- Lisez cet article en version anglaise
- Share this article
- Abonnez-vous à notre newsletter
Épidémie de VIH : utilisation réussie d’autotests en Afrique rurale
En 2019, environ 38 millions de personnes ont été infectées par le VIH dans le monde. Deux tiers des personnes concernées vivent en Afrique, principalement au sud du Sahara. Pour contenir l’épidémie, il est essentiel que toutes les infections soient traitées avec des antirétroviraux pour prévenir la transmission du virus. Ceci nécessite, toutefois, un diagnostic précoce. Dans les régions isolées, très éloignées des cliniques et des centres de test, l’accès au dépistage du VIH reste compliqué.
Étude de cas réalisée au Lesotho
Au Lesotho, un adulte sur quatre est infecté par le VIH/SIDA. Dans ce petit pays montagneux de l’extrême sud de l’Afrique, on estime qu’environ 15 pour cent des infections ne sont jamais détectées et qu’elles contribuent donc à la propagation du VIH. Pour de nombreux habitants du Lesotho, la clinique la plus proche se trouve souvent à quelques heures de marche et le taxi est une solution trop onéreuse. Pour faciliter l’accès aux services de santé et de dépistage du VIH, les centres de santé organisent régulièrement des campagnes de soins « porte-à-porte ». Les études montrent toutefois que ces campagnes ne permettent d’atteindre qu’environ 60 pour cent de la population des villages.
Une équipe dirigée par Niklaus Labhardt, professeur à l’université de Bâle et responsable d’un groupe de recherche à l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH), a mis au point une stratégie pour améliorer de 20 pour cent la couverture de dépistage. Pour la première fois, l’équipe a associé visites à domicile et autotests de dépistage du VIH. Si les villageois sont absents au moment des visites à domicile, l’équipe leur laisse des autotests accompagnés d’instructions en langue locale. Ceux-ci sont ensuite récupérés par les conseillers de santé du village, qui ont été formés à l’utilisation et à l’évaluation des autotests.
Approche simple, impact majeur
L’étude randomisée à grande échelle a porté sur pas moins de 150 villages abritant plus de 7 000 habitants. Les résultats de cette approche simple parlent d’eux-mêmes : « Le taux de dépistage du VIH atteint 80 pou cent sur l’ensemble de la population du groupe d’intervention, soit 20 pour cent de plus que dans le groupe témoin, explique le Dr Tracy Glass, biostatisticienne chez Swiss TPH.
Dans le cadre d’une sous-étude, l’équipe a analysé la stratégie chez les jeunes et a complété la recherche par des entretiens. « Les campagnes de dépistage du VIH traditionnelles ne touchent pas suffisamment les jeunes alors que le taux d’infection est particulièrement élevé au sein de cette population, surtout chez les jeunes femmes, explique le Dr Alain Amstutz de Swiss TPH, premier auteur de l’étude. Grâce aux autotests, le nombre de jeunes connaissant leur séropositivité dans le groupe d’intervention était supérieur de 36 pour cent à celui du groupe témoin. »
Dans le monde, le nombre de décès liés au SIDA est en baisse depuis 2010. Mais, dans le même temps, il y a encore eu 1,7 million de nouvelles infections en 2019, dont la moitié en Afrique. « Dans les zones rurales en particulier, nous avons besoin d’une alternative aux campagnes sanitaires traditionnelles pour obtenir une couverture de dépistage optimale. Notre stratégie marque une nouvelle avancée pour tous ceux qui s’efforcent de mettre fin à l’épidémie de VIH/SIDA en Afrique australe », ajoute M. Labhardt.
(Université de Bâle/wi)
Référence :
Amstutz A, Lejone TI, Khesa L, et al.
Home-based oral self-testing for absent and declining individuals during a door-to-door HIV testing campaign in rural Lesotho (HOSENG): a cluster-randomised trial
The Lancet HIV (2020), doi:10.1016/S2352-3018(20)30233-2
Ajoutez un commentaire
Soyez le premier à faire un commentaire