Amélioration des sols en Afrique

Les dirigeants africains se sont réunis lors du Sommet africain sur les engrais et la santé des sols, qui s'est tenu du 7 au 9 mai 2024 à Nairobi, au Kenya, pour discuter de l'état actuel des sols africains et tenter de mettre en œuvre des mesures de restauration urgentes et appropriées. L'événement, organisé sous le thème « Écouter la terre », a rassemblé plus de 4 000 participants, dont 57 ministres de l'Agriculture et des Affaires étrangères, d'autres chefs de gouvernement, des scientifiques, des représentants du secteur privé, des dirigeants d'organisations de développement, des leaders de la société civile et des dirigeants d'organisations d'agriculteurs, qui ont participé à des discussions, ont noué des partenariats et pris des engagements visant à restaurer rapidement la valeur nutritionnelle des sols agricoles du continent.

Tout au long de ce sommet de trois jours, il a été souligné que des années d'exploitation excessive sans revitalisation appropriée avaient gravement appauvri les sols du continent, entravant leur capacité à garantir de bons rendements agricoles. En raison de plusieurs décennies d’extraction continue des nutriments du sol et du vieillissement de celui-ci, les sols africains, parmi les plus anciens au monde, ont atteint un niveau d’appauvrissement extrême. On estime que le continent perd chaque année plus de 4 milliards d'USD de nutriments du sol, mettant gravement en péril la capacité de l'Afrique à se nourrir elle-même. Cependant, une grande partie des agriculteurs africains n'ont ni accès aux engrais ni les moyens d'acquérir les intrants nécessaires pour revitaliser leurs sols et inverser la spirale descendante de la dégradation de l'environnement physique.

Lors du Sommet, les chefs d'État et de gouvernement africains ont approuvé la Déclaration de Nairobi sur les engrais et la santé des sols, démontrant ainsi leur engagement à rétablir l'équilibre nutritionnel des sols du continent.

La déclaration de Nairobi, fruit de discussions intenses entre les chefs d’État et de gouvernement africains, vise à promouvoir des partenariats et des investissements multipartites afin de stimuler les politiques, le financement, la recherche et le développement, les marchés et le renforcement des capacités pour une gestion durable des engrais et de la santé des sols dans toute l'Afrique. Douze engagements ont notamment été pris :

1. Tripler la production nationale et la distribution d'engrais organiques et inorganiques de qualité certifiée d'ici 2034 afin d’en améliorer l’accès et l’accessibilité financière pour les petits exploitants agricoles.
2. Fournir, d'ici à 2034, à au moins 70 % des petits exploitants agricoles du continent, des recommandations agronomiques ciblées portant sur les cultures, les sols et les conditions climatiques spécifiques, afin de garantir une plus grande efficacité et une utilisation durable des engrais.
3. Soutenir les efforts des États membres producteurs de gaz naturel en matière de production d'engrais afin d'augmenter leur production et d'en garantir la disponibilité à des prix stables.
4. Inverser la tendance à la dégradation des terres et restaurer la santé des sols sur au moins 30 % des sols dégradés d'ici à 2034.
5. Rendre pleinement opérationnel le Mécanisme africain de financement des engrais (AFFM) afin de soutenir la production, l'approvisionnement et la distribution d'engrais organiques et inorganiques, ainsi que les interventions en matière de santé des sols.
6. La Commission de l'Union africaine a été chargée de mobiliser des ressources financières et techniques pour concrétiser ces engagements en étroite collaboration avec les différents fonds climatiques existants.
7. Formuler et mettre en œuvre des politiques et des réglementations pour créer un environnement propice aux interventions en matière d'engrais et de santé des sols.
8. Développer et promouvoir le renforcement systémique des capacités nationales en matière de pratiques et de technologies de gestion des engrais et de la santé des sols adaptées au contexte local.
9. Promouvoir la solidarité africaine par le partage des connaissances, la formation, des programmes de développement et de transfert des meilleures pratiques en matière de fertilité et de santé des sols
10. Veiller à ce qu'au moins 70 % des petits exploitants agricoles aient accès à des services de vulgarisation et de conseil de qualité sur les engrais et la santé des sols, émanant des systèmes de vulgarisation tant publics que privés.
11. Intégrer les recommandations de la Déclaration dans les plans nationaux d'investissement agricole en vue de leur mise en œuvre.
12. Les ministres des Finances doivent mobiliser et allouer des ressources adéquates pour la mise en œuvre des recommandations de la Déclaration.

La déclaration décrit également les actions spécifiques à mettre en œuvre pour atteindre les résultats escomptés.

En outre, le Sommet a approuvé un Plan d'action décennal pour les engrais et la santé des sols ainsi que le Mécanisme de financement du Plan d’action (AFFM) et le document-cadre « Initiative en faveur des sols en Afrique », qui représentent tous des efforts ambitieux à long terme pour améliorer systématiquement la santé et la productivité des sols africains.

(AU/ile)

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