'environnement, S.E. Alioune Ndoye, a déclaré : « L'une de nos priorités en tant que coprésident de l'IDRA est de mettre en place un programme africain de résilience à la sécheresse. Nous avons fait l'expérience des effets dévastateurs de la sécheresse sur les vies et les moyens de subsistance et nous sommes déterminés à trouver des solutions novatrices pour les populations, le climat, la terre et la biodiversité qui nous soutiennent tous ». 

Lors du Sommet africain sur le climat, les Comores et la Commission Climat pour la région du Sahel (CCSR) ont annoncé leur adhésion à l'IDRA.

Ines Lechner, rédactrice Rural 21

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