Sans transformation durable, les systèmes alimentaires détruisent plus de valeur qu'ils n'en produisent, contribuant ainsi à un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Photo: © Shutterstock/DC-Studie

La transformation des systèmes alimentaires pourrait générer un bénéfice de plusieurs billions de dollars

La transformation des systèmes alimentaires dans le monde entier pourrait avoir des retombées socioéconomiques se chiffrant en billions de dollars US par an. C’est ce que montre un nouveau rapport sur la politique mondiale signé par des économistes et des scientifiques de la Commission sur l’économie des systèmes alimentaires (Food System Economics Commission – FSEC). Les recherches effectuées à ce jour sur l’économie des systèmes alimentaires montrent qu’actuellement, ils détruisent plus de valeur qu’ils n’en créent. D’autre part, le coût de la transformation serait très inférieur aux avantages potentiels, ce qui offrirait une vie meilleure à des centaines de millions de personnes.

Selon un récent rapport sur la politique mondiale préparé par d’éminent économistes et scientifiques de la Commission de l’économie des systèmes alimentaires (FSEC), ces systèmes détruisent plus de valeur qu’ils n’en produisent et il est par conséquent urgent de réorganiser leurs politiques. Dans cette évaluation, les coûts de l’inaction face à la nécessité de transformer les systèmes alimentaires déficients seront probablement supérieurs aux estimations compte tenu du fait que le monde continue d’emprunter à grande vitesse une voie extrêmement dangereuse.  

« Il est probable que nous allons non seulement franchir la limite de 1,5°C, mais aussi connaître des décennies de dépassement de cette limite, » déclare Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche de Potsdam (Allemagne) sur les effets du changement climatique (PIK) et directeur de la FSEC. « Le seul moyen de revenir à 1,5°C consiste à progressivement abandonner les combustibles fossiles, préserver la nature et transformer les systèmes alimentaires de sorte qu’ils ne soient plus la source mais des puits de gaz à effet de serre. Le système alimentaire mondial tient par conséquent l’avenir de l’humanité sur Terre dans ses mains, » ajoute-t-il.

Les systèmes alimentaires sont un moyen puissant de sauver 174 millions de vies d’une mort prématurée
 

Dans le rapport, qui a été publié le 29 janvier, les chercheurs présentent la modélisation la plus complète à ce jour des conséquences de deux voies possibles du système alimentaire mondial ; la voie « Tendances actuelles » et la voie « Transformation des systèmes alimentaires ». Dans la première (Tendances actuelles), le rapport décrit ce qui se passera d’ici 2050, même si les décideurs politiques respectent tous les engagements actuels : l’insécurité alimentaire fera que 640 millions de personnes (parmi lesquelles 121 millions d’enfants) seront en insuffisance pondérale dans certaines parties du monde, alors que l’obésité augmentera de 70 pour cent à l’échelle mondiale.

Les systèmes alimentaires continueront de produire un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui contribuera à augmenter de 2,7 degrés le réchauffement de la planète d’ici la fin du siècle, comparativement à la période préindustrielle. La production alimentaire va devenir de plus en plus vulnérable au changement climatique et il est probable que les phénomènes météorologiques extrêmes augmenteront de manière considérable.

La Commission considère également que les systèmes alimentaires peuvent au contraire contribuer de manière significative aux économies et apporter des solutions aux problèmes sanitaires et climatiques. En empruntant la voie « Transformation des systèmes alimentaires », les économistes montrent que d’ici 2050, de meilleures politiques et pratiques pourraient permettre d’éradiquer la sous-nutrition et qu’on pourrait éviter globalement 174 millions de décès prématurés dus aux maladies chroniques liées à l’alimentation.   

Les systèmes alimentaires pourraient devenir des puits de carbone nets d’ici à 2040 et contribuer à limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 degré C d’ici la fin du siècle, à protéger 1,4 milliard d’hectares de terres, à réduire de près de moitié l’excédent d’azote dû à l’agriculture et à inverser les pertes de biodiversité.

Par ailleurs, dans le monde entier, 400 millions de travailleurs agricoles pourraient disposer de revenus suffisants.  « Le coût de cette transformation – estimé à l’équivalent de 0,2 à 0,4 pour cent du PIB mondial par an – est faible par rapport aux bénéfices de plusieurs billions de dollars qu'elle pourrait apporter. Les systèmes alimentaires sont un puissant moyen de faire face, simultanément, aux urgences mondiales liées au climat, à la nature et à la santé, tout en offrant une vie meilleure à des centaines de millions de personnes, » déclare Hermann Lotze-Campen, commissaire de la FSEC et directeur du département de recherche « Résilience au changement climatique » au PIK.

« Au lieu d’hypothéquer notre avenir et de contribuer à l’augmentation des coûts sanitaires et environnementaux cachés qu’il faudra bien payer un jour, les décideurs politiques doivent relever avec détermination le défi des systèmes alimentaires et apporter les changements qui offriront des avantages à court et long terme à l’échelle de la planète, » déclare Ottmar Edenhofer, directeur du PIK et coprésident de la FSEC. « Ce rapport doit amener les principales parties prenantes à entamer les débats indispensables sur la façon d’accéder à ces avantages tout en n’oubliant personne en cours de route, » conclut-il.

La Commission Économie des systèmes alimentaires (FSEC) est une commission universitaire indépendante mise en place pour fournir aux décideurs politiques et économiques des outils et des éléments factuels leur permettant de modifier les systèmes d’alimentation et d’utilisation des terres. Elle réunit d’éminents experts de l’économie du changement climatique, de la santé, de la nutrition, de l’agriculture et des ressources naturelles, qui représentent des organisations telles que l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, l’Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale, la London School of Economics, le World Resources Institute Africa, et d’autres encore.

(PIK/wi)

 

Lien avec le rapport de la FSEC sur la politique mondiale intitulé « The Economics of the Food System Transformation » 

 

 

 

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