Au Sahel, 45 000 personnes devraient connaître des niveaux catastrophiques de faim.
Photo : ©Riccardo Mayer/Shutterstock.com

Les crises alimentaires menacent l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale

Les partenariats doivent être renforcés pour prévenir la malnutrition aiguë chez les enfants et la traiter le cas échéant, ainsi que favoriser des programmes adaptés au climat afin de réduire la forte vulnérabilité de la région aux extrêmes climatiques et lutter contre le risque d’épuisement des ressources naturelles.

En avril 2023, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis en garde que l’insécurité alimentaire aiguë devrait atteindre son niveau le plus élevé depuis 10 ans en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale d’ici le mois de juin de cette année. Une nouvelle étude montre une expansion inquiétante de l'insécurité alimentaire dans les pays côtiers et des niveaux catastrophiques de faim dans les zones touchées par les conflits au Burkina Faso et au Mali, où l'aide humanitaire est gravement entravée par l'insécurité.

Pour la première fois au Sahel, 45 000 personnes, dont 42 000 au Burkina Faso et 2 500 au Mali, devraient souffrir de la faim à un degré catastrophique (phase 5) et être au bord de la famine. 

Les effets conjugués des conflits, des extrêmes climatiques, de la covid-19 et des niveaux élevés des prix alimentaires continuent d’aggraver la situation sur le plan de la faim et de la malnutrition dans la région. Le nombre de personnes n’ayant pas accès de manière régulière à des aliments salubres et nutritifs devrait grimper à 48 millions au cours de la saison de soudure de juin à août 2023, d’après l’analyse de la situation en matière de sécurité alimentaire de mars 2023 du Cadre harmonisé; un chiffre multiplié par quatre en cinq ans. Les résultats de l’analyse confirment également l’existence d’une tendance à plus long terme, à savoir l’expansion géographique de l’insécurité alimentaire dans la région. 

La situation régionale sur le plan nutritionnel, déjà morose, se dégrade également : 16,5 millions d’enfants de moins de 5 ans devraient souffrir de malnutrition aigüe en 2023, dont 4,8 millions de la forme la plus grave et la plus affaiblissante (malnutrition aiguë sévère). Cela représente une augmentation de 83 pour cent de la malnutrition aiguë globale par rapport à la moyenne de la période 2015-2022. En plus du caractère inabordable d’une alimentation saine, nutritive et diversifiée (en particulier s’agissant des jeunes enfants et des femmes), les conflits et les déplacements de population comptent parmi les principaux facteurs de l’aggravation de la situation, ce qui entraîne un accès réduit à des services sociaux essentiels (santé, nutrition, eau, assainissement, hygiène et protection sociale) et pèse sur les pratiques de soin. De 2019 à 2023, les problèmes de sécurité ont augmenté de 79 pour cent dans la région, ce qui a provoqué des déplacements de population massifs et a perturbé l’accès aux terres agricoles et au fourrage. 

Malgré des précipitations plus importantes en 2022, l’accès aux denrées alimentaires et leur disponibilité restent des enjeux majeurs. Les pays de la région sont toujours des importateurs nets. Les taux de change défavorables, ainsi que la forte inflation font grimper les coûts des importations alimentaires, dont ils dépendent, alors même qu'ils sont aux prises avec de grandes difficultés financières et des défis sur le plan macroéconomique. De plus, la limitation de la transhumance et les fortes concentrations de bétail dans certaines zones pourraient dégrader encore plus les conditions d’élevage et de sécurité.

La FAO, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l’UNICEF et le PAM, appellent à nouveau leurs partenaires dans le secteur du développement et de l’humanitaire, ainsi que le secteur privé, à aider les gouvernements nationaux à améliorer la situation dans la région en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Il s’agit de mettre au point des systèmes alimentaires, de santé, d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des programmes de protection sociale tenant compte de la nutrition et ciblant les groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes enfants.

(FAO/ile)

Plus d’informations sont disponibles sur le site internet de la FAO

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