Bien que la réduction de la déforestation soit l'une des mesures terrestres les plus rentables pour atténuer le changement climatique, la déforestation a progressé en 2022.
Photo: © Rich Carey/Shuttestock.com

Importantes pertes de forêts tropicales en 2022

Selon de nouvelles données, les pertes de forêts tropicales primaires sont reparties à la hausse en 2022 en dépit des engagements pris par la communauté internationale de mettre fin à la déforestation.

En 2022, la couverture des forêts tropicales a encore chuté de 10 % de plus qu'en 2021 selon le bilan fondé sur les travaux de l'université du Maryland publié sur la plateforme du Global Forest Watch du World resource institute (WIR).

Sur l'année, quelque 4,1 millions d'hectares de forêts « primaires » ont été supprimés, soit l'équivalent de onze terrains de football par minute. Sur l'ensemble de la couverture forestière, la déforestation se chiffre à 22,8 millions d'hectares en 2022. Ces pertes totales de forêts ont produit 2,7 gigatonnes (Gt) d'émissions de dioxyde de carbone, soit l'équivalent des émissions annuelles de combustibles fossiles de l'Inde.
 

Malgré l'engagement pris par 145 pays lors de la COP26 à freiner voire inverser la déforestation d'ici 2030, ces chiffres donnent un aperçu de la dynamique mondiale, qui reste très éloignée de ces objectifs. Cette augmentation de la perte de forêts intervient la première année après que les chefs d'État et de gouvernement de 145 pays se sont engagés, dans la déclaration de Glasgow sur les forêts et l'utilisation des terres, à stopper et à inverser la perte de forêts d'ici la fin de la décennie, reconnaissant en cela le rôle important des forêts dans la lutte contre le changement climatique et l'appauvrissement de la biodiversité. Au lieu d'une diminution constante de la perte de forêts primaires pour atteindre cet objectif, la tendance va dans la mauvaise direction. En effet, les experts du WRI avertissent que l'humanité n'est pas sur la bonne voie pour respecter ses principaux engagements en matière de forêts. 

Au niveau national, alors que la perte de forêts primaires a augmenté dans les deux pays qui possèdent le plus de forêts tropicales, le Brésil et la République démocratique du Congo, elle a rapidement augmenté dans d'autres pays comme le Ghana et la Bolivie. Dans le même temps, l'Indonésie et la Malaisie sont parvenues à maintenir les taux de perte de forêts primaires à des niveaux historiquement bas.
 

Le Brésil reste de loin le pays qui a perdu le plus de forêts tropicales primaires : en 2022, ce pays était responsable de la disparition de 43 % des forêts tropicales de la planète. La perte de forêt primaire au Brésil a bondi de 15 % entre 2021 et 2022, principalement dans la région de l’Amazonie, où les pertes « hors incendies » qui, dans la forêt amazonienne brésilienne correspondent essentiellement aux coupes rases, ont atteint leur plus haut niveau depuis 2005.

Ce taux élevé de perte de forêt primaire s'est produit au cours de la dernière année de l'administration du président brésilien Jair Bolsonaro. La perte de forêts au Brésil a considérablement diminué au début des années 2000 sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, mais les augmentations récentes ont coïncidé avec l’administration Bolsonaro qui a érodé les protections environnementales, vidé de leur substance les agences chargées de l’application de la loi, tenté d’accorder l’amnistie pour la déforestation illégale et tenté d’affaiblir les droits des indigènes.

La réélection du président Lula, qui a prêté serment le 1er janvier 2023, pourrait inverser cette tendance. Lui et son administration ont promis de mettre fin à la déforestation en Amazonie et dans d'autres biomes du Brésil d'ici à 2030, en combinant des actions de commandement et de contrôle avec une perspective à plus long terme autour du développement économique durable. Selon le WRI, la tâche ne sera pas aisée et certains fonctionnaires préviennent que les progrès ne seront pas visibles avant 2024 au plus tôt, car les agences chargées de l'application de la loi sont rééquipées et dotées de nouveaux effectifs et les activités illégales font l'objet d'une enquête.

Alors que ces dernières années ont été marquées par une nouvelle ambition internationale et la reconnaissance du besoin urgent de mettre fin à la déforestation, l’absence de progrès dans le ralentissement de la perte de forêts sous les tropiques montre qu’il est urgent de passer des engagements politiques à l'action, affirment les experts du WRI. Si certains pays ont obtenu des résultats prometteurs en matière de réduction de la déforestation, comme l'Indonésie et la Malaisie, d'autres ont poursuivi des activités et des politiques qui entraînent une accélération de la déforestation dans des zones critiques. La protection des forêts reste l'un des remparts les plus efficaces contre le changement climatique mondial et le meilleur moyen de protéger les populations et la biodiversité qui en dépendent, mais le temps presse.

(WRI/ile)

Pour consulter le site Internet du Global Forest Watch

Plus d’informations sont disponibles sur le site Internet du WRI (en anglais)

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