Les tendances du tourisme, par exemple la découverte de la nature et la recherche de l’immersion dans les communautés – peuvent faire évoluer le rôle du tourisme comme facteur du développement rural durable.
Photos: UNWTO

De nouveaux vents porteurs pour le tourisme rural

La pandémie de Covid-19 a porté un coût terrible à l’industrie du tourisme qui affiche pourtant, cette année, des signes évidents de reprise. Par ailleurs, les changements de comportement des touristes ouvrent de nouvelles perspectives de durabilité au secteur, mais aussi aux communautés rurales. L’auteur analyse certains de ces nouveaux développements.

Avant la Covid-19, le tourisme mondial connaissait une croissance remarquable et devenait un important vecteur mondial de l’activité et de la diversification économiques. Des données de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), l’agence des Nations unies chargée de promouvoir un tourisme responsable, durable et universellement accessible, indiquent qu’en 2019, le tourisme international a touché 1,5 milliard de personnes et a directement représenté quatre pour cent du produit intérieur brut (PIB) total à l’échelle mondiale. Malheureusement, la pandémie a perturbé ce secteur comme jamais il ne l’avait été auparavant et a entraîné une chute vertigineuse de la demande internationale imputable aux mesures de confinement et aux restrictions de voyage imposées par les pays pour contenir la prolifération du virus.

Les conséquences économiques et sociales ont été énormes, plus de 100 millions d’emplois directement liés au tourisme étant menacés, notamment dans les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) qui représentent 80 pour cent du secteur et emploient une forte proportion de femmes et de jeunes. Le tourisme international a plongé de 72 pour cent en 2020, la pire année qu’il ait connue, avec une perte de 1,1 milliard de touristes internationaux (visiteurs pour plus de 24 heures) à l’échelle planétaire, et un retour du nombre de voyageurs à celui de 30 ans plus tôt, son niveau restant, en 2021, de 70 pour cent inférieur à celui d’avant la pandémie. Les données de 2022 traduisent une forte reprise, les arrivées de touristes internationaux étant de 43 pour cent inférieures à celles de 2019 pour les sept premiers mois de l’année.

Changement de comportement des touristes


Pendant la durée de la pandémie, de profonds et rapides changements ont bouleversé les modèles de tourisme dans lesquels le touriste s’est de plus en plus informatisé et, pour cette raison, a eu besoin d’informations plus précises et plus rapides à consulter. La pandémie a également donné naissance à un « voyageur plus conscient » qui accorde de l’importance au fait que le tourisme doit avoir un impact positif sur les communautés locales et sur l’environnement. Nous constatons l’émergence de nouvelles tendances dans les voyages et le tourisme, par exemple le tourisme naturel, le nomadisme numérique, le bien-être, l’authenticité et le tourisme de quartier (à la recherche d’une immersion dans la communauté).

Cela est à la foi un défi et une opportunité de donner au tourisme le rôle de moteur du développement durable dans les communautés rurales. En outre, la situation actuelle offre aux pays de grandes possibilités, celles de formuler, d’adopter et de mettre en œuvre de nouvelles politiques publiques susceptibles d’assurer la résilience et la prospérité économique des zones rurales grâce au tourisme.

Une planche de salut pour les communautés rurales


Le tourisme est une véritable planche de salut pour de nombreuses communautés rurales. Compte tenu de sa complémentarité avec d’autres activités économiques, de sa contribution au PIB et à la création d’emplois, et de sa capacité à promouvoir l’étalement de la demande dans le temps (lutte contre la saisonnalité) et sur un plus vaste territoire, il a un fort potentiel de stimulation de la croissance économique locale et du changement social. Selon l’OMT, le tourisme rural est « un type d’activité touristique dans lequel l’expérience du touriste est liée à un large éventail de produits généralement liés à des activités axées sur la nature, l’agriculture, le mode de vie/la culture du monde rural, la pêche à la ligne et les excursions. Les activités du tourisme rural se situent dans des zones non urbaines (rurales) présentant les caractéristiques suivantes : i) faible densité de population, ii) paysage et utilisation des terres dominés par l’agriculture et la foresterie et iii) structure et mode de vie sociaux traditionnels. »

La demande, de la part des touristes, de nouvelles expériences centrées sur la nature, la culture et les produits locaux ainsi que l’engagement communautaire dans le contexte postCovid-19, encouragent la créativité et l’innovation. Ces opportunités peuvent aider les communautés, aussi bien à court terme, en les aidant à se remettre de la pandémie, qu’à long terme, en promouvant la croissance durable et inclusive. L’intégration des jeunes, des communautés locales et des femmes dans le secteur du tourisme favorisera également la résilience et la gouvernance efficace du tourisme qui contribuent à la mise en place d’une économie créative et à la préservation du patrimoine naturel et culturel. La mise en avant de la notion de genre et du rôle des femmes constitue l’épine dorsale de l’égalité de genre et de l’autonomisation en renforçant la stabilité des économies locales et l’élaboration de politiques socio-économiques stables.

Encourager le développement communautaire inclusif


En 2020, Année du tourisme et du développement durable, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) des Nations Unies a souligné que la durabilité du tourisme dans les zones rurales ne sera possible que si une stratégie de planification mondiale et inclusive est adoptée et mise en œuvre, sur la base d’une approche participative prévoyant de multiples actions avec toutes les parties prenantes. Les Recommandations de l’OMT sur le tourisme et le développement rural visent à aider les administrations publiques, ainsi que le secteur privé et la communauté internationale, à promouvoir le tourisme dans les territoires ruraux de manière à contribuer au développement inclusif et durable. Pour atteindre ce résultat, le développement du tourisme et les plans de relance des communautés rurales doivent tenir compte des principaux aspects de l’investissement, du renforcement des capacités, de l’accès au financement, du développement des infrastructures, du passage au numérique, du développement durable, de l’évaluation de l’impact, de l’amélioration de la gouvernance et de l’autonomisation des femmes et des jeunes.

Ensuite, sous la direction de la présidence saoudienne du G20, en 2020, l’Organisation mondiale du tourisme et le Groupe de travail du G20 sur le tourisme ont créé le Cadre d’AlUla pour un développement communautaire inclusif grâce au tourisme pour aider à exploiter le potentiel du secteur dans le but de contribuer à la réalisation du développement communautaire inclusif et des objectifs de développement durable (ODD). Ce cadre conseille et inspire tous les gouvernements, ainsi que tous les autres acteurs clés du secteur du tourisme – notamment les administrations publiques régionales et locales, le secteur privé, les associations industrielles, la société civile, les communautés et les touristes – dans le but de favoriser une approche vraiment holistique et intégrée du développement communautaire inclusif grâce au tourisme.

Faire du tourisme un vecteur du développement et du bien-être ruraux


En 2022, inspirée par les Recommandations et le Cadre d’AlUla, l’OMT a lancé le programme Tourisme et développement rural, conçu pour faire du tourisme un vecteur du développement et du bien-être ruraux. Il a pour mission de promouvoir le rôle du tourisme dans la valorisation et la préservation des villages ruraux, avec leurs paysages, leurs systèmes de connaissances, leur diversité biologique et culturelle, leurs valeurs et leurs activités culturelles, et de promouvoir des approches innovantes et transformatives du développement du tourisme rural qui constituent les trois piliers de la durabilité – économique, sociale et environnementale – conformément aux ODD. La mise en œuvre du programme visera la réalisation de plusieurs objectifs, par exemple : réduire les inégalités régionales en matière de revenu et de développement, lutter contre le dépeuplement, faire progresser l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes et des jeunes, faire avancer l’innovation et l’informatisation, améliorer la connectivité, l’infrastructure, l’accès au financement et aux investissements, innover dans le développement de produits et dans l’intégration de la chaîne de valeur, promouvoir les pratiques durables pour une utilisation plus efficace des ressources et une réduction des émissions et des déchets, ou améliorer l’éducation et l’acquisition de compétences. 

Le programme s’appuie sur quatre piliers principaux : l’initiative Meilleurs villages touristiques, la Création de connaissances (Observatoire), le Développement des compétences (programme de formation et de mentorat), et les Projets sur le terrain (projets pilotes et Initiative d’octroi de petites subventions). Créée en 2021, l’initiative Meilleurs villages touristiques a déjà distingué 44 villages pour leur engagement en faveur du tourisme comme outil de développement durable. Ces villages montrent que le tourisme, vu sous l’angle de la durabilité et de l’inclusion, peut considérablement contribuer à la valorisation et la préservation du patrimoine naturel et culturel du territoire, tout en étant un facteur majeur de fixation de la population et d’attraction de nouveaux résidents. Un exemple est présenté dans l’encadré.

La mise en adéquation de la durabilité et du tourisme rural est une stratégie nécessaire et intelligente de préparation de l’avenir. Cette stratégie aura d’importants avantages, aussi bien économiques qu’environnementaux, et accélérera la reprise après le ralentissement économique dû à la Covid-19. De nombreuses expériences et de multiples exemples de réussite pris dans le réseau des Meilleurs villages touristiques montrent l’effet multiplicateur du tourisme sur le développement durable des zones rurales.




Nkotsi is a small village located in the south-western area of Musanze, a town in the Northern Province of Rwanda. It is one of the villages forming part of Volcanoes National Park, an internationally recognised Unesco Biosphere Reserve and home to 30 per cent of global population of mountain gorillas. Gorilla sighting is the main tourism attraction of Rwanda. To diversify the existing range of offers and to assure that tourism  is a sustainable source of income for the population, local people are brought  ogether in programmes related to environmental conservation, arts and culture, education as well as community health & food security initiatives.

Not only does the village preserve the culture and indigenous knowledge, but it is also a place where tourists can come and personally experience the heritage transmitted  from generation to generation and slip inside the local culture and tradition.This creates employment opportunities for women and youth through arts and culture  experiences focused on conservation and skills sharing through workshops. One example is the Red Rock Cultural Festival, where everyone is welcome to botanical garden tours, debates about medicinal plants, dancing, drumming and more, always in line with preserving the balance of this small ecosystem. 

Through Red Rocks Initiatives for Sustainable Development  (RRSD), local community members can access a variety of educational paths, designed to build practical skills which are in line with the tourism development. The courses are particularly delineated to let people understand the value of their resources and the importance of conservation. The Igihoho project, which started in 2016 with the aim of reducing the use of plastic bags, is a further venture on environmental protection and the  conservation of natural resources. The project currently involves 20 women who produce and market eco-friendly seed bags made from banana barks. In this way, the project is meeting the consumer’s demand for sustainable products while generating revenue.


Antonio López-de-Ávila is the Coordinator of the Tourism for Rural Development Programme of the United Nations – World Tourism Organization (UNWTO) based in Riyadh, Saudi Arabia. Previously, he was co-founder and CEO of Tourism Data-Driven Solutions, an international Strategic Consultancy firm on Smart Tourism Destinations headquartered in Madrid, Spain. Antonio earned an Executive MBA from IE Business School and a bachelor’s degree in Law from the University of Las Palmas de Gran Canaria (ULPGC), Spain. Contact: rural@unwto.org 

References

http://www.unwto.org/rural-tourism

https://www.unwto.org/tourism-villages/en/
AlUla Framework for Inclusive Community Development through Tourism – Executive Summary

https://www.e-unwto.org/doi/book/10.18111/9789284422135

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