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Le Green Deal serait-il une mauvaise affaire pour la planète ?
Avec le Green Deal, l’UE veut atteindre la neutralité climatique d’ici à 2030. Pour cela, il faut réduire les émissions et promouvoir le reboisement, l’agriculture, les transports respectueux de l’environnement, le recyclage et les énergies renouvelables. Dans une étude publiée dans la revue Nature en octobre 2020, des chercheurs de l’Institut technique de Karlsruhe (KIT) expliquent que ce fameux Green Deal pourrait ne pas être une bonne affaire pour la planète dans la mesure où, pour l’Union européenne, cela revient à externaliser les dommages causés à l’environnement en important de grosses quantités de produits agricoles.
D’ici à 2030, environ un quart de la superficie totale des terres agricoles devra être cultivé selon un mode de production biologique. L’utilisation d’engrais et de pesticides devra respectivement diminuer de 20 et 50 pour cent. L’UE prévoit en outre de planter 3 milliards d’arbres, de restaurer 25 000 km de cours d’eau et d’inverser le déclin des populations de pollinisateurs tels que les abeilles et les guêpes.
Il ne faut pas externaliser le problème
Les chercheurs insistent sur le fait qu’en plus d’appliquer ces mesures, il est important de définir des objectifs pour le commerce extérieur. À défaut de quoi on ne fera qu’externaliser le problème et endommager notre planète. L’équipe de chercheurs a comparé les conditions de durabilité dans les pays externes à l’UE avec celles de l’UE et a recommandé que des mesures soient prises pour standardiser la procédure.
À en croire l’étude, l’Union européenne importe chaque année des millions de tonnes de produits agricoles. En 2019, un cinquième des produits agricoles ont été importés de pays tiers, tout comme l’ont été de nombreuses viandes et de nombreux produits laitiers. Ces importations proviennent toutefois de pays dont les législations environnementales sont bien moins rigoureuses que celles de l’UE.
Les chercheurs du KIT recommandent instamment d’harmoniser les normes de durabilité, de fortement réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides et d’éviter la déforestation.
Une juste évaluation de l’empreinte carbone à l’échelle mondiale
Les chercheurs font remarquer que l’empreinte carbone de l’UE doit être évaluée à l’échelle de la planète puis améliorée. Selon l’Accord de Paris, le bilan carbone ne couvre que les émissions dues à la production intérieure, mais pas celles qui sont dues à la production des mêmes produits à l’étranger.
Par ailleurs, les chercheurs préconisent de réduire la consommation de viande et de produits laitiers car cela diminuerait la nécessité d’importer. Il faudrait également améliorer la production intérieure en veillant à sa conformité avec des normes appropriées. À cette fin, les régions à faible diversité d’espèces ou pas encore utilisées pour la production agricole pourraient être converties. Cette mesure contribuerait également à réduire la déforestation dans les régions tropicales, déforestation qui est essentiellement due à la création de nouvelles zones agricoles.
L’équipe déclare en outre qu’on pourrait augmenter les rendements agricoles en utilisant la technologie de modification génomique CRISPR. Cette technologie améliore la masse comestible des végétaux, leur hauteur et leur résistance aux nuisibles, sans utiliser des gènes d’autres espèces.
(KIT/ile)
Pour en savoir plus, consulter le site du KIT (en anglais)
Publication initiale dans Nature
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