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L’agriculture naturelle communautaire éclipse les autres pratiques agricoles dans l’Andhra Pradesh
L’agriculture naturelle communautaire pratiquée dans l’Andhra Pradesh (ANCAP) conteste l’idée reçue selon laquelle les engrais chimiques assurent de meilleurs rendements. Selon une étude comparative de pratiques agricoles courantes dans l’État réalisée sur deux ans dans trois districts de l’Andhra Pradesh, l’agriculture naturelle a donné des résultats remarquables comparativement aux autres systèmes agricoles courants de la région. En moyenne, les agriculteurs pratiquant l’agriculture naturelle ont fait quatre récoltes, avec un rendement supérieur de onze pour cent pour des cultures majeures telles que le riz paddy, le maïs, le millet, l’éleusine et le pois d’Angole. Leur revenu a connu une augmentation nette de 49 pour cent.
En mars de cette année, pour encourager l’agriculture naturelle, le gouvernement de l’Inde a créé la mission nationale pour l’agriculture naturelle (National Mission on Natural Farming – NMNF) à laquelle a été octroyé un budget initial de 4,59 milliards de roupies pour 2023-24.
Alors que de nombreux gouvernements, y compris celui de l’Inde, expriment un intérêt pour les techniques agricoles naturelles, on dispose de peu d’ouvrages scientifiques comparant les coûts et les avantages de l’ANCAP avec ceux de systèmes agricoles courants. C’est ce qui ressort de l’étude qui vise à combler ce vide en faisant une évaluation crédible de l’agriculture naturelle dans l’Andhra Pradesh, pour encourager l’adoption de cette technique au niveau mondial.
Méthodologie et conclusions de l’étude
Menée par GIST Impact, un prestataire d’analyse et de données d’impact, et soutenue par Global Alliance for the Future of Food, l’étude a comparé les résultats de l’agriculture naturelle communautaire (ANC) avec ceux de trois autres systèmes agricoles courants dans la région – l’agriculture chimique dans la région du delta de la Godavari, l’agriculture pluviale dans la région semi-aride et l’agriculture tribale à faibles intrants dans la région montagneuse.
Les chercheurs ont utilisé le cadre Economics of Ecosystems and Biodiversity for Agriculture and Food Systems (TEEBAgriFood), qui évalue les services écosystémiques, la biodiversité et la santé humaine, pour promouvoir des pratiques durables. Après l’analyse des données de 2020 à 2022, ils ont évalué les rendements dans 13 districts à partir de coupes de cultures et ont sondé 562 ménages d’agriculteurs dans trois districts présentant diverses conditions agroécologiques, comparant l’ANC avec des villages contrefactuels. L’étude a porté sur douze villages répartis dans les trois zones et représentant environ dix pour cent du nombre total de ménages agricoles de la région.
De meilleurs résultats à tous points de vue
Il est ressorti de l’étude que les agriculteurs pratiquant l’ANC obtiennent de meilleurs résultats à tous points de vue – au niveau de la production, de l’économie, du social et de la santé.
Par exemple, les agriculteurs ont fait, en moyenne, 4,51 récoltes, comparativement à 2,16 dans le cas de l’agriculture tribale à faibles intrants, 4,88 comparativement à 2,40 dans le cas de l’agriculture pluviale, et 2,92 comparativement à 1,84 dans le cas de l’agriculture à fort apport d’intrants. L’adoption de l’ANC a entraîné une plus grande diversité des cultures, avec une moyenne de 4 cultures comparativement à 2,1 dans les exploitations contrefactuelles.
Par ailleurs, il a été constaté que dans les trois régions, les agriculteurs pratiquant l’ANC ont réduit de 44 pour cent les coûts d’intrants (engrais et pesticides, par exemple) comparativement aux exploitations contrefactuelles. Ils ont également bénéficié d’une augmentation moyenne du rendement allant de 7,8 à 25,9 pour cent. De manière générale, l’adoption de l’ANC augmente le revenu brut par hectare de 684 $ (+28,3 pour cent) dans les trois régions.
Les femmes jouent un rôle considérable
L’étude souligne la réussite de l’ANC dans un autre domaine, celui qui consiste à favoriser le capital social au sein de la communauté dans laquelle les femmes jouent un rôle considérable au niveau des ménages. Les villages pratiquant l’ANC ont obtenu de meilleurs résultats dans les six dimensions du capital social, à savoir la communication d’informations, la réciprocité, l’action collective, la confiance et le soutien, la cohésion communautaire et la réduction des risques.
Les résultats montrent l’existence d’un lien intéressant entre la possession de terres et l’indice de capital social, et donnent à penser que les petits exploitants agricoles contribuent activement à produire du capital social. À mesure que la possession de terres agricoles augmente, l’indice de capital social diminue.
L’étude souligne également une différence notable en matière d’impact sur la santé ; elle montre que l’ANC est associée à une réduction des risques sanitaires sur l’exploitation. En moyenne, les agriculteurs pratiquant l’ANC perdent 121 jours de travail par an pour cause de maladie alors que ceux des systèmes contrefactuels en perdent 189. De plus, le score de la diversité alimentaire du ménage (SDAM) montre que l’alimentation des ménages d’agriculteurs sondés présente une plus grande diversité de macronutriments que l’alimentation moyenne des habitants de l’Andhra Pradesh, ce qui montre bien qu’ils ont accès à un plus large éventail de cultures alimentaires.
(Kundan Pandey, Mongabay / pas)
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