Conséquences écologiques du commerce agricole mondial
Selon les auteurs d’une étude examinant les conséquences du commerce mondial des produits alimentaires sur l’environnement et publiée dans la revue One Earth en novembre 2021, les coûts environnementaux du commerce – notamment en ce qui concerne le café, le thé, le soja et les bovins – restent élevés.
Au cours des trois dernières décennies, le commerce des produits alimentaires a plus que doublé et représente aujourd’hui près d’un quart de la production alimentaire mondiale. 80 pour cent de la population mondiale vit dans des pays qui sont des importateurs nets de produits alimentaires.
Un facteur de la déforestation et des pertes de biodiversité
Le commerce agricole est important pour l’approvisionnement en aliments d’un nombre incalculable de personnes, mais c’est aussi un facteur majeur de la déforestation et de la perte d’habitats naturels et de biodiversité. À cet égard, les études établissent clairement un lien entre la croissance du commerce agricole et la déforestation, ainsi qu’avec les conséquences sur la biodiversité et les écosystèmes locaux. L’exportation de soja, d’huile de palme et de bovins par quelques pays d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est détruit – chaque année – des centaines de milliers d’hectares de forêts.
« Dans l’Union européenne, les émissions dues à la déforestation tropicale représentent de 13 à 30 pour cent de l’empreinte carbone totale d’une alimentation quotidienne moyenne. Autrement dit, nous « mangeons » les forêts ! » a déclare Thomas Kastner de l’Institut de recherche Senckenberg sur la biodiversité et le climat, Francfort-sur-le-Main, auteur principal de l’étude.
L’augmentation de la superficie forestière dans de nombreux pays de l’hémisphère nord ne compense pas ces pertes et elle n’est souvent possible que parce que, pourrait-on dire, la déforestation est « exportée ».
La biodiversité souffre elle aussi du commerce agricole. Par exemple, des études montrent que le commerce international est le principal facteur de risque pour environ 30 pour cent de la totalité des espèces menacées. Ce sont les oléagineux tels que les fruits du palmier à huile et le soja, mais aussi le café, le cacao et les bovins, qui constituent la plus grande menace pour la biodiversité.
La dimension politique doit être prise en considération
Selon Thomas Kastner, le problème est aussi politique. « De nombreux pays pauvres accroissent leurs superficies agricoles essentiellement pour les exportations. Ces dernières renforcent leur économie à court terme, mais les rendent dépendants du commerce – et en même temps vulnérables aux crises économiques. » A contrario, la dépendance aux importations de produits alimentaires peut également être source de problèmes, notamment avec l’accroissement du changement climatique.
Thomas Kastner cite un exemple révélateur : les études consacrées à la vague de chaleur de 2008 à 2010 ont montré qu’elle a entraîné de très mauvaises récoltes en Russie. En conséquence, la Russie a réduit ses exportations, ce qui a entraîné des pénuries au Moyen-Orient, que d’autres études ont liées à des protestations et au Printemps arabe.
Comparativement, le commerce des céréales est efficace
Il ressort également de l’étude que le commerce mondial des céréales est comparativement efficace – par opposition aux conséquences considérables du commerce du café et du cacao, par exemple. Le commerce des céréales apporte, à un grand nombre de personnes, les importantes calories dont elles ont besoin tout en consommant moins de ressources, dans les pays d’exportation, que la production locale visant à l’autosuffisance avec les méthodes de culture actuelles.
(Senckenberg/ile)
Pour en savoir plus, consulter le site web de l’Institut Senckenberg (en anglais)
Ajoutez un commentaire
Soyez le premier à faire un commentaire