La replantation de forêts tropicales exploitées avec des essences natives offre de multiples avantages : elle préserve la biodiversité et offre d’importants services écosystémiques.
Photo:© STILLFX/Shutterstock.com

La replantation de forêts exploitées avec diverses essences de jeunes plants accélère la restauration

Co-dirigée par l’université d’Oxford, Royaume-Uni, une des plus importantes expériences écologiques mondiales menée sur l’île de Bornéo a montré que la replantation avec différents types de plants de forêts tropicales déboisées peut considérablement accélérer leur restauration.

Les expériences écologiques menées dans l’île de Bornéo ont été décidées par le professeur Andy Hector et ses collègues de l’université d’Oxford il y a plus de 20 ans de cela, dans le cadre du Partenariat de recherche sur les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est (SEARRP). Ces expériences ont évalué la restauration de 125 parcelles différentes dans une zone de forêt tropicale déboisée, parcelles dans lesquelles ont été semées diverses combinaisons d’essences. 

Les résultats ont montré que comparativement aux parcelles replantées avec quatre, voire une seule, essences, les parcelles replantées avec un mélange de 16 essences natives ont récupéré plus rapidement leur couvert végétal et leur biomasse ligneuse totale. Il est toutefois à noter que même les parcelles dans lesquelles a été replantée une seule essence se rétablissaient plus rapidement que celles qu’on avait laissées se rétablir naturellement. Les conclusions de l’étude ont été publiées en septembre dernier dans la revue Science Advances.

Une plus grande diversité améliore la résilience 

Selon les chercheurs, ce résultat tient probablement au fait que différentes essences occupent différentes positions, ou « niches », dans un écosystème. Cela inclut les conditions physiques et environnementales auxquelles l’essence est adaptée, ainsi que sa façon d’interagir avec les autres organismes. 

Par conséquent, différents mélanges se complètent mutuellement pour améliorer le fonctionnement général et la stabilité de l’écosystème. Par exemple, certaines essences tropicales sont plus tolérantes à la sécheresse car elles produisent une plus grande quantité de produits chimiques protecteurs et assurent ainsi à la forêt une plus forte résilience à la sécheresse dans les périodes de faible pluviosité. 

Le professeur Andy Hector déclare : « Dans une forêt tropicale, la diversité des essences peut être assimilée à une forme d’assurance ; c’est un peu comme avoir une stratégie financière de portefeuilles d’investissements diversifiés. » 

De son côté, un mélange varié d’essences peut abriter une plus grande diversité d’animaux. Par exemple, le calao a besoin de gros arbres adultes avec des trous dans lesquels les femelles peuvent nicher. 

Une des plus importantes expériences écologiques du monde 

Les forêts tropicales ne couvrent que 6 pour cent de la superficie terrestre du globe mais elles abritent environ 80 pour cent des essences répertoriées de la planète (selon WWF) et constituent d’importants puits de carbone. Cependant, ces habitats essentiels disparaissent à une vitesse alarmante, surtout en raison de leur exploitation pour le bois d’œuvre et pour leur conversion en plantations de palmiers à huile. Selon WWF, entre 2004 et 2017, 43 millions d’hectares de forêt tropicale ont disparu – soit l’équivalent de la superficie du Maroc. 

La restauration des forêts tropicales exploitées est un élément crucial des efforts visant à lutter contre les catastrophes naturelles et les crises climatiques. Jusqu’à maintenant, toutefois, on ne sait pas très bien si le meilleur moyen d’obtenir ce résultat consiste à permettre aux forêts de se restaurer d’elles-mêmes, naturellement (à partir de semences à l’état dormant dans le sol), ou à replanter de façon active.

Dans leurs travaux, les chercheurs ont collaboré avec des partenaires locaux pour mettre en place l’expérience de biodiversité de Sabah sur 500 hectares de forêt exploitée dans l’État malaisien de Sabah, dans l’île de Bornéo. Ces 500 hectares ont été divisés en 125 parcelles expérimentales, qu’on a laissées se rétablir naturellement ou qu’on a plantées d’une seule essence, de quatre ou de seize, souvent dans le but d’une exploitation forestière. 

Dans les 16 essences utilisées, plusieurs étaient en voie de disparition et il y avait l’espèce d’arbre tropical le plus haut du monde (Shorea faguetiana) qui peut atteindre 100 mètres de hauteur. Les premiers arbres ont été plantés en 2002 et ce sont près de 100 000 arbres qui, au total, ont été plantés les années suivantes. 

La restauration des parcelles a été évaluée grâce à l’application de modèles statistiques à des images aériennes prises par satellites. En quelques années, il est devenu apparent que les parcelles dans lesquelles une seule essence avait été plantée avaient donné de moins bons résultats que celles qui l’avaient été avec un mélange de quatre essences et, surtout, que celles qui l’avaient été avec un mélange de 16 essences.

L’auteur principal, Ryan Veryard (qui a analysé les données dans le cadre de ses études doctorales à Oxford), a déclaré : « Surtout, nos résultats montrent que la forêt exploitée peut être restaurée dès lors qu’elle n’a pas été convertie en terres agricoles, en plantations de palmiers à huile, par exemple. Ils mettent également l’accent sur la nécessité de conserver la biodiversité dans des forêts non perturbées, de manière à pouvoir la restaurer dans les zones qui ont déjà été exploitées. » 

L’équipe de l’expérience de biodiversité de Sabah entame actuellement un nouveau projet de trois ans financé par le Conseil de recherche environnementale naturelle du Royaume-Uni (UK Natural Environmental Research Council) et destiné à recenser tous les arbres survivants à la fin de l’expérience. 

Cette activité sera associée à un plus large éventail de méthodes de télédétection (y compris à des capteurs lidars montés sur hélicoptère et à des capteurs plus petits montés sur drones) pour permettre une analyse plus exhaustive de la santé des forêts.

(Oxford University/wi)

Référence :
Andy Hector et al.: “Positive effects of tree diversity on tropical forest restoration in a field-scale experiment”, SCIENCE ADVANCES, 15th Sep 2023, Vol. 9, Issue 37
DOI: 10.1126/sciadv.adf0938

Pour en savoir plus (en anglais) : 
Partenariat de recherche sur les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est – SEARRP

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Commentaires :

  • user
    olys marie November 29, 2023 A 7:04 pm
    Intéressée