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Des haricots pour lutter contre la malnutrition
Les haricots ont le pouvoir de combattre la malnutrition, d’augmenter la sécurité alimentaire, de stimuler l‘économie privée et même de favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes.
Mais pour commencer, ce qu’il faut, c’est choisir la bonne graine. Un haricot qui résiste à des conditions météorologiques extrêmes, qui soit adapté aux conditions locales et qui soit riche en oligo-éléments tels que le fer ou le zinc. Mais avant toutes choses, il doit afficher un très bon rendement.
Depuis plus de vingt ans, l’Alliance panafricaine de recherche sur le haricot, PABRA, travaille dans 32 pays d’Afrique avec différents partenaires, dont la Suisse, à la création de nouvelles variétés répondant à ces critères. (Voir l’encadré).
Le meilleur moyen de s‘en faire une idée plus précise, c’est de suivre un petit haricot tout le chemin suivi par le petit légume sec, du semis jusqu’à la vente de la farine.. Appelons-le Yakina.
Yakina le haricot
Yakina est un haricot grimpant du type MAC44. De couleur crème avec de jolies veines rouges, il pousse autour du Mont Heha, dans les collines de l’ouest du Burundi, l’un des pays les plus pauvres du monde. Lorsque nous rencontrons Yakina, il pousse depuis huit semaines sur un lopin de terre d’un cinquième d’hectare environ qui est exploité par une petite cultivatrice.
C’est à un atelier de PABRA qu’elle a pris la décision de faire un essai avec l’une des nouvelles variétés. L’organisation lui a aussi montré comment semer, cultiver et soigner les haricots. La première année déjà, elle a récolté presque le double de ce que les sortes conventionnelles produisaient auparavant.
Finies la faim et la malnutrition
Grâce à la culture de la nouvelle sorte de haricots, la paysanne et sa famille mangent à leur faim. De plus, leur santé s’est améliorée. Biofortifiées, les nouvelles variétés contiennent en effet nettement plus de fer et de zinc que les anciennes, et mettent ainsi un terme à des années de carences alimentaires.
Les haricots ont amélioré non seulement la santé des humains, mais aussi celle du sol et des autres légumes qui y sont cultivés. Ils ont en effet le pouvoir d’enrichir la terre en azote.
Après la récolte, Yakina est séché en compagnie de tous les autres haricots avant d’être ensaché. Naguère, les ravageurs comme la bruche du haricot causaient souvent de gros dégâts durant l’entreposage. Pour y remédier, PABRA a introduit les sacs PICS, des sacs pouvant être fermés hermétiquement. Depuis quelque temps, ces sacs sont produits et distribués localement. Au Burundi, PABRA a en outre obtenu de l’État qu’il les subventionne. Ils sont donc désormais disponibles aussi dans les régions reculées du pays et cela à un prix abordable.
Un succès générateur d’autonomie
La paysanne conserve une partie de la récolte pour nourrir sa famille. Depuis qu’elle a pris part à un atelier sur la nutrition organisé par PABRA, les plats qu’elle prépare sont de plus en plus variés. La paysanne est manifestement fière des connaissances acquises pour mettre en valeur les fruits de son travail. Elle a gagné en confiance, au point qu’elle prend maintenant activement part aux discussions sur l’avenir du village.
Au moyen de son téléphone mobile, le mari de notre cultivatrice s’est enregistré sur une plateforme spécialisée pour vendre les haricots de sa femme. Grâce à cette plateforme mise en place par PABRA, il atteint un plus grand nombre d’acheteurs et peut donc vendre la marchandise à meilleur prix.
La récolte est vendue à une entreprise fondée et dirigée par une femme à Bujumbura, la capitale. Spécialisée dans la production de farines, l’entreprise se développe constamment depuis plusieurs années. Les haricots y sont transformés dans un nouveau moulin financé par des fonds suisses et la farine est ensuite conditionnée dans des sachets d’un kilo.
C’est là la dernière étape du parcours de Yakina
L’un des programmes de la DDC qui a la plus grande longévité
Victoire des haricots sur la faim au Burundi. Les résultats obtenus par PABRA parlent d'eux-mêmes. ©PABRA
La Direction du développement et de la coopération (DDC) soutient PABRA et, avant elle, l’organisation dont elle est issue, depuis 1983. Cet engagement de la DDC se distingue par une longévité hors pair. Non sans raison: comme le montre le graphique, PABRA produit des résultats concrets. Le projet correspond en outre à la stratégie de politique extérieure de la Suisse 2020-2023 : il crée des emplois sur place, répond aux changements climatiques et pallie les causes de l’émigration.
Grâce aussi à la coopération d’agences étatiques telles que l’Institut de recherches agronomiques du Burundi ISABU, le projet a atteint plus de 1,2 million de petits cultivateurs au Burundi, qui plantent et récoltent aujourd’hui des variétés de haricot améliorées.
PABRA poursuit son travail sans relâche, toujours avec l’appui de la coopération suisse au développement.
Portrait de PABRA, l’Alliance panafricaine de recherche sur le haricot
PABRA est un réseau international de scientifiques, de petits cultivateurs, d’entrepreneurs, de gouvernements, de décideurs politiques et de représentants de la société civile qui s’étend sur 32 pays d’Afrique subsaharienne. La coordination de ce réseau est assurée par le CIAT, le Centre international d’agriculture tropicale, qui fait partie du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale GCRAI. L’objectif principal de PABRA est d’améliorer les conditions de vie des cultivateurs de haricots, qui, en fait, sont le plus souvent des cultivatrices. Pour y parvenir, l’organisme a mis en place des réseaux performants, encourage la recherche et travaille à l’amélioration des semences. Jusqu’ici, PABRA a réussi à atteindre 38 millions de familles de cultivateurs et à promouvoir 200 entreprises privées actives dans le secteur du haricot.
(DDC/wi)
Pour en savoir plus:
Carte interactive de la production de haricots en Afrique (anglais)
l’Alliance panafricaine de recherche sur le haricot (anglais)
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