Le Fonds vert pour le climat est chargé de soutenir l’atténuation du changement climatique et les transitions énergétiques dans les pays émergents et à faible revenu.
Photo: © BOY ANTHONY/Shutterstock.com

Échec du Fonds vert pour le climat qui ne parvient pas à accentuer l’engagement du secteur privé

Le Fonds vert pour le climat (FVC) est le plus grand fonds multilatéral mondial dédié au climat. Il a pour but d’appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. La mobilisation de ressources financières auprès du secteur privé est une priorité pour les pays donateurs qui soutiennent le FVC. Or, les conclusions d’une nouvelle étude montrent que le FVC n’a pour l’instant pas obtenu les résultats escomptés à cet égard.

Le Fonds vert pour le climat a été fondé en 2010 en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). Il gère actuellement quelque 200 projets d’une valeur totale de 40 milliards d’USD, dont le secteur privé ne représente qu’une infime partie. Selon une nouvelle étude publiée par Thomas Kalinowski (université Ewha Womans, Séoul/Corée du Sud et l’Institut de recherche sur la durabilité – Helmholtz Centre Potsdam/Allemagne) les raisons de ce problème sont multiples. « Ce défaut d’implication du secteur privé est largement dû à la perception selon laquelle les investissements ont peu de chances d’être rentables, explique Thomas Kalinowski. Nous manquons de modèles économiques attractifs, particulièrement en matière d’adaptation au changement climatique, et les investissements dans les pays du Sud particulièrement vulnérables sont considérés comme excessivement risqués. »

Le secteur de l’énergie renouvelable fait exception, sachant qu’il concentre la majeure partie de l’engagement du secteur privé auprès du FVC. Selon Thomas Kalinowski, cela montre que le financement climatique privé par les pays du Nord a peu de chances de jouer un rôle décisif dans l’activation du changement de paradigme en faveur du développement durable dans les pays du Sud. À la lumière de cette constatation, il semble particulièrement important de ne pas réduire le financement public de la coopération au développement.

Les projets du secteur privé sont financés par des fonds publics
 

En septembre 2022, le Fonds vert pour le climat gérait 47 projets du secteur privé approuvés (sur un total de 207 projets). Cinq de ces projets avaient expiré et n’étaient plus en cours de mise en œuvre, ce qui suggère que le taux d’échec est beaucoup plus important que dans le secteur public, dont deux projets seulement sur 160 ont échoué. Il reste donc 42 projets du secteur privé, pour un volume de 16,9 milliards d’USD, sur un total de 40,2 milliards d’USD de fonds du FVC. Cela signifie que 21 % du nombre total de projets et 42 % du total des fonds sont affectés à des projets du secteur privé.

Comme le montre l’analyse de M. Kalinowski, la vision n’est toutefois pas complète. En effet, les fonds mis à disposition par le Fonds vert pour le climat lui-même ne représentent que 22 % du volume total de 16,9 milliards d’USD investi dans des projets du secteur privé. Le reste des financements provient d’autres donateurs, principalement d’institutions publiques telles que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et d’autres banques de développement régionales ou nationales. « En d’autres termes, une grande partie des financements du Fonds vert pour le climat destinés à des projets du secteur privé ne provient pas du secteur privé, mais de sources publiques », explique le politologue.

Profits à court terme ou transformation à long terme
 

Au-delà du nombre de projets privés, l’important est toutefois que ces projets soient de qualité. M. Kalinowski explique qu’il est urgent de s’assurer que les projets du secteur privé sont compatibles avec les principes du FVC et favorables à la coopération au développement en général. « Il est crucial que les projets climatiques des pays du Sud soient intégrés aux stratégies nationales de développement et de lutte contre le changement climatique. Les efforts visant à renforcer l’implication d’acteurs du secteur privé et de la société civile dans les pays du Sud et à améliorer l’environnement général des entreprises dans les pays bénéficiaires sont plus importants que la maximisation des flux de capitaux privés. »

Si ces aspects ne sont pas correctement pris en compte, le FVC et le financement privé de la lutte contre le changement climatique risquent de venir grever la lourde dette externe des pays du Sud, déstabilisant encore davantage les marchés financiers et exacerbant la dépendance économique. M. Kalinowski conclut en indiquant que, même si la production d’énergie renouvelable est préférable à l’exploitation des ressources naturelles, elle ne peut, à elle seule, conduire au développement durable dans les pays du Sud.

(RIFS/pas)

Référence : Kalinowski, T. (2023): The Green Climate Fund and private sector climate finance in the Global South. – Climate Policy, DOI:  10.1080/14693062.2023.2276857

 

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