Espèces d’insectes insuffisamment représentées dans les aires protégées

Soixante-seize pour cent des espèces d’insectes recensées ne sont pas suffisamment prises en compte par les aires protégées. C’est ce que fait valoir une étude publiée en février 2023 par une équipe de chercheurs conduite par le Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (ide), le Centre Helmholtz de recherche environnementale (UFZ) et l’université Friedrich Schiller d’Iéna, deux autres institutions allemandes, ainsi que par l’université du Queensland/Australie. Ces chercheurs proposent de tenir compte des insectes dans l’expansion et la nouvelle désignation des aires protégées. 

On estime que plus de 80 pour cent des espèces animales sont des insectes. Ce groupe d’espèces joue un rôle crucial dans presque tous les écosystèmes. Les insectes pollinisent plus de 80 pour cent des plantes, jouent un rôle clé dans le cycle naturel des nutriments et dans la lutte contre les parasites, et sont une source majeure d’alimentation pour des milliers d’espèces de vertébrés. Toutefois, les insectes sont traditionnellement oubliés par les programmes de conservation et ne représentent que huit pour cent des espèces recensées par la Liste rouge des espèces menacées dressée par l’UICN.

Selon la nouvelle étude, les insectes de certaines régions sont mieux protégés que d’autres. Des proportions relativement fortes d’espèces bénéficient d’une protection adéquate en Amazonie, en Amérique du Sud et centrale, en Afrique subsaharienne, en Australie occidentale et en Europe centrale, alors que pour bon nombre d’entre elles, la protection est insuffisante en Amérique du Nord, en Europe de l’Est, en Asie du Sud et du Sud-Est, et dans certaines parties de l’Australie.

« Les insectes constituent un groupe cible qui a souvent été négligé lors de la désignation des aires protégées, » déclare le docteur Shawan Chowdhury, chercheur postdoctoral à l’iDiv, l’UFZ et l’université Friedrich Schiller. « L’accent est généralement mis sur les vertébrés dont les exigences, en matière d’habitat, sont généralement très différentes de celles des insectes. Pour un groupe d’espèces représentant une forte proportion du monde animal et assurant diverses fonctions écosystémiques, il y a de quoi s’inquiéter. » 

Les États membres de la Convention des Nations unies sur la biodiversité biologique (CBD) viennent d’approuver un nouveau cadre mondial pour la biodiversité, dont la cible 3 demande qu’au moins 30 pour cent des eaux terrestres, intérieures, côtières et marines soient efficacement conservées grâce à des aires protégées. Selon les chercheurs, il faudrait bien plus tenir compte des insectes lors de la sélection et la planification de nouvelles aires. 

« Cependant, pour mettre ce cadre en œuvre à l’échelle mondiale et pour efficacement évaluer la réussite de l’opération, il faut disposer de bien meilleures données, spécialement dans les régions à forte biodiversité, telles que les zones tropicales, qui sont à ce jour très sous-représentées dans les programmes de suivi, » déclare le professeur Richard Fuller de l’université du Queensland. « Les sciences citoyennes peuvent grandement contribuer à combler l’absence de données sur la répartition des insectes. Les scientifiques et les décideurs doivent maintenant intensifier leurs efforts et contribuer à résoudre le problème posé par l’identification des sites importants pour la conservation des insectes. »

(iDiv/ile)

Pour en savoir plus, consulter le site Web de l’iDiv (en anglais)