Camions faisant la queue au passage de la frontière à Malaba, en 2010.
Photo: TMEA

Améliorer l’infrastructure frontalière pour stimuler le commerce

L’Afrique de l’Est est une région durement touchée par l’extrême pauvreté. L’amélioration des échanges commerciaux pourrait contribuer à résoudre ce problème, mais pour cela, un certain nombre d’obstacles doivent être surmontés. Dans le cadre de l’initiative de l’Aide pour le commerce (ApC), TradeMark East Africa cherche à stimuler le commerce international en intervenant au niveau des infrastructures liées au commerce.

L’extrême pauvreté reste un frein majeur à la croissance économique de l’Afrique subsaharienne. Soixante-douze pour cent de la population, soit environ 585 millions de personnes, ne disposent pas du minimum vital. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cette région est l’une de celles où les inégalités sont les plus importantes au monde. L’amélioration de l’environnement commercial et de la capacité de la région à faire du commerce est une des stratégies clés de lutte contre l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne, et notamment dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE).

Au niveau mondial, l’environnement commercial international s’est amélioré depuis le lancement, en 2005, de l’initiative de l’Aide pour le commerce (ApC) par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette initiative aide les pays en développement à faire du commerce en s’attaquant radicalement aux infrastructures commerciales et aux obstacles politiques qui freinent leur capacité à avoir des activités commerciales internationales. L’ApC aide les pays en développement à renforcer leurs infrastructures matérielles et leur capacité humaine et institutionnelle à faire du commerce. Cette aide consiste à surmonter des obstacles tels que l’insuffisance des capacités productives, les lourdeurs administratives et la médiocrité des infrastructures. Depuis le lancement de cette initiative, on a constaté un accroissement des investissements nationaux et étrangers en faveur du commerce dans les pays en développement. En Afrique de l’Est, des solutions ApC spéciales contribuent à accélérer ce processus. TradeMark East Africa – TMEA (voir encadré à la fin de l’article) est une de ces solutions.

Au sujet de TradeMark East Africa
TradeMark East Africa (TMEA) a été créée pour renforcer les échanges et les marchés en Afrique de l’Est en vue de stimuler la prospérité grâce à l’accroissement des échanges commerciaux. TMEA fonctionne comme une société sans but lucratif et est financée par les agences de développement des pays suivants : Belgique, Canada, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni et États-Unis. TMEA travaille en étroite collaboration avec les institutions de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), les gouvernements nationaux, le secteur privé et les organisations de la société civile. Elle cherche à intensifier les échanges en libérant le potentiel économique grâce à trois objectifs stratégiques : accroître l’accès physique aux marchés, améliorer l’environnement commercial et augmenter la compétitivité des entreprises.
 
Pour en savoir plus, consulter le site TMEA à l’adresse suivante : www.trademarkea.com

Comment fonctionne TMEA

Environ 38 pour cent du budget de TMEA sont consacrés à soutenir l’amélioration de la coordination régionale et nationale en renforçant les capacités des organes, institutions et ministères de la CAE dans chaque État partenaire, alors qu’environ 45 pour cent du budget servent essentiellement à soutenir les projets d’infrastructure améliorant l’accès aux marchés. L’initiative facilite les interventions au niveau de la technologie de l’information et de la communication (TIC) au service du commerce pour le compte des autorités fiscales et des organismes de commerce connexes, et au niveau du développement des infrastructures dans les ports et aux principaux postes-frontières. Ces interventions ont non seulement entraîné l’élimination des obstacles le long des principaux couloirs commerciaux, mais ont également permis de réduire les délais de dédouanement des exportations et des importations.

À titre d’exemple, TMEA a travaillé en partenariat avec les gouvernements de la CAE pour améliorer les infrastructures portuaires de Dar Es Salam et de Mombasa afin d’améliorer l’efficacité et la rapidité de sortie des ports pour les marchandises importées et exportées. Par ailleurs, TMEA a soutenu la construction et la mise en œuvre de 13 postes-frontières uniques (PFU) aux principaux points de franchissement des frontières de la CAE. Un PFU est un point de passage frontalier « tout-en-un » conjointement géré par les pays voisins. Grâce à lui, les personnes ou les marchandises ne doivent s’arrêter qu’une fois dans le pays de destination où des agents des deux pays, assis côte à côte, tamponnent les documents d’immigration ou autres à la sortie (agent du pays d’origine) et à l’entrée (agent du pays de destination), en un même point.

Ces postes-frontières contribuent de façon remarquable à réduire le temps nécessaire pour franchir la frontière. Par exemple, les camions de marchandises ne mettent plus qu’une heure et demie pour franchir le poste-frontière Taveta/Holili (entre le Kenya et la Tanzanie) nouvellement en service, là où, auparavant, il leur fallait six heures et demie. Des études donnent à penser qu’en Afrique subsaharienne une réduction moyenne de cinq pour cent du temps passé à franchir une frontière pourrait entraîner une amélioration de dix pour cent des exportations intrarégionales. Dans certains pays africains, les pertes de recettes dues à l’inefficacité des procédures frontalières représentent même plus de cinq pour cent du PIB.

Un autre exemple est la facilitation des TIC pour le commerce. Elles ont permis aux organismes régionaux de promotion du commerce de simplifier les procédures commerciales, d’alléger les lourdeurs administratives, de simplifier les règles et les documents et de faire en sorte que les activités commerciales soient prévisibles et moins coûteuses. En Ouganda, le programme de modernisation de l’administration fiscale (service des douanes) soutenu par TMEA a contribué à réduire les coûts de transit de 3 390 USD à 1 176 USD et les délais de 34 jours en 2010 à 13 jours en 2016. Par ailleurs, ces réformes des douanes ont entraîné une augmentation de 48 pour cent des recettes douanières qui sont passées de 2,9 mille milliards de shillings ougandais (UGX) en 2011 à 4,3 mille milliards en 2015.

Au Kenya, l’amélioration de l’infrastructure matérielle au port de Mombasa a contribué à réduire de 11 à 7 jours le temps nécessaire pour dédouaner les marchandises. Cet investissement a catalysé plus de 500 millions USD fournis par des donateurs multilatéraux pour financer l’amélioration des postes d’amarrage permettant au port d’accueillir des bateaux de plus gros tonnage. Au Burundi, le soutien accordé à l’administration fiscale du pays a entraîné une augmentation des recettes collectées, ce qui a permis au gouvernement d’investir dans des services sociaux tels que les hôpitaux et les barrages, avant le récent conflit.

Qu’il s’agisse des TIC, du développement de l’infrastructure matérielle ou de la mobilisation au niveau politique, tous ces projets se sont mutuellement complétés pour abaisser les coûts de transport, améliorer l’efficacité aux frontières et simplifier les contrôles et les formalités, et par là même, améliorer les opportunités commerciales et l’accès aux marchés.

Partenariats stratégiques

Comme le montrent ces exemples, l’Aide pour le commerce (ApC) peut être novatrice et perturbante. Alors que la mobilisation et la mise en œuvre de l’aide traditionnelle peuvent prendre du temps, des solutions spéciales telles que TMEA sont rapides et continuent de produire des résultats au moyen de partenariats stratégiques. Frank Matsaert, président directeur général (PDG) de TMEA, affirme que son organisation s’appuiera sur des partenariats pour supprimer les obstacles aux échanges dans la région et, surtout, pour faire en sorte que l’environnement attire des innovations et des investissements qui créeront des emplois et offriront des opportunités dont profiteront les Est-Africains de tous milieux. Dans le cadre de la stratégie 2 (2017 à 2023), l’objectif principal de l’organisation sera la création d’emplois, par ex. via l’accroissement des échanges qui pourra être possible grâce à la réduction des obstacles au commerce en développant l’infrastructure, en supprimant les barrières non tarifaires, en améliorant les normes et en adoptant les TIC pour le commerce. TMEA aidera également le secteur privé à améliorer sa productivité et sa compétitivité.

Améliorer le commerce au niveau des exploitants agricoles – le TMEA Challenge Fund

Le fonds TMEA d’aide au développement (TradeMark East Africa Challenge Fund – TRAC) encourage l’innovation en investissant dans des projets qui stimuleront les échanges commerciaux dans la Communauté est-africaine. Il finance des projets commercialement viables afin d’encourager le secteur privé à élaborer des produits qui améliorent l’accès des pauvres aux marchés. Les projets soutenus doivent également produire des gains en matière de bien-être social, améliorer la compétitivité et les chaînes de valeur, et promouvoir les échanges transfrontaliers.

Exemple concret : le TRAC a assuré le financement initial d’un service d’information mobile gratuit pour les exploitants agricoles, appelé ‘iShamba’ (en swahili, shamba signifie jardin ou ferme). L’idée est de permettre aux exploitants agricoles de s’abonner au service d’information mobile pour deux productions agricoles, ou pour le bétail, service grâce auquel ils peuvent recevoir des messages texte hebdomadaires comportant des informations vitales les aidant à tirer le maximum de leurs produits. Les agriculteurs reçoivent des informations météorologiques actualisées (directement de aWhere.com, une plateforme numérique offrant des informations météorologiques fondées sur des données précises), des conseils agricoles sous forme de messages texte en fonction des deux productions agricoles choisies, de la saison, de la région dans laquelle ils exploitent leurs terres, ainsi que des prix du marché fournis par le service national d’information agricole (National Farmers Information Service). Le service iShamba est associé à une plateforme numérique permettant aux agriculteurs de poser des questions sous forme de messages texte qui sont traduits sur la plateforme numérique où des agronomes les reçoivent et y répondent. De même, les agriculteurs peuvent téléphoner directement au centre d’appels iShamba où du personnel spécialisé répond à leurs questions.

Aujourd’hui, iShamba compte 350 000 abonnés qui reçoivent individuellement des conseils gratuits sur les pratiques agricoles, la météo et les marchés, avec indication des variations régionales. Il est également en liaison avec des fournisseurs d’intrants et des entreprises vétérinaires et agroalimentaires auxquels il permet d’interagir avec des milliers de clients potentiels (avec d’éventuelles remises pour les abonnés). Une récente étude consacrée à des abonnés et des non-abonnés au service iShamba a montré que sur une période de six mois, les agriculteurs iShamba avaient des rendements de pommes de terre de 50 pour cent supérieurs à ceux des non-abonnés. L’étude a également montré que les agriculteurs iShamba étaient plus portés que les autres à entreprendre une nouvelle culture, que 65 pour cent d’entre eux avaient changé de pratique agricole à la suite d’un message reçu et qu’en conséquence, dans 80 pour cent des cas, ils avaient augmenté leurs rendements. 



Annette Mutaawe
TradeMark East Africa
Kampala, Ouganda
annette.mutaawe@trademarkea.com

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