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Un champignon génétiquement modifié pour lutter contre le paludisme
Dans le cadre d’une nouvelle campagne de lutte contre le paludisme, une équipe internationale de chercheurs déclare avoir génétiquement modifié un champignon pour qu’il puisse détruire les moustiques. Le test réalisé au Burkina Faso – dans un village-type clos d’une moustiquaire – a détruit plus de 99 pour cent de 1 500 moustiques en 45 jours. Ce résultat est considéré comme « un grand pas en avant » par les auteurs de l’étude, qui viennent de l’université du Maryland (UMD), aux États-Unis, et de l’institut de recherche IRSS au Burkina Faso.
Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle qui est transmise par la femelle d’un moustique, l’anophèle. En 2017, selon l’Organisation mondiale de la santé, on a estimé à 219 millions le nombre de cas recensés dans le monde et à 435 000 le nombre de personnes mortes de la maladie. Dans leur grande majorité, les cas se situent en Afrique.
Brian Lovett, du département d’entomologie de l’université du Maryland et auteur principal du document publié dans la revue Science, a déclaré que l’étude avait « franchi une étape majeure ».
Les chercheurs on utilisé une souche du champignon Metarhizium pingshaense qui infecte les moustiques dans la nature, et l’ont génétiquement modifiée pour produire une toxine qu’on trouve dans le venin de l’araignée à toile en entonnoir endémique de la région des Blue Mountains, en Australie.
Le champignon génétiquement modifié détruit les moustiques plus rapidement qu’ils peuvent se reproduire
Selon l’étude, les essais en laboratoire ont montré que le champignon génétiquement modifié tue les moustiques plus rapidement qu’ils peuvent se reproduire.
L’insecticide a ensuite été libéré dans un « village » de 6 550 pieds carrés (environ 600 mètres carrés) spécialement construit pour l’occasion au Burkina Faso, avec des huttes, de la végétation et des bassins de reproduction, et recouvert d’un filet pour empêcher les moustiques de s’échapper.
Raymond St. Leger, professeur d’entomologie à l’UMD et co-auteur de l’étude, a déclaré : « On peut considérer le champignon comme une seringue hypodermique qu’on utiliserait pour injecter une puissante toxine insecticide dans le moustique. Ces champignons sont très sélectifs. Ils savent où ils se trouvent à partir de signaux chimiques et des caractéristiques morphologiques du corps d’un insecte. La souche avec laquelle nous travaillons aime les moustiques. »
Selon l’université, l’étude a été la première expérience transgénique réalisée hors laboratoire pour lutter contre le paludisme.
Dans le document publié dans la revue Science, Brian Lovett a déclaré : « Aucune étude sur la lutte transgénique contre le paludisme n’est allée aussi loin vers la réalisation d’essais réels sur le terrain. Ce document constitue une avancée considérable et un précédent pour l’avenir de cette méthode transgénique, et d’autres. »
« La prochaine étape consistera à déterminer si le champignon Metarhizium transgénique est efficace dans le cadre d’essais épidémiologiques, par exemple pour voir s’il a un impact sur le paludisme, » a-t-il ajouté.
L’équipe internationale espère maintenant tester son champignon transgénique dans un village ou une communauté réels et déclare que les résultats plaideront pour la poursuite de cette étude.
(Scidev.net / the telegraph / wi)
Référence :
Brian Lovett et al. (2019). Transgenic Metarhizium rapidly kills mosquitoes in a malaria-endemic region of Burkina Faso. In: Science 31 May 2019: Vol. 364, Issue 6443, pp. 894-897
DOI: 10.1126/science.aaw8737
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