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L’interdiction de la viande sauvage menace la nature et la sécurité alimentaire
Selon une étude publiée dans Current Biology en février 2021, l’interdiction du commerce de la viande sauvage aurait pour conséquence non seulement d’accroître l’insécurité alimentaire pour certains pays et groupes marginalisés, mais aussi de nuire à la biodiversité.
Depuis un an, le commerce des animaux sauvages fait l’objet d’une attention accrue en raison de la pandémie de COVID-19. Des appels à interdire le commerce et la consommation d’animaux sauvages pour protéger la santé publique et la biodiversité ont commencé à émerger lorsque le lien a été établi entre les premiers cas de COVID-19 et un marché de produits frais en Chine.
Des chercheurs ont évalué les impacts négatifs hypothétiques qu’une telle interdiction ferait peser sur les systèmes alimentaires de 83 pays afin de permettre aux législateurs et aux gouvernements d’envisager les conséquences indésirables potentielles d’une telle décision stratégique. Sur la base de données mondiales existantes, ils ont évalué avec prudence la quantité de protéines qui serait éliminée des régimes alimentaires en cas d’introduction et d’application effective d’une interdiction de vente de viande sauvage, ainsi que la quantité de terres agricoles qui serait nécessaire pour remplacer cette viande par de la viande d’élevage.
Le remplacement de la viande sauvage par l’élevage représente une menace pour la biodiversité
Les chercheurs estiment que le retrait de la viande sauvage utilisée dans les systèmes alimentaires pourrait entraîner une augmentation de la production d’animaux d’élevage. L’Amérique latine, l’Afrique subsaharienne et les États-Unis seraient alors les régions les plus touchées par la destruction des habitats naturels et de la biodiversité associée au développement de l’élevage destiné à remplacer la viande sauvage. Ces régions abritent également certaines des espèces les plus menacées au monde.
Les chercheurs estiment que les États-Unis et le Nigéria auraient besoin de 10 000 km² de terres pour remplacer la viande sauvage par de la viande d’élevage, tandis que le Brésil, la Colombie, l’Éthiopie, l’Équateur, la Côte d’Ivoire, la Bolivie et le Venezuela auraient chacun besoin de 5 000 km² à 10 000 km². Au total, plus de 250 espèces pourraient être menacées d’extinction, dont plus de 85 en Équateur et plus de 40 en Colombie.
L’interdiction des animaux sauvages pourrait accroître l’insécurité alimentaire
L’étude montre également que l’interdiction des animaux sauvages aurait des répercussions inégales sur l’insécurité alimentaire, avec des risques majeurs pour certains pays qui se trouvent déjà dans la moitié inférieure de l’indice mondial d’insécurité alimentaire. Les pays confrontés au risque le plus élevé de carence en protéines en cas de suppression de la viande sauvage dans les régimes alimentaires se trouvent tous en Afrique subsaharienne et comprennent notamment la République du Congo, le Rwanda, le Zimbabwe et la Côte d’Ivoire.
Les auteurs insistent sur le fait que les répercussions « concrètes » d’une éventuelle interdiction dépendraient, en fin de compte, du contexte écologique et socio-économique dans lequel ils seraient mis en œuvre. Par exemple, le système alimentaire des États-Unis dans sa globalité pourrait probablement s’adapter à un tel changement, mais certains groupes ruraux et marginalisés risquent de subir des chocs importants, tandis que dans les régions où aucune alternative adaptée n’existe, par exemple à Madagascar, les populations pourraient tout simplement refuser de l’appliquer. Les activités de conservation qui dépendent des recettes des permis de chasse pourraient également être compromises.
(Oxford Martin School/ile)
Plus d’informations sur le site Internet de l’Oxford Martin School (en anglais)
Lire l’étude Investigating the risks of removing wild meat from global food systems
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