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Promotion de l’utilisation durable des espèces sauvages
Des milliards de personnes, dans les pays développés et dans les pays en développement, utilisent chaque jour des espèces sauvages à des fins multiples (alimentation, énergie, matériaux, médecine, loisirs, inspiration, etc.) qui contribuent de manière essentielle à leur bien-être.
L’accélération de la crise mondiale de la biodiversité, avec un million d’espèces de plantes et d’animaux menacées d’extinction, menace ces contributions aux populations alerte la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dans sa dernière évaluation.
Le rapport d’évaluation sur l’utilisation des espèces sauvages de l’IPBES est le fruit de quatre années de travail mené par 85 experts éminents en sciences sociales et naturelles et de détenteurs de savoirs autochtones et locaux, ainsi que de plus de 200 auteurs collaborateurs ; plus de 6 200 sources ont été consultées. Réunis cette semaine à Bonn, en Allemagne, les 139 pays membres de l’IPBES ont approuvé le résumé du rapport
« Cette évaluation, très attendue par, entre autres, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), éclairera la prise de décisions sur le commerce des espèces sauvages dans le cadre de la 19ème Conférence mondiale sur les espèces sauvages, qui se tiendra à Panama en novembre 2022 ». Dr. Anne Larigauderie, Secrétaire exécutive de l’IPBES en souligne également l’importance : « Elle présente également un intérêt immédiat pour la Convention sur la diversité biologique qui œuvre à l’établissement d’un nouveau cadre mondial de la biodiversité pour la prochaine décennie. »
Les utilisations non durables menacent la survie des espèces sauvages
70 pour cent des populations pauvres de la planète dépendent directement des espèces sauvages. Pour une personne sur cinq, les champignons, les algues et les plantes sauvages constituent des sources d’alimentation et de revenu ; 2,4 milliards de personnes dépendent du bois en tant que combustible pour la cuisson ; environ 90 pour cent des 120 millions de pêcheurs traditionnels travaillent à petite échelle.
On estime que l’exploitation forestière non durable compromet la survie d’environ 12 pour cent des espèces d’arbres sauvages ; la cueillette non durable est l’une des principales menaces pour plusieurs familles de plantes, notamment les cactus, les cycas et les orchidées, tandis que la chasse non durable contribue au déclin de 1 341 espèces de mammifères sauvages de grande taille dont le faible taux de reproduction est également lié à la pression de la chasse.
Le commerce mondial accroît la pression sur les espèces sauvages
Le commerce mondial des espèces sauvages s'est considérablement accru au cours des quatre dernières décennies. Si le commerce des espèces sauvages qui fournit des revenus importants aux pays exportateurs et offre des revenus plus élevés aux exploitants, peut diversifier les sources d'approvisionnement pour permettre de réorienter la pression exercée sur les espèces exploitées de manière non durable, il contribue aussi à ce que les espèces sauvages soient consommées loin de leur lieu d’origine. Le rapport constate qu’en l’absence de réglementation efficace tout au long de la chaîne d’approvisionnement, du niveau local au niveau mondial, le commerce mondial des espèces sauvages intensifie généralement les pressions que subissent les espèces sauvages, ce qui conduit à une utilisation non durable et, parfois, à l’effondrement de certaines populations sauvages (par exemple, le commerce des ailerons de requin), explique le rapport d’évaluation.
L’utilisation et le commerce illégaux d’espèces sauvages conduisent souvent à une utilisation non durable. Le commerce illégal d’espèces sauvages, qui, d’après les estimations, ne générerait pas moins de 199 milliards de dollars par an, se classe au troisième rang des activités commerciales illégales. Le bois et l e poisson se situent en tête, en termes de volume et de valeur, du commerce illégal d’espèces sauvages.
Réunir les scientifiques et les peuples autochtones pour qu'ils apprennent les uns des autres
Les peuples autochtones vivent de la pêche, de la cueillette et du prélèvement d’animaux terrestres, parmi d’ autres utilisations des espèces sauvages, sur une superficie de plus de 38 millions de km2, soit environ 40 pour cent des aires terrestres protégées, dans 87 pays. Les politiques se rapportant à l’occupation des terres et des mers, ainsi que les droits d’accès aux ressources, créent des conditions favorables à une utilisation plus durable des espèces sauvages, souligne le rapport d’évaluation.
À l’échelle mondiale, la déforestation est généralement plus faible sur les territoires autochtones, en particulier lorsqu'il existe une sécurité foncière, une continuité des connaissances et des langues, et des moyens de subsistance alternatifs.
La collaboration entre les scientifiques et les peoples autochtones à des fins d’apprentissage réciproque renforcera l’utilisation durable des espèces sauvages. Cet aspect est particulièrement important étant donné que la plupart des cadres nationaux et des accords internationaux continuent largement à mettre l’accent sur les considérations écologiques et sur certaines considérations sociales, y compris les questions économiques et de gouvernance, mais font peu de cas des contextes culturels.
Défis futurs en termes d'utilisation durable
Selon l'évaluation, le changement climatique, l'augmentation de la demande et les progrès technologiques - qui rendent de nombreuses pratiques extractives plus efficaces - sont susceptibles de présenter des défis importants pour une utilisation durable à l'avenir.
Les auteurs constatent que dans la plupart des scénarios futurs qui permettent l’utilisation durable des espèces sauvages, des changements transformateurs partagent des caractéristiques communes, comme l’intégration de systèmes de valeurs pluriels, la répartition équitable des coûts et des avantages, l’évolution des valeurs sociales, des normes et des préférences culturelles, ainsi que des institutions et des systèmes de gouvernance efficaces. Des objectifs ambitieux, bien qu’indispensables, ne sont pas suffisants pour conduire un changement transformateur. Le rapport signale également que le monde est en perpétuelle évolution et que l’utilisation durable des espèces sauvages passe par la négociation permanente et la gestion adaptative . Elle nécessite également une vision commune de l’utilisation durable et un changement transformateur dans les relations entre l’Homme et la nature.
Sept éléments clés, qui pourraient servir de leviers pour promouvoir l'utilisation durable des espèces sauvages s'ils sont transposés à plus grande échelle dans les pratiques, les régions et les secteurs.
- Des options politiques qui sont inclusives et participatives ;
- Des options politiques qui reconnaissent et soutiennent des formes multiples de connaissances ;
- Des instruments et des outils politiques qui assurent une distribution juste et équitable des coûts et des bénéfices ;
- Des politiques spécifiques au contexte ;
- La surveillance des espèces sauvages et des pratiques ;
- Des instruments politiques alignés aux niveaux international, national, régional et local, cohérents et conformes aux obligations internationales et tenant compte des règles et normes coutumières ;
- Des institutions solides, y compris des institutions coutumières.
(IPBES/ile)
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