Samadi Rutherford a créé son exploitation familiale en 2010.

« Le vrai problème, c’est le manque de modèles de réussite »

Samadi Rutherford dirige une petite exploitation agropastorale et piscicole dans le nord du Bénin. L’entreprise AgriSam qu’il a créée est spécialisée dans la production et la vente d’aliments pour animaux, mais c’est aussi une pépinière d’entreprises pour de jeunes entrepreneurs agricoles

M. Rutherford, pourquoi votre pépinière d’entreprises pour jeunes exploitants agricoles est-elle si importante ?
Notre ambition est de résoudre les problèmes des jeunes sous-employés – jeunes du secteur agricole ayant abandonné leurs études ou, au contraire, obtenu leur diplôme, mais néanmoins incertains sur leur avenir. Notre centre cherche à ouvrir de nouvelles perspectives à ces jeunes. Au Bénin, la population est jeune et va rester jeune. Et elle connaît un taux élevé de pauvreté résultant, au moins partiellement, d’un système d’enseignement mal ciblé.

Quels sont les plus gros problèmes auxquels sont confrontés les jeunes agriculteurs dans votre région ?
Le vrai problème c’est, d’une part, le manque de modèles de réussite dans les entreprises agricoles, et d’autre part, le manque de formation. Par ailleurs, il n’existe pas de cadre de reconversion sociale. L’accès aux ressources financières et à la terre est très insuffisant et on manque de structures d’investissement dans la gestion de l’eau, ainsi que pour l’accès aux semences et à d’autres intrants.

Comment aidez-vous les jeunes à créer une entreprise ?
Dès que les jeunes sont dans notre centre, nous les encourageons à exprimer leurs propres idées, puis nous leur offrons une formation adaptée. En tant que membres de notre système de partenariat, ils peuvent vendre leurs produits de manière officielle. Notre initiative est volontaire et privée et nous ne recevons actuellement aucune aide de l’État.

Que vous a-t-il manqué pendant votre propre formation (professionnelle) ?
Elle ne m’a pas donné d’expérience en techniques de production agricole et en gestion agricole.

De quoi les jeunes Béninois ont-ils besoin pour avoir un avenir dans l’agriculture ? À quel niveau le gouvernement pourrait-il apporter son aide ?
Pour lutter contre le chômage des jeunes, le gouvernement doit aider les centres agricoles privés tels que le mien en offrant des formations axées sur les innovations et la production. La sécurité du régime foncier et la création d’une banque adaptée aux exigences de l’agriculture sont d’autres points importants à prendre en considération. Par ailleurs, il faudrait que le gouvernement finance ou subventionne les investissements. L’accès à des intrants de qualité tels que les semences et les engrais est absolument crucial. Et il faudrait que ces intrants soient exemptés de toute taxe. Ce que j’aimerais également, c’est la structuration de l’aménagement hydro-agricole et du contrôle des eaux. Sans compter que nos jeunes agriculteurs manquent de machines agricoles pour la production et la transformation. Enfin, les jeunes entrepreneurs agricoles doivent avoir la possibilité de créer des associations d’agriculteurs.

Samadi Rutherford a créé son exploitation familiale en 2010. Depuis 2016, des jeunes à la recherche d’un emploi agricole ont suivi une formation dans l’exploitation. Cette dernière reçoit des stagiaires venant de lycées agricoles, des étudiants en agriculture, ainsi que des locaux. Le Centre AgriSam emploie quatre personnes à plein temps et huit intérimaires.
 

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