Pour bien des gens de la région, le lac Victoria, en Afrique, n’est ni plus ni moins que la plus grande décharge de la région.
Photo: © Shutterstock/Borkowska Trippin

Faire revivre le lac Victoria – contributions de la coopération internationale

En Afrique de l’Est, il y a des années que le lac Victoria est en mauvais état. La destruction de l’environnement touche des millions de personnes souffrant déjà du changement climatique et de violents conflits. Aujourd’hui, le soutien des programmes internationaux de développement auxquels participe l’Allemagne veut contribuer à sauver l’écosystème du lac et à promouvoir son potentiel. La Coopération suisse dans la région complète le travail de la Banque mondiale et de la KfW allemande.

Le lac Victoria est le plus grand lac d’Afrique et le deuxième lac d’eau douce du monde, en superficie. Il est utilisé en commun par trois pays riverains : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Son bassin hydrologique s’étend jusqu’au Rwanda et au Burundi. 

Pour 30 millions de personnes vivant sur ses rives, ce lac gigantesque d’Afrique de l’Est est une source vitale d’eau et de poissons, et il sert de voie de transport par bateaux.

L’écosystème menace de s’effondrer
 

Le lac est en mauvais état depuis des années mais aujourd’hui, cet important écosystème menace de s’effondrer. Un des problèmes auxquels il est confronté est la propagation rapide d’une espèce de nénuphar apportée d’Amérique du Sud au Rwanda et au Burundi par les anciens maîtres coloniaux belges de ces pays. Ces fleurs de bassins de jardins privent de l’oxygène dont ils ont besoin les poissons et les insectes vivant à proximité des rives. De plus, en raison du réchauffement de la planète, la température de l’eau du lac augmente et des algues bleu-vert se multiplient toujours plus vite, causant des éruptions cutanées et des inflammations stomacales et intestinales chez les humains et pouvant être mortelles pour de nombreux animaux. 

Un autre problème tient à ce que, pour de nombreuses personnes, le lac Victoria est « la plus grande décharge du pays ». Des bouteilles et des sacs en plastique, des pneus et des batteries de voitures finissent dans ses eaux, ainsi que des produits agrochimiques tels que les composés azotés et les phosphates utilisés par le secteur agricole. Et enfin, les excréments humains et les eaux usées non traitées des zones urbaines sont déversés dans le lac et les conséquences sont désastreuses.

Le Fonds mondial pour la nature, une organisation de protection de l’environnement, a déjà déclaré, en 2005, que le lac Victoria était le lac le plus menacé du monde. 

Les nombreux problèmes auxquels le lac est confronté sont encore aggravés par le fait que la population augmente et que la migration interne s’accroît dans la région. Un plus grand nombre de personnes vont ainsi se disputer des ressources naturelles sur le déclin autour du lac, ce qui aura inévitablement une incidence sur la cohésion sociale ainsi que sur les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et l’adaptabilité.   

De vastes efforts de restauration déployés à l’échelle transnationale
 

Depuis plus de 20 ans, des efforts sont déployés pour faire revivre le lac. Toutefois, ces efforts sont régionaux et mettent l’accent sur des aspects individuels. Pour réellement obtenir des résultats durables à grande échelle, il faut s’attaquer aux causes les plus importantes de la pollution sur une base internationale, selon des approches ciblées, exhaustives et à long terme, administrativement coordonnées par des processus transfrontaliers.  

Par exemple, la Banque mondiale appuie, à hauteur de 30 millions de dollars US et jusqu’à la fin de 2025, un programme qui est financé par la Coopération pour les eaux internationales en Afrique (Cooperation in International Waters in Africa – CIWA). Connue comme la Coopération pour la résilience climatique dans le bassin du Nil (Nile Cooperation for Climate Resilience – NCCR), elle a pour objectif d’aider les pays du bassin du Nil et le long du lac Victoria dans le domaine des risques d’inondation et de sécheresse, de la gestion et de la qualité de l’eau, ainsi que dans celui de la gestion des déchets et du renforcement de la sécurité des barrages. Elle cherche en outre à améliorer la coopération transfrontalière et à impliquer les groupes d’intérêts et la société civile. 

La Commission du bassin du lac Victoria (LVBC) participe à la mise en œuvre du programme. La LVBC est l’institution spéciale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) qui coordonne le développement durable et la gestion du lac Victoria dans les cinq pays partenaires de la CAE.

Différents besoins dans la région
 

Partant des approches « Développement vert, résilient et inclusif » et « Assainissement inclusif dans toute la ville », la Banque mondiale s’attaque à un problème supplémentaire pour le lac : le déversement de déchets humains non traités. Le programme coopère avec le secteur privé pour créer des « emplois verts » le long de la chaîne des services sanitaires. 

Mandatée par l’Union européenne et le gouvernement allemand, la banque allemande KfW Entwicklungsbank soutient également la gestion commune et durable du lac Victoria. Les capacités de la banque pour la gestion transfrontalière intégrée des ressources en eau sont renforcées. Parallèlement, la construction de l’infrastructure d’évacuation des eaux usées et des stations d’épuration faisant appel à des technologies modernes de filtrage est accélérée. 

Enfin, la coopération internationale suisse [IC] dans la région des Grands Lacs (Internationale Zusammenarbeit (IZA) der Schweiz in der Region der Grossen Seen) est également présente. Avec ses approches de lutte contre la pauvreté et d’établissement de la paix, elle complète les travaux de la Banque mondiale et de la KfW. Elle améliore la gouvernance, la protection des populations civiles, les services de santé et le développement économique. Par exemple, la Suisse appuie la création de plateformes de dialogue entre la population et le gouvernement afin de promouvoir la responsabilisation des citoyens et leur appropriation des processus décisionnels. Elle accompagne les élections et la réforme constitutionnelle. Et à la suite de la crise du Covid-19, elle soutient l’enseignement professionnel ainsi que les petites et moyennes entreprises. 

La dégradation de ce gigantesque plan d’eau menace les moyens de subsistance de millions de personnes. Mais s’il est vraiment possible de « sauver » le lac, cette véritable mer intérieure peut potentiellement servir de centre de développement économique en Afrique centrale et faire sortir des millions de personnes de la pauvreté. 

Patrik Berlinger est un expert en politique du développement et est responsable de la communication politique chez Helvetas. Contact : patrik.berlinger@helvetas.org

 

Pour en savoir plus :

Lien avec le Fonds mondial pour la nature 

Lien avec les approches « Développement vert, résilient et inclusif » et « Assainissement inclusif dans toute la ville »

Lien avec la KfW 

Lien avec la Coopération suisse au développement – Région des Grands Lacs

 

 

 

 

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