Le moustique de la fièvre jaune (Aedes aegypti) est le principal vecteur de la fièvre jaune, de la dengue et de la maladie à virus zika. Probablement originaire d’Afrique, on le trouve aujourd’hui dans d’autres parties du monde.
Photo: © Rafael Xavier/Shutterstock

La lutte proactive contre les espèces envahissantes est payante

Une nouvelle étude met en évidence le coût économique des espèces envahissantes et leur lien avec des mesures de gestion appropriées. Elle conclut que des mesures préventives pourraient faire économiser mille milliards d’euros au monde entier.

Les pertes financières dues à des végétaux et des animaux inquiétants importés par l’homme dans de nouvelles régions sont au moins dix fois plus importantes que les coûts de mesures préventives. Selon une étude publiée en février 2022 dans la revue Science of the Total Environment, une gestion préventive pourrait faire économiser mille milliards d’euros à l’échelle mondiale.

« Tout comme le changement climatique, les espèces envahissantes posent d’énormes problèmes à la biodiversité. Entre autres, elles modifient les biotopes et privent les animaux indigènes de nourriture et de ressources, mais en plus, et surtout, elles sont très coûteuses, » explique le docteur Phillip Haubrock, de l’Institut de recherche Senckenberg rattaché au Musée d’histoire naturelle de Francfort. Qui poursuit : « Avant qu’on ait le temps de constater l’impact environnemental des espèces envahissantes, elles sont souvent fermement établies et répandues. Il est difficile de convaincre les décideurs d’investir dans quelque chose qui ne pose pas encore de problème, mais nos travaux montrent clairement à quel point une approche prophylactique serait précieuse. »  

L’étude montre que, depuis 1960, les dépenses consacrées à la lutte contre les espèces envahissantes se sont élevées à environ 84 milliards d’euros. Les chercheurs ont comparé ce coût à celui des dommages – pertes agricoles et forestières, dommages causés à l’infrastructure, fardeau pour les systèmes de santé – constatés sur la même période de 60 ans et qu’ils ont estimé à au moins 976 milliards d’euros. Pendant cette même période, seulement 2,5 milliards d’euros ont été consacrés à des mesures proactives de prévention. Les mesures de lutte ou d’éradication ont représenté une très large partie des coûts de gestion. Mais souvent, selon les chercheurs, ces mesures sont prises si tardivement qu’elles ne servent plus à grand-chose. Par contre, lorsque des investissements ont été effectués dans des mesures de gestion avant la prolifération des espèces envahissantes, ils précisent que ces végétaux et ces animaux ne figurent plus dans la liste des principaux nuisibles économiques.

Les dépenses consacrées à la lutte contre les espèces envahissantes augmentent chaque année. Rien qu’en 2020, elles se sont élevées à plus de 3,7 milliards d’euros dans le monde entier.   

« En empêchant les espèces envahissantes d’entrer, les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de la foresterie n’auraient pas à supporter les énormes dégâts et pertes dont ces espèces sont responsables. Nous espérons que nos travaux inciteront les politiciens et les décideurs à investir plus tôt dans la gestion des espèces envahissantes, afin de protéger les écosystèmes et les économies nationales de leur impact négatif, » déclare Phillip Haubrock.

(Senckenberg/ile)

Pour en savoir plus, consulter le site web de l’Institut Senckenberg (en allemand)

Publication : Cuthbert R, Diagne C, Hudgins EJ, Turbelin A, Ahmed DA, Albert C, Bodey TW, Briski E, Essl F, et al. (2022) Biological invasion costs reveal insufficient proactive management. Science of the Total Environment, publié en ligne le 09.02.2022, doi.: https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.153404.
 

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