Le Directeur général de la FAO, Monsieur QU Dongyu, au Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (le Bilan 2 ans après le Sommet), juillet 2023.
Photo: © FAO/Alessandra Benedetti

L'heure du bilan

Les derniers chiffres dressent un tableau sombre de l'état de la sécurité alimentaire dans le monde. Aujourd'hui, le Bilan 2 ans après le Sommet sur les systèmes alimentaires (UNFSS+2) fait le point sur les progrès accomplis au cours des deux dernières années pour créer des systèmes alimentaires inclusifs, durables et résilients, tandis que les participants discutent des moyens d'atteindre les objectifs de l'Agenda 2030.

Le Bilan 2 ans après le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires avait pour objectif de dresser l’inventaire des progrès accomplis en direction de l’Agenda 2030 depuis le premier Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires en 2021. Il s’est tenu au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome, Italie, du 24 au 26 juillet 2023. La manifestation de haut niveau de trois jours était organisée par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et était accueillie par l’Italie, en collaboration avec les organismes des Nations unies ayant leur siège à Rome (FAO, FIDA et PAM).

L’événement a réuni 2 000 personnes de 170 pays, dont 22 chefs d’État et de gouvernement, 103 représentants au niveau ministériel, près de 100 coordonnateurs nationaux des systèmes alimentaires, 450 délégués d'acteurs non gouvernementaux et des délégués de haut niveau du système des Nations unies et d'autres organisations internationales. Des milliers de participants ont assisté à l’événement en ligne. 

Selon l’édition 2023 du rapport « L'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » publiée en juillet, 122 millions de personnes supplémentaires souffrent de malnutrition chronique par rapport à 2019. Actuellement, plus de 3 milliards de personnes dans le monde n'ont pas les moyens de s’alimenter sainement. Les systèmes alimentaires contribuent à hauteur d'un tiers aux émissions de gaz à effet de serre, de 80 % aux pertes de biodiversité et de 70 % à la consommation d'eau douce.

Mesurer les progrès - il reste beaucoup à faire

Le rapport du Secrétaire général intitulé « Making food systems work for people and planet - UN Food Systems Summit+2 », publié le 24 juillet, indique les domaines dans lesquels des progrès ont été constatés. Le rapport montre cependant, qu’en dépit des progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire.

101 pays ont présenté à titre volontaire des rapports d’avancement nationaux, dont le rapport fait la synthèse. Les rapports d’avancement nationaux donnent un aperçu des efforts menés actuellement dans le monde entier pour révolutionner les systèmes alimentaires, ainsi que des progrès accomplis à cette fin. Sur ces 101 rapports nationaux, 30 provenaient d'Afrique, 13 des Amériques, 28 d'Asie, 16 d'Europe et 14 d'Océanie. 24 rapports ont été établis par des pays classés dans la catégorie des pays à revenu élevé, 23 dans celle des pays à revenu moyen supérieur, 35 dans celle des pays à revenu moyen inférieur et 19 dans celle des pays à faible revenu. Certains pays ont soumis un rapport national, alors qu'ils n'ont pas pris de mesures spécifiques pour adopter une feuille de route nationale ou nommer un coordonnateur national des systèmes alimentaires.

Environ 67 % des pays ayant soumis un rapport, en particulier les pays à revenu moyen et élevé, ont intégré avec succès les priorités définies dans leurs feuilles de route nationales dans leurs stratégies et plans de développement globaux.

  • Environ un quart des pays déclarants indiquent avoir intégré davantage de sujets critiques dans leurs cadres juridiques et réglementaires. Il s'agit par exemple du droit à l'alimentation (Népal), de la sécurité alimentaire et de la nutrition (Irak), des pertes et gaspillages alimentaires (République de Moldavie), des repas scolaires (Lettonie), des régimes alimentaires sains (Mexique), des marchés publics de denrées alimentaires (Pérou) et des codes du travail.
     
  • De même, environ un quart des pays ont décrit des initiatives visant à positionner la transformation des systèmes alimentaires dans le discours social et politique national, dans le but de recueillir une large adhésion, de créer une dynamique pour une action concertée et de favoriser un changement de comportement.
     
  • Soixante-dix pour cent des pays, en particulier ceux à revenu faible ou moyen, ont indiqué qu'ils s'efforçaient de mettre en place ou de renforcer la gouvernance des systèmes alimentaires. 
     
  • Trente-huit pour cent des pays ont pris des mesures en faveur de la décentralisation et de l'engagement infranational pour faire avancer leurs programmes de transformation des systèmes alimentaires. 
     
  • La moitié des pays font état de progrès dans l'évaluation des besoins de financement pour la transformation des systèmes alimentaires, mais seuls quelques-uns ont entrepris d'évaluer le coût de leurs filières nationales. 
     
  • Cinquante-neuf pour cent des pays ont activement cherché à renforcer leur collaboration avec la communauté scientifique. 
     
  • Plus de soixante-trois pour cent des pays font état d'efforts en vue d’améliorer la disponibilité et l'utilisation des données destinées au suivi des progrès et à l'évaluation de l'impact. 
     
  • Un tiers des pays déclarants ont mentionné des initiatives spécifiquement dédiées à la création d’emplois.

La transformation des systèmes alimentaires est essentielle pour réduire les émissions de CO

Guidés par les conclusions du rapport et les expériences nationales, les dirigeants et les participants veulent inverser l'insécurité alimentaire et la faim conformément à l'Agenda 2030 en intégrant pleinement les feuilles de route nationales dans les stratégies de développement, en assurant les financements requis pour accélérer la transformation des systèmes alimentaires et en répondant aux crises alimentaires par une coopération et une solidarité internationales renforcées qui ne laissent personne de côté.

L'événement souligne que la transformation des systèmes alimentaires est essentielle pour réduire les émissions de CO2 et atteindre l'objectif de l'Accord de Paris, et qu'elle nécessite de coopérer avec les grandes entreprises alimentaires et agricoles. Dans le même temps, conscients de l'aggravation des impacts de la crise climatique sur l'agriculture et les petits agriculteurs, les dirigeants et les acteurs clés ont discuté des mesures d'adaptation et des investissements nécessaires.

« Ce bilan a confirmé ce que nous avons appris lors du Premier sommet sur les systèmes alimentaires en 2021, à savoir qu'il est possible de se montrer plus ambitieux et d'accélérer l'action. [...] Inspirons-nous de l'esprit de cette réunion pour mener à bien la campagne de sauvetage des Objectifs de développement durable ainsi que les efforts concrets déployés au quotidien pour que les systèmes alimentaires fonctionnent pour tous », a déclaré la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, lors de la cérémonie de clôture du Bilan 2 ans après le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. 

« Le chemin est long et nous devons accélérer le pas », a déclaré le Directeur général de la FAO, M. QU Dongyu. Il a ajouté qu'il espérait que les participants quitteraient Rome en emportant avec eux des éléments clés pour soutenir leurs feuilles de route nationales, après avoir collectivement reconnu que les facteurs de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition étaient devenus encore plus complexes en raison de l’aggravation et de l'interconnexion des risques et des impacts de la crise climatique, des chocs économiques et des conflits en cours.

Ines Lechner, rédactrice, Rural 21

Plus d’informations (en anglais) :

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