« La diversité plutôt que l’uniformité » joue un rôle clé dans le concept d’agroécologie. Cela revient à dire adieu à la monoculture à grande échelle et à disposer d’un plus grand choix de semences pour les agriculteurs.
Photo: Martin Leissl/laif

L’agroécologie – la proposition la plus convaincante de transformation des systèmes agroalimentaires non durables

« L’agroécologie » joue un rôle de plus en plus important dans le débat sur l’avenir de l’agriculture et de l’industrie alimentaire. Est-ce juste un nouveau mot à la mode, qui viendrait s’ajouter à la longue liste des expressions utilisées pour parler de l’agriculture durable, ou est-ce une approche réellement nouvelle exigeant un changement de cap ? Les auteures expliquent.

L’actuel système agroalimentaire industriel, y compris les nombreux aspects de la production et de la distribution, n’est absolument pas durable, pour des raisons environnementales et de santé humaine. Par ailleurs, il ne réussit pas à nourrir le monde, contrairement aux promesses faites il y a plusieurs décennies de cela. Ce constat a été fait dans le rapport sur l’évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies au service de l’agriculture (IAASTD) de 2008 et a été repris dans la déclaration selon laquelle « on ne peut plus faire comme si de rien n’était ». La situation a été décrite de manière encore plus parlante dans le rapport 2013 de la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), intitulé « Wake up before it is too late to make agriculture truly sustainable for food security in a changing climate » (réveillez-vous avant qu’il soit trop tard pour faire en sorte que l’agriculture soit véritablement durable pour assurer la sécurité alimentaire compte tenu du changement climatique). Malheureusement, la faim et la famine continuent de progresser malgré le fait que la production alimentaire est plus que suffisante et que la productivité de la plupart des produits de base continue d’augmenter à l’échelle mondiale.

De plus, depuis de nombreuses années, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme pour dire que l’écosystème mondial est dans une situation précaire et qu’il est peut-être sur le point de basculer en raison des pressions anthropiques. Par exemple, Johan Rockström et ses collègues préviennent que « toute nouvelle pression sur le système terrestre pourrait déstabiliser les systèmes biophysiques essentiels et déclencher des modifications environnementales brutales ou irréversibles qui pourraient être préjudiciables, voire catastrophiques, pour l’être humain, » ce qui pourrait rendre la planète Terre « nettement moins hospitalière » pour les populations humaines, comme le prétendent Will Steffen et ses collègues. Avec d’autres chercheurs, ils ont identifié neuf principaux processus écosystémiques mondiaux régulant la stabilité et la résilience de l’écosystème mondial. Pour chacun d’entre eux, ils ont défini les limites d’un espace de sécurité de fonctionnement pour l’homme. Ils montrent que pour quatre de ces neuf processus, les limites planétaires ont été dépassées en raison des activités humaines : changement climatique, perte d’intégrité de la biosphère (c’est-à-dire de biodiversité), changement du système de gestion des terres et modification des cycles biogéochimiques (phosphore et azote).

Demander des comptes à l’agriculture industrialisée

L’agriculture industrialisée est une des principales causes des pressions anthropiques exercées sur ces processus planétaires. Cette forme d’agriculture a pris l’industrie minière comme modèle en réduisant l’agriculture à une unique fonction : la production de matières brutes (produits de base) pour de longues chaînes d’extraction et de production industrielles d’aliments, de fibres, d’énergie et de produits alimentaires de base. Dans ce modèle, le maïs et le soja, par exemple, ne sont pas différents du pétrole ou du minerai extraits du sol. Par ailleurs, dans ce qu’il est convenu d’appeler les pays moins développés dont l’agriculture est encore peu industrialisée, des groupes puissants exercent des pressions sur les gouvernements nationaux pour les inciter à adopter ces principes de monoculture industrialisée, aux dépens des petits exploitants agricoles, de la santé humaine et de l’environnement. Les produits de ces longues chaînes ouvertes et linéaires de transformation industrielle peuvent être des produits alimentaires, mais ce n’est pas ce à quoi sont essentiellement destinées ces cultures de base. Beaucoup servent de matières premières pour l’alimentation, la production de fibres et, de plus en plus, la production de combustible. Emily Cassidy et ses collègues ont calculé qu’à l’échelle mondiale, environ 59 pour cent seulement de la totalité des calories produites vont au système alimentaire mondial. Toutefois, alors que dans les pays en développement plus de 80 pour cent des calories produites par la culture vont à l’alimentation humaine, ce pourcentage est seulement de 34 pour cent aux États-Unis. Le reste « alimente » des moteurs, certaines industries et certains sites d’élimination des déchets. Emily Cassidy et ses collègues ont constaté que si l’actuelle combinaison de cultures était exclusivement et directement destinée à la consommation humaine, elle pourrait, en principe, alimenter actuellement quatre milliards de personnes en plus, alors qu’aujourd’hui plus de 800 millions meurent de faim.

Comme tous les produits de base, ces cultures de base font l’objet d’un commerce et d’un transport mondiaux. Dans pratiquement tous les pays industriels (ainsi que dans ceux qui s’efforcent de le devenir), des politiques et des systèmes auxiliaires ont été mis en place pour récompenser les agriculteurs qui regroupent leurs exploitations en unités et entreprises plus grandes afin de produire les plus grandes quantités possibles de matières premières à partir de quelques cultures seulement, par exemple celles du soja, du maïs, du colza, du blé ou du coton. Ces systèmes agroalimentaires industriels dépendent d’intrants externes tels que les combustibles fossiles, les pesticides et les engrais synthétiques pour assurer la production à grande échelle de ces quelques cultures de base, cultivées essentiellement, sinon exclusivement, pour leur rendement. Dans les programmes de sélection de ces variétés à haut rendement utilisées dans les systèmes industriels, peu d’importance a été accordée à l’adaptation aux conditions locales et à la résistance aux nuisibles et aux maladies.

Le concept de l’agroécologie

L’agroécologie est un concept de plus en plus intéressant pour ceux qui souhaitent transformer les actuels systèmes agroalimentaires non durables en systèmes durables. En 1983, Miguel Altieri l’a définie comme l’application de principes écologiques à l’agriculture et elle inclut fondamentalement les agriculteurs et s’appuie sur leurs connaissances. Il a proposé que les systèmes agroécologiques soient basés sur cinq principes écologiques : 1) recycler la biomasse et équilibrer les flux de nutriments et leur disponibilité ; 2) garantir des conditions de sol favorables à la croissance des plantes en renforçant sa teneur en matières organiques ; 3) minimiser les pertes de rayonnement solaire, d’eau et de nutriments en gérant le microclimat et la couverture du sol et en pratiquant la collecte des eaux ; 4) accroître la diversification biologique et génétique des terres cultivables ; et 5) favoriser les interactions biologiques bénéfiques et minimiser le recours aux pesticides.

Pour d’autres, l’agroécologie n’est pas seulement un système de production alimentaire ou une discipline scientifique ; c’est aussi un mouvement social qui établit un lien entre les producteurs et les consommateurs et qui critique les effets de l’industrialisation et le cadre économique du marché alimentaire mondialisé. Selon Michel Pimbert, l’agroécologie est basée sur l’autonomie, l’utilisation prudente des ressources et la coopération tout au long de la chaîne agroalimentaire. L’agroécologie n’est par conséquent ni un système de production défini ni une technique de production. C’est plutôt un ensemble de principes et de pratiques visant à améliorer la durabilité d’un système agricole adapté aux conditions locales et en tant que mouvement, elle cherche de nouveaux moyens d’établir un lien entre les producteurs de denrées alimentaires et les consommateurs – une approche qui est primordiale pour la sécurité alimentaire.

Parmi les nombreuses formes de systèmes de production agroécologique, seuls les produits issus de la production biologique sont soumis à une réglementation mondiale, avec des lois et des lignes directrices pour les labels privés. Toutefois, les diverses formes de production, qu’elles soient codifiées biologiques ou agroécologiques, diffèrent toutes considérablement de l’agriculture conventionnelle industrialisée (voir le tableau).

Voies concurrentes proposées pour l’agriculture durable – de réelles solutions ou de la poudre aux yeux ?

Des concepts concurrents alléguant eux aussi un fondement technologique et visant à rendre l’agriculture industrielle plus durable sont également proposés. Des solutions technoscientifiques propriétaires sont envisagées comme principaux moteurs du changement et de l’accroissement de la productivité, les rendements en monoculture, par unité de superficie, restant le principal objectif et la principale garantie de sécurité alimentaire. Le Comité permanent de la recherche agronomique (CPRA) de la Commission européenne a opposé deux types principaux de propositions de changement dans son 3ème exercice de prospective CPRA publié en 2011, et les a nommés « productivity narrative » (récit de la productivité) et « sufficiency narrative » (récit de la suffisance). La suffisance est un élément de la durabilité. Elle représente la modération ou la tempérance, c’est-à-dire la production et la consommation adaptées aux ressources disponibles.

Selon le récit de la productivité, les progrès techniques doivent produire des variétés à haut rendement (de préférence protégées par un brevet, par ex. en utilisant des techniques de génie génétique) qui soient ouvertes aux technologies de précision automatisées, en tenant compte de la rareté des ressources et des problèmes environnementaux. Ces stratégies ont pour objectif d’utiliser plus efficacement les intrants externes, ce qui contribuerait peut-être à réduire leur utilisation mais certainement pas à l’augmenter. L’amélioration de l’efficacité doit venir de solutions de haute technologie offrant les intrants nécessaires groupés avec les équipements techniques nécessaires (de préférence autonomes), par ex. robots ou drones guidés par GPS et, surtout, la quintessence du savoir-faire sous la forme d’un logiciel propriétaire (big data). Dans cette vision, un agriculteur devient soit un investisseur, un « agriculteur virtuel » qui gère son exploitation de loin, de son domicile ou de son bureau par l’intermédiaire d’un ordinateur, soit un technicien agricole exécutant les protocoles et instructions propriétaires élaborés par l’industrie – contre rémunération. Ces concepts technologiques sont appelés « agriculture intelligente face au climat » (climate-smart agriculture – CSA) ou « agriculture de précision » (precision agriculture/farming). La modération de la production adaptée aux conditions locales ou à la réduction de la consommation est hors de question dans ce « récit ».

La « climate-smart agriculture – CSA » s’inscrit essentiellement dans un contexte de développement et est née du débat qui a eu lieu dans les cercles internationaux des Nations unies sur l’interdépendance des enjeux du changement climatique, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Elle bénéficie d’un soutien considérable de la part d’acteurs institutionnels majeurs des Nations unies : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fonds international de développement agricole (FIDA), et surtout ses centres internationaux de recherche agricole du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI).

L’expression « precision agriculture/farming » nous vient des États-Unis et elle trouve ses plus importants supporters et développeurs dans les industries mondiales des intrants, de la transformation et du commerce agricoles qui sont les principaux moteurs des actuels systèmes agroalimentaires industriels destructifs. Elles sont soutenues par les gouvernements de l’Amérique du Nord et de l’Union européenne qui contribuent également à promouvoir ces systèmes agroalimentaires « CSA » ou « de précision » dans les parties du monde où les systèmes agroalimentaires les plus industrialisés sont déjà en place, par ex. l’Amérique du Sud ou les pays de l’Europe de l’Est.

Apparemment identique, mais en fait différent

Pour l’essentiel, la rhétorique de la CSA, mais aussi de l’agriculture de précision, rappelle la formulation utilisée dans l’agroécologie et s’appuie sur des analyses similaires. Selon Ben Lilliston, cette rhétorique crée une ambigüité en ce qui concerne la signification de ces expressions et s’approprie la récente popularité de l’agroécologie tout en visant simultanément à « étouffer le soutien croissant dont elle bénéficie de la part des chercheurs et des mouvements sociaux. » Des stratégies similaires ont été identifiées par Nicolas Lampkin et ses collègues en comparant les différentes approches conceptuelles de « l’intensification durable » aux approches véritablement agroécologiques. Par exemple, une description du genre « la CSA n’est pas un ensemble de pratiques se prêtant à une application universelle, mais est plutôt une approche concernant différents éléments inscrits dans des contextes locaux » emprunte beaucoup à la phraséologie de l’agroécologie. Elle donne également à penser qu’elle poursuit les mêmes objectifs que l’agroécologie, par exemple la sécurité alimentaire, la résilience, l’utilisation durable des ressources naturelles, la réduction des émissions et de la déforestation. Toutefois, la principale différence réside dans ce qui n’est pas mentionné mais qui sont des éléments clés de l’agroécologie : petits agriculteurs, souveraineté alimentaire, approvisionnement local, et chaînes de production courtes et circulaires. Les connaissances indigènes et traditionnelles n’ont pratiquement aucune valeur ou ne jouent aucun rôle dans la vision de la CSA ou de l’agriculture de précision.



Dans les systèmes agroécologiques, les progrès scientifiques et les technologies jouent également un rôle primordial, mais en contribuant à atteindre l’objectif consistant à mettre au point des systèmes agroalimentaires hautement productifs qui respectent les écosystèmes et économisent les ressources grâce à un changement de comportement et à des pratiques agroécologiques adaptées aux conditions locales. Contrairement aux visions concurrentes mentionnées plus haut, les approches agroécologiques mettent la production alimentaire et l’homme au centre des préoccupations et font des agriculteurs des acteurs clés. Idéalement, des technologies auxiliaires en adéquation avec les capacités des agriculteurs leur sont offertes afin qu’ils puissent les maîtriser et se les approprier. L’éducation et la formation qui améliorent les connaissances et les compétences des agriculteurs sont primordiales. Cette approche nécessitera un changement fondamental des structures de soutien politiques, économiques et institutionnelles. Une véritable transformation écologique, ce n’est plus « continuer de faire comme avant » ; elle nécessite une « refonte du système » visant à s’écarter de la ruine, alors que toutes les propositions concurrentes essaient, d’une façon ou d’une autre, de se « conformer » au cadre socio-économique et commercial actuel et, ce faisant, de le sauver, ainsi que les structures de pouvoir et de profit qui lui sont associées (voir Figure). Ainsi, dans le meilleur des cas, offrent-elles des approches dont on peut dire qu’elles sont légèrement préférables au « statu quo léger », mais qui continuent malgré tout d’aller à la ruine – sauf qu’elles mettront un peu plus de temps pour y arriver.

Angelika Hilbeck est chercheuse principale à l’Institut de biologie intégrative de l’École polytechnique fédérale (ETH) de Zurich, Suisse.

Bernadette Oehen est chercheuse principale au Département des sciences économiques et sociales de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL) de Frick, Suisse.
Contact : angelicka.hilbeck@env.ethz.ch


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