49e session plénière du Comité des Nations unies pour la sécurité alimentaire mondiale (CSA 49).
Photo : FAO

Inquiétudes de la société civile sur le suivi du Sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires

Dans un récent communiqué de presse, le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones pour les relations avec le Comité des Nations unies sur la sécurité alimentaire mondiale s’est montré « profondément préoccupé par les implications du Sommet (UNFSS) sur le travail et le mandat du CSA, et plus largement sur l’avenir du multilatéralisme ».

La 49e session plénière du Comité des Nations unies pour la sécurité alimentaire mondiale (CSA 49), qui s’est tenue du 11 au14 octobre 2021, a été l'occasion pour les États membres de décider si le CSA soutiendrait ou non les résultats ou les suites à donner au Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS) du 23 septembre 2021, mais un consensus clair n'a pas pu être atteint. 

« Certains États ont déclaré que le CSA, pour ne pas devenir obsolète, devait jouer un rôle important dans le suivi du Sommet. Beaucoup d’autres ont souligné que les résultats de l’UNFSS, n’ayant pas été négociés par les États membres, ne devraient pas donner lieu à de nouvelles structures. Certains ont également suggéré que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (HLPF) serait un forum mondial plus approprié pour assurer le suivi du sommet », indique le MSC.

Dans un nouveau rapport intitulé « Exposer l’accaparement du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires par les multinationales », le MSC critique « l'ampleur stupéfiante » de l'influence des entreprises au sein du Sommet et « la manière dont le Sommet a été organisé et structuré ainsi que son contenu ». Il démonte l'approche multipartite du Sommet – « une pratique de gouvernance qui donne l'illusion que toutes les parties prenantes sont égales dans leurs droits, capacités et responsabilités ».

Le rapport fait état de fortes inquiétudes quant à la possibilité que le Sommet ait été orienté de manière à remplacer le multilatéralisme par le multi-acteurisme. « En réalité, ce multi-acteurisme dissimule les injustices, les déséquilibres de pouvoir et des abus de longue date, aggravant ainsi les inégalités et l’injustice », affirme le rapport.

À cet égard, Jordan Treakle de la National Family Farm Coalition (membre de La Via Campesina) a souligné lors de son intervention au nom du MSC : « Le modèle de gouvernance multipartite incarné et promu par l’UNFSS approfondit les déséquilibres de pouvoir existants entre les États et affaiblit leur rôle dans la gouvernance des Nations unies. Il est tout simplement inacceptable que les plus hautes instances de l’ONU et les gouvernements membres encouragent cette érosion du multilatéralisme. »

Droits humains marginalisés


Au lieu de soutenir les résultats illégitimes de l'UNFSS, le MSC a souligné que les États membres auraient pu suivre la recommandation du « Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, qui a été fortement impliqué dans le déroulement du Sommet ». Fakhri a ainsi déclaré que le CSA ferait mieux de « consacrer ses ressources et sa capacité de coordination à la lutte contre les effets dévastateurs de la pandémie sur la sécurité alimentaire et la nutrition ». 

Selon M. Fakhri, le processus de l'UNFSS a marginalisé les droits humains et ignoré la pandémie de Covid-19 - le problème le plus important survenu pendant ses préparatifs - alors que s’intensifiaient les catastrophes liées aux dérèglements climatiques. 

Fakhri a affirmé que l’agriculture industrielle, les chaînes d’approvisionnement mondiales et la concentration des pouvoirs dans les systèmes alimentaires, qui font partie des principales causes des conséquences systémiques de la pandémie de COVID-19 ou des dérèglements climatiques, n’ont aucunement été abordées pendant le Sommet. 

« En mettant l’accent sur la finance, des solutions technologiques coûteuses et des produits et technologies détenus par quelques entreprises, les résultats du Sommet vont exacerber les inégalités, la dette, la dépossession des moyens d’existence et promouvoir l’extractivisme, en particulier dans les pays du Sud. Cela va compromettre davantage l’approvisionnement alimentaire à petite échelle dont dépend la majorité de la population mondiale », a déclaré Treakle.

Une déclaration politique « signée par plus de 1000 organisations de petits producteurs alimentaires, de peuples autochtones, de militants de la justice alimentaire et climatique, de chercheurs et d’ONG dénonce la façon dont le Sommet n’a pas tenu ses promesses ».

Au cours de la plénière du CSA, le MCS a réitéré ses objections à la mise en place du « centre de coordination proposé » qui assurerait le suivi des résultats de l’UNFSS et qui serait dirigé par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), et a ajouté que « la mise en œuvre d’un tel centre modifierait considérablement l’architecture actuelle de la gouvernance mondiale de l’alimentation et de l’agriculture et aurait de profondes conséquences, en particulier pour le CSA. Il est temps au contraire pour le CSA de prouver sa force et de remplir son mandat. » 

Il souligne en outre que « le CSA doit s’attaquer à la mainmise insidieuse des entreprises sur les systèmes alimentaires et la gouvernance alimentaire, qui s’opère notamment par le biais de programmes, de plateformes et d’initiatives de gouvernance financés par le secteur privé et les entreprises philanthropiques. C’est par exemple le cas de l’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition (GAIN), la plateforme EAT, ou encore le SUN Business Network. »

Le MSC appelle les États membres et le CSA à « prendre leurs rôles et responsabilités au sérieux et à remplir leurs obligations envers les peuples du monde, tant dans la lettre que dans l'esprit ».

(MSC/wi)

Cet article a été fourni par le partenaire « Forum Umwelt & Entwicklung », dont les membres soutiennent l'initiative foodsystems4people.

Le communiqué de presse complet 

Lisez le nouveau rapport : « Exposer l’accaparement du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires par les multinationales »

Visitez le site web de food systems4people 

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