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Les sécheresses augmentent le risque de VIH chez les femmes rurales
Selon une étude menée dans cinq pays, les sécheresses dues au changement climatique augmentent le risque d’infection par le VIH chez les femmes rurales d’Afrique subsaharienne en les poussant à se prostituer, a rapporté SciDev.Net en mars 2024.
Des chercheurs de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, ont établi un lien entre les données de prévalence du VIH recueillies auprès de plus de 100 000 adultes interrogés au Lesotho, en Eswatini, en Zambie, en Tanzanie et en Ouganda entre 2014 et 2016 et les régimes pluviométriques historiques. Ils ont observé que les femmes vivant dans des zones rurales frappées par la sécheresse étaient plus susceptibles de contracter le VIH que leurs homologues vivant dans des régions non touchées ou en milieu urbain, quel que soit leur genre.
Selon les chercheurs, les sécheresses, qui sont devenues plus fréquentes et plus intenses en raison des dérèglements climatiques, exacerbent les vulnérabilités existantes, en particulier dans les communautés rurales qui dépendent fortement de l’agriculture de subsistance. Cela se traduit par une augmentation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, facteurs connus pour contribuer à la propagation du VIH, selon l’étude, publiée dans la revue AIDS and Behavior et financée par Wellcome. Cette étude indique que les difficultés induites par la sécheresse sont souvent supportées de manière disproportionnée par les femmes, qui peuvent avoir des relations sexuelles transactionnelles, en particulier avec des hommes plus âgés et plus riches, pour se procurer les produits de première nécessité.
L’étude note également que les sécheresses peuvent exacerber les problèmes de santé mentale et accroître la violence basée sur le genre, deux phénomènes liés à des comportements sexuels à risque et susceptibles d’entraver l’accès à des services vitaux de prévention et de traitement du VIH.
Alors qu’en Afrique subsaharienne environ 15 pour cent des terres sont actuellement touchées par la sécheresse et que la prévalence du VIH y est élevée, les chercheurs affirment que leurs résultats soulignent le risque d’une augmentation de la transmission du VIH si rien n’est fait pour y remédier.
Selon Adam Trickey, chercheur à l’université de Bristol, un adulte sur cinq vivant sur le continent est séropositif et la majorité de la population vit de l’agriculture de subsistance, ce qui favorise les facteurs déclenchants. Il ajoute que même des changements climatiques mineurs, combinés à la charge du VIH en Afrique et à l’exposition à la sécheresse, pourraient avoir un impact considérable sur la transmission du VIH.
Mark Lieber, chargé de recherche clinique sur le VIH au département de la santé et des services sociaux de Los Angeles, estime que l’étude donne corps au lien supposé entre le changement climatique et le VIH. Il souligne toutefois que la sécheresse n’est « qu’une des nombreuses conséquences environnementales de l’augmentation des émissions de carbone dans le monde ».
M. Lieber estime que les interventions efficaces doivent venir non seulement de la réduction des émissions de carbone, mais aussi du renforcement de la résilience, par le biais de collaborations pluridisciplinaires. Il a déclaré à SciDev.Net : « L’amélioration de la sécurité alimentaire dans les pays du Sud global et l’autonomisation des femmes sont peut-être les deux meilleures choses que nous puissions faire pour protéger les personnes les plus vulnérables des effets négatifs du changement climatique sur la santé. »
(Elna Schütz/SciDev.Net/ile)
Plus d’informations sont disponibles sur le site web de SciDev.Net (en anglais)
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