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Supermarchés et nutrition infantile en Afrique
La faim et la sous-alimentation sont encore très répandues en Afrique. En même temps, on constate une augmentation des problèmes de surpoids, d’obésité et de maladies chroniques apparentées. Des études récentes ont montré qu’en Afrique, la croissance de la grande distribution contribue au problème de l’obésité car les supermarchés ont tendance à vendre plus de produits alimentaires transformés que les marchés traditionnels.
Toutefois, les précédentes recherches ne tenaient compte que des données concernant les adultes. Une nouvelle étude montre qu’il n’y a pas de lien entre les supermarchés et l’obésité infantile et qu’au contraire la grande distribution contribue à réduire le problème de la sous-alimentation chez les enfants. Les résultats de cette étude ont récemment été publiés dans la revue Global Food Security.
Dans le cadre de cette étude, des économistes agricoles et alimentaires de l’université de Göttingen, en Allemagne, ont recueilli des données auprès de 500 enfants du Kenya choisis de manière aléatoire sur une période de trois ans. L’analyse de ces données montre que les enfants des ménages ayant accès à un supermarché sont notablement mieux nourris que les enfants du groupe de référence.
L’achat de produits alimentaires dans un supermarché a des effets très positifs sur la croissance (poids et taille) des enfants, indépendamment de l’âge, des revenus et d’autres facteurs pertinents. L’indicateur de sous-alimentation chronique des enfants le plus couramment utilisé est le retard de croissance qui se traduit par une insuffisance de poids et de taille par rapport à des valeurs standards pour leur âge.
La modernisation du commerce de détail des produits alimentaires a divers effets sur la nutrition
« Au premier abord, nous avons été surpris par les résultats car on considère souvent qu’en Afrique, les supermarchés vendent essentiellement des snacks et des plats préparés malsains, » déclare la docteure Bethelhem Legesse Debela, première auteure de l’étude. « Mais les données montrent que les ménages qui achètent dans les supermarchés consomment également, et plus régulièrement, des aliments sains tels que des fruits et des produits d’origine animale. » Le professeur Matin Qaim, leader du projet de recherche, ajoute : « Tous les aliments transformés ne sont pas automatiquement malsains. Le processus de transformation peut améliorer l’hygiène et la durée de conservation des aliments. En Afrique, les ménages pauvres, notamment, n’ont souvent pas régulièrement accès à des fruits et légumes frais périssables. »
Les résultats de l’étude montrent que la modernisation du commerce de détail alimentaire peut avoir, sur la nutrition, des effets à plusieurs niveaux qu’il convient d’analyser dans le contexte local.
Les Nations unies se sont donné pour objectif d’éliminer la faim sous toutes ses formes dans le monde d’ici à 2030. Selon les auteurs de l’étude, « nous ne pourrons atteindre cet objectif que lorsque nous comprendrons mieux les relations complexes qui existent entre la croissance économique, la nutrition et la santé, et lorsque nous déterminerons et mettrons en œuvre des politiques adaptées au niveau local ».
(Université de Göttingen/wi)
Étude initiale (en anglais) :
Bethelhem Legesse Debela et al. Supermarket food purchases and child nutrition in Kenya. Global Food Security 2019. doi.org/10.1016/j.gfs.2019.100341
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