La guerre contre l’Ukraine a transformé en désastre une situation alimentaire mondiale déjà mise à mal par la pandémie de COVID-19.
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Faire face à l’insécurité alimentaire croissante

Il est de plus en plus difficile pour la communauté internationale d’atteindre l’objectif de développement durable 2 « Faim zéro ». Depuis 2017, le nombre de personnes souffrant de la faim augmente et la guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine ne fait qu’empirer l’actuelle crise alimentaire mondiale. Le gouvernement fédéral allemand a profité de sa présidence du G7 pour demander un plus grand soutien international pour lutter contre la faim, soutien qui est maintenant coordonné par l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire.

La guerre contre l’Ukraine a transformé en désastre une situation alimentaire mondiale déjà très affaiblie par la pandémie de COVID-19. Depuis mars, l’Ukraine n’a pratiquement pas exporté de blé et d’huile de tournesol et le prix des céréales et des graines oléagineuses a doublé. Cette situation frappe durement les pauvres ainsi que ceux qui reçoivent une aide alimentaire dans les zones en crise ou qui souffrent énormément d’une sécheresse durable. En même temps, les récoltes et les rendements de la prochaine saison sont menacés car, à l’échelle mondiale, le prix des engrais a été multiplié par trois et la logistique de livraison mondiale est perturbée. La menace d’une longue pénurie alimentaire mondiale est bien réelle.

Dans les cinq pays les plus touchés, à savoir l’Éthiopie, l’Afghanistan, le Yémen, le Sud-Soudan et la Somalie, on estime à 750 000 le nombre de personnes déjà gravement menacées par la faim et en 2022, environ 50 millions de personnes supplémentaires seront sous-alimentées par rapport à l’année précédente. En plus de rapidement reconstituer les stocks de l’aide d’urgence et de transition, il faut accroître les investissements dans la résilience à la crise des systèmes agricoles et de sécurité alimentaire.

Au cours des derniers mois, on a constaté un certain nombre de réactions à la crise, notamment la création d’un groupe de réponse à la crise mondiale (Global Crisis Response Group) dirigé par le Secrétaire général des Nations unies. En outre, l’Allemagne a profité de sa présidence du G7, cette année, pour faire en sorte que la crise alimentaire mondiale soit prioritaire, non seulement pour les ministères du Développement des pays du G7, mais aussi pour les ministères de l’Agriculture et des Affaires étrangères, ainsi que pour la réunion des chefs d’États et de gouvernements à Schloss Elmau.

En avril, déjà, Svenja Schulze, ministre du Développement, avait lancé l’Alliance pour la sécurité alimentaire mondiale, de concert avec David Malpass, président de la Banque mondiale, pour faire en sorte que les principaux pays donateurs du G7 puissent rapidement prendre des mesures coordonnées, avec les organisations concernées des Nations unies, sous les auspices du Groupe de réponse à la crise mondiale des Nations unies.

Pour consolider l’Alliance, Annalena Baerbock, Cem Özdemir et Svenja Schulze, respectivement ministres fédéraux allemands des Affaires étrangères, de l’Agriculture et du Développement, ont conjointement organisé la conférence de l’Union pour la sécurité alimentaire mondiale (Uniting for Global Food Security)à Berlin, le 24 juin – conférence qui a connu un succès retentissant. Plus de 50 délégations internationales y ont participé et ont ainsi témoigné de la volonté de la communauté internationale de répondre à l’appel de l’Allemagne et de l’Alliance.  

Lors du Sommet du G7 qui s’en est suivi, les chefs d’État et de gouvernement ont décidé d’offrir, pour cette année, 4,5 milliards de dollars US supplémentaires pour la sécurité alimentaire, décision qu’ils ont mise en exergue dans une déclaration spéciale sur la crise alimentaire mondiale. Ils ont également souligné que la crise aigüe actuelle offrait la possibilité de passer, dès maintenant, à des systèmes agricoles et alimentaires durables.

Il existe un accord international de grande envergure visant à rapidement aider les pays les plus touchés tout en investissant dans la durabilité à moyen et long termes de la production agricole et dans une alimentation saine pour tous. L’alliance mondiale est ainsi en conformité avec les thèmes et les mesures abordés en 2021 lors du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires. Par ailleurs, l’Alliance veille à ce que l’aide internationale arrive à bon port, au niveau local, de manière plus coordonnée.

Engagement de la GIZ en faveur d’une agriculture durable adaptée au changement climatique
 

Depuis des années, la coopération allemande au développement aide les populations des pays en développement à mieux se préparer à faire face au changement climatique. Mandatée par le gouvernement fédéral allemand, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) soutient l’agriculture durable adaptée au changement climatique et fait campagne pour une meilleure alimentation. Par exemple, dans plusieurs projets, la GIZ veille à s’assurer que les populations peuvent mieux se procurer des aliments et moins dépendre des importations. Déjà pendant la pandémie de COVID-19 et compte tenu de l’augmentation des prix ces dernières années, le remplacement de produits importés tels que la farine de blé par des produits locaux est devenu de plus en plus important et aujourd’hui aussi, il contribue à compenser les coûts élevés et les faibles quantités disponibles.  

Ainsi, la GIZ recommande de cultiver des produits adaptés aux conditions locales tels que le millet, le manioc, la patate douce et le haricot, qui consomment moins d’eau et mettent moins la pression sur les sols, ainsi que d’augmenter les rendements et d’améliorer le stockage et la transformation. En Côte d’Ivoire, par exemple, de la farine de manioc est ajoutée, à raison de 20 pour cent, à la farine de blé – les bonnes qualités boulangères du blé sont conservées malgré le remplacement d’un cinquième de la farine par de la farine d’un produit local.

Depuis 2017, déjà, dans l’ouest du Kenya, des coopératives agricoles transforment la patate douce déshydratée en farine dont elles se servent pour faire des gâteaux, des tartes et du pain – autant de produits qui contiennent plus de vitamines et de carotène et sont plus nourrissants.  

La coopération allemande au développement contribue ainsi à la réalisation de l’objectif de développement durable 2 « Faim zéro » d’ici à 2030 – malgré les multiples crises de plus en plus fréquentes qui se succèdent, et bien que pour atteindre cet objectif les conditions soient de plus en plus difficiles.

Auteure : Dr Heike Höffler, Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, directrice, projet sectoriel Agriculture, Bonn/Eschborn, Allemagne

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