Forêt tropicale au Libéria, Afrique de l’Ouest.
Photo: ©Fabian Plock/Shutterstock

La protection de la forêt tropicale doit être au premier rang des priorités

En empêchant la déforestation et en encourageant la restauration des forêts, on pourrait très vraisemblablement atteindre l’objectif de 2°C et considérablement réduire les coûts.

Selon une étude réalisée par l’Institut de recherche Mercator sur les biens communs mondiaux et le changement climatique (Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change – MCC) en coopération avec le Fonds américain de défense de l’environnement (US Environmental Defense Fund) et publiée en décembre 2020, chaque dollar investi dans les forêts tropicales permet d’économiser 5,4 dollars investis dans d’autres mesures de protection du climat. 

Les discussions sur les investissements climatiques tournent souvent autour de questions technologiques (parcs éoliens, énergie solaire, etc.), mais l’étude montre que malgré l’importance des technologies innovantes, c’est la question des forêts tropicales qui prédomine dans la lutte contre le réchauffement de la planète.

Quels sont les coûts du maintien de l’objectif de deux degrés ?


Pour quantifier l’importance des forêts tropicales par rapport aux autres aspects de protection du climat, les auteurs appliquent le modèle dynamique intégré économie-climat (DICE). Fréquemment utilisé, ce modèle a été élaboré par William Nordhaus, lauréat américain du prix Nobel. Il indique le coût de réalisation des objectifs climatiques en utilisant le mélange le plus favorable de mesures mais ne tient pas explicitement compte, à ce jour, du potentiel d’atténuation offert par la conservation de la forêt tropicale. 

Plus de données récentes sur le bilan CO2 de la forêt tropicale sont dorénavant incluses dans l’analyse, ainsi que les estimations des coûts directs de ces programmes, par exemple le coût des plantations d’arbres et celui auquel il faudrait faire face en renonçant aux avantages économiques du défrichement. En fin de compte, la question est de savoir dans quelle mesure l’application de ce modèle entraîne une réduction des coûts estimatifs de la limitation de l’augmentation de la température de la planète à au moins 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux de la période préindustrielle ?  

La déforestation-restauration de la forêt réduit les dépenses climatiques


« Pour un objectif de 2 degrés, le modèle indique une dépense totale de 2 700 milliards de dollars pour les mesures anti-déforestation auxquels viennent s’ajouter 3 500 milliards de dollars pour la restauration pendant la période allant de 2030 à 2070 », résume Sabine Fuss, principale auteure de l’étude et cheffe du groupe de travail « gestion durable des ressources et changement climatique » du MCC. Mais en contrepartie, si on compare cette formule à la variante du modèle sans forêt tropicale, cela permettrait d’économiser 33 500 milliards de dollars en dépenses climatiques. L’étude ne tient pas compte d’autres avantages tels que la conservation de la biodiversité, la protection des zones dans lesquelles vivent les populations autochtones et la qualité de l’environnement local dans la mesure où elle met l’accent sur les coûts de la protection du climat.

Sabine Fuss, chercheuse au MCC, explique : « Le fait de placer la protection de la forêt tropicale en tête de nos priorités ne résoudra pas à lui seul le problème – nous devons également cesser d’utiliser les combustibles fossiles dans tous les secteurs. » Le potentiel considérable – mais encore peu exploité – de la forêt tropicale pour la protection du climat peut apporter une certaine souplesse à cet égard. Il peut contribuer à atténuer une réduction rapide du budget carbone restant et, par conséquent, une hausse des prix du carbone. Il peut même contribuer à ce que la réalisation d’objectifs climatiques plus ambitieux soit possible. « En empêchant la déforestation et en encourageant la restauration des forêts, nous pouvons améliorer la faisabilité politique globale d’actions climatiques ambitieuses. »

(MCC/ile)

Pour en savoir plus, aller sur le site du MCC (en anglais)

Référence :
Fuss, S., Golub, A., Lubowski, R., 2020, The economic value of tropical forests in meeting global climate stabilization goals, Global Sustainability

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