Distribution de nourriture à Kaboul. Les événements actuels ne doivent pas nous faire oublier les crises qui durent depuis de longues années, comme celle que connaît l’Afghanistan.
Photo: © Sabawoon/Welthungerhilfe

Le G7 doit s’engager davantage dans la lutte contre la faim

Le monde connaît actuellement une aggravation dramatique des crises alimentaires. Dans leur rapport « Kompass 2022 », les ONG Welthungerhilfe et Terre des hommes appellent les pays du G7 à accroître de toute urgence leurs efforts pour lutter contre la faim, afin d’éviter que se reproduise la crise alimentaire de 2007-2008.

La politique du développement doit trouver des solutions rapides et des mesures concrètes pour faire face à l’engrenage fatal des guerres et des conflits, des conséquences de la pandémie de Covid-19, des effets du changement climatique, et des hausses de prix des denrées alimentaires. Et ce faisant, elle ne doit pas perdre de vue les crises humanitaires qui durent depuis longtemps, telles que celles que connaissent la Corne de l’Afrique, le Sahel, l’Afghanistan ou le Yémen. C’est en tout cas le sens de l’appel lancé début juin par Welthungerhilfe et l’organisation d’aide à l’enfance Terre des hommes, lors de la présentation du « Kompass 2022 ». Dans ce complément au rapport annuel consacré à la « concrétisation de la politique du développement », les deux organisations proposent depuis 1993 une analyse critique de la politique allemande de coopération au développement.

Ne pas oublier les PMA

« Nous ne devons pas accepter qu’une crise alimentaire comme celle de 2007-2008, qui a plongé dans la famine près d’un milliard de personnes dans le monde, se reproduise », affirmait Mathias Mogge, secrétaire général de Welthungerhilfe. Dans un contexte où les crises s’aggravent mutuellement, la sécurité alimentaire mondiale doit avoir la priorité des politiques de développement allemandes et internationales – et figurer au cœur des préoccupations de toutes les instances. Cela inclut également une adaptation en conséquence des financements alloués à la coopération pour le développement. L’Allemagne, par exemple, s’est engagée depuis de nombreuses années à consacrer aux pays les moins avancés (PMA) 0,2 % de son revenu national brut. Cet objectif n’a malheureusement jamais été atteint – le chiffre se situe aujourd’hui à 1,4 % du RNE. On sait pourtant que la faim et la pauvreté sont les plus répandues lorsque des conflits existent – et que ces derniers frappent les PMA bien plus que la moyenne. Il est donc vital de coordonner plus étroitement l’aide humanitaire, l’aide transitoire et la coopération au développement.

Renforcer et protéger les plus jeunes

Si chacun est impacté par les crises mondiales, celles-ci frappent néanmoins le plus sévèrement celles et ceux qui sont déjà particulièrement vulnérables – c’est-à-dire les personnes vivant dans la pauvreté, les personnes réfugiées et déplacées, les enfants et les jeunes. Prenons l’exemple de la Covid-19 : la pandémie a entraîné des fermetures d’entreprises et d’écoles, ce qui a privé des millions d’enfants non seulement d’une éducation, mais également souvent de leur seul repas de la journée. Selon une étude réalisée par Terre des hommes, l’exploitation des enfants au travail a augmenté depuis le début de la pandémie. Les enfants représentent la moitié des quelque 100 millions de personnes déplacées dans le monde actuellement, et un enfant sur deux est concerné par des violences physiques ou psychologiques, estime Joshua Hofert, membre du comité exécutif en charge de la communication de Terre des hommes. Les problématiques qui touchent spécifiquement les enfants et les jeunes gens font aujourd’hui l’objet d’une prise en compte plus sérieuse que jamais dans la coopération au développement ; il n’y a cependant jamais eu de stratégies claires pour promouvoir et inclure les enfants, ni de politique systématique de protection de l’enfance. « Nous avons besoin de davantage de mesures pour traiter à la racine le problème des atteintes aux droits des enfants », réclame Hofert.

Un engagement de tous les pays

Au cours des sommets du G7 de ces dernières années, les sept plus grandes nations industrielles ont multiplié les déclarations d’intention visant à améliorer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. En 2015, par exemple, au château d’Elmau, en Allemagne, les pays du G7 se sont donné pour objectif de sortir 500 millions de personnes de la pauvreté et de la malnutrition à l’horizon 2030. Cette initiative n’a malheureusement jamais été appuyée par des engagements financiers concrets. Une certitude existe cependant : « Les moyens financiers que nous allouons aujourd’hui à la lutte contre la faim sont insuffisants. Nous avons besoin de plus de fonds, et nous avons besoin des efforts de tous les pays, y compris les pays en développement », estime Mogge. Le gouvernement fédéral allemand devrait mettre à profit le fait qu’il présidera la réunion du G7 cette année, ainsi que sa position de deuxième plus gros donateur, pour solliciter davantage de fonds et d’engagements internationaux en vue d’éradiquer la faim dans le monde. Les États doivent s’engager à mettre sur la table un total d’au moins 14 milliards de dollars supplémentaires chaque année – c’est en tout cas ce que demandent les deux organisations humanitaires.

(sri)

Télécharger le rapport (en allemand)

 

 

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