Les girafes contribuent aussi à améliorer la biodiversité dans la savane.
Photo: © Uni Berlin

Les herbivores sauvages accroissent la résilience de la savane à la sécheresse

Les phénomènes climatiques extrêmes menacent de plus en plus les savanes du monde entier. Toutefois, selon une récente étude, l’accroissement du nombre d’herbivores sauvages augmenterait la capacité de ces écosystèmes mixtes de prairies et de formations arborées à résister aux périodes de sècheresse.

Les savanes sont des écosystèmes de prairies et de formations arborées dans lesquels les ressources en eau sont faibles. Cette particularité les rend très vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes. Elles offrent toutefois un grand nombre d’importants services écosystémiques.

Dans les savanes, la grande variabilité des pluies et la faible disponibilité des ressources en eau font que ces régions sont souvent peu propices à l’agriculture. Par contre, l’élevage commercial de bétail est une importante source de revenu agricole en Afrique australe. « L’élevage extensif de bétail est assez flexible, » déclare Katja Irob, biologiste à l’université libre de Berlin/Allemagne. « Il permet aux agriculteurs de s’adapter à des conditions environnementales difficiles et fluctuantes, ce qui veut dire que les parcours constituent la solution économique la plus sûre les années de sécheresse. Nous devons toutefois trouver un équilibre entre durabilité économique et capacité écologique des prairies à se reconstituer. »

Il ressort également de l’étude menée par Katja Irob et son équipe dans le groupe de travail Écologie théorique, à l’université libre de Berlin, que les savanes dans lesquelles l’élevage de bovins prédomine sont plus arbustives et moins herbeuses. Cela tient au fait que les bovins préfèrent manger de l’herbe et d’autres herbacées, ce qui donne aux arbustes plus de chance de se développer.  

Cependant, la diminution de la couche herbeuse augmente le risque d’érosion du sol, ce qui se traduit par une plus faible productivité et par des altérations du cycle des éléments nutritifs et du bilan hydrique de la région. De nouvelles études ont déjà montré que la réduction de l’intensité de pâturage et l’introduction d’animaux sauvages accroissent la résilience d’un écosystème et améliorent par conséquent la façon d’utiliser la terre.

Katja Irob et son équipe se sont appuyées sur cette information pour formuler leur propre hypothèse selon laquelle une réduction du nombre d’animaux de pâturage (par exemple bovins, caprins, ovins) et une augmentation du nombre d’herbivores sauvages (par exemple koudous, springboks, girafes) qui, souvent, comprennent différents herbivores dont une forte proportion se nourrit d’arbustes et de buissons, entraînent un meilleur équilibre de l’écosystème et, par conséquent, une plus grande résistance des savanes à la sécheresse.

Les herbivores indigènes permettraient d’obtenir de meilleurs résultats financiers
 

En outre, les animaux sauvages indigènes pourraient permettre d’obtenir de meilleurs résultats financiers. Cela tient au fait qu’ils sont mieux adaptés que les bovins aux conditions climatiques défavorables. Par ailleurs, les animaux sauvages offriraient une alternative à la production de viande rouge et leur originalité contribuerait au développement du tourisme.

Dans l’article intitulé « Savanna Resilience to Droughts Increases with Proportion of Browsing Wild Herbivores and Plant Functional Diversity » (la résilience de la savane à la sécheresse augmente proportionnellement au nombre d’herbivores brouteurs sauvages et à la diversité fonctionnelle des végétaux), Katja Irob explique qu’avec son équipe elle a utilisé le modèle éco-hydrologique EcoHyD pour déterminer si la résilience des parcours de la savane à de longues périodes de sécheresse pouvait être accrue par le choix du type d’utilisation des parcours (prédominance d’animaux de pâturage, « mangeurs mixtes » ou prédominance de brouteurs sauvages) et la densité des animaux. Ces travaux ont été réalisés sous la direction de la professeure Britta Tietjen, cheffe du groupe de travail Écologie théorique à l’université libre de Berlin.  

« De manière générale, nous avons constaté que plus le nombre de brouteurs était élevé, moins la savane était résistante aux phénomènes climatiques tels que la sécheresse. Surtout, nous avons découvert que la diversification fonctionnelle des herbivores et des végétaux agissait comme une sorte d’assurance contre la sécheresse, entraînant une plus grande résistance et une plus forte reprise des herbacées vivaces. Cette meilleure résistance était notamment due au plus grand nombre d’herbivores mangeurs d’arbustes, » a souligné Katja Irob.

Il a été démontré que la diversification du nombre d’herbivores dans un système de savane rétablissait la complexité des réseaux trophiques en place. Autrement dit, la zone était plus apte à s’autoréguler, réduisant de ce fait la nécessité de recourir à des interventions de gestion supplémentaires.

Les simulations par modèles réalisées par les chercheurs ont également montré que les systèmes de savane résistent mieux à la sécheresse lorsque trois conditions sont remplies, à savoir :

  • lorsqu’une couverture dense d’herbacées vivaces est maintenue, de manière à protéger la couche de terre végétale des pertes en eau et de l’érosion dues à la chaleur ;
  • lorsque la pression pastorale est adaptée à la productivité du système ;
  • lorsque la population d’herbivores comprend des brouteurs sauvages.

(FU  Berlin/wi)

 

Référence :

Irob, K., Blaum, N., Weiss-Aparicio, A., Hauptfleisch, M., Hering, R., Uiseb, K., & Tietjen, B. (2023). Savanna resilience to droughts increases with the proportion of browsing wild herbivores and plant functional diversity. Journal of Applied Ecology, 00, 1– 12. https://doi.org/10.1111/1365-2664.14351

 

Pour en savoir plus :

Lien avec le projet germano-namibien ORYCS 

 

 

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