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Des méthodes pré- et post-récolte pour la gestion de l’aflatoxine chez l’arachide
Les effets de la contamination par l’aflatoxine
L’aflatoxine est une substance toxique produite par des moisissures qui peuvent se développer sur des produits agricoles. C’est un produit cancérigène qui peut causer divers types de cancers, notamment celui du foie chez l’homme. Elle a un effet synergique avec les virus de l’hépatite B et C, lequel aggrave le risque de contracter ces maladies. Le champignon diminue l’efficacité du système immunitaire face à l’invasion de substances. L’aflatoxine altère aussi la croissance chez les enfants et cause des cirrhoses infantiles. Chez les volailles et le bétail, l’aflatoxine peut entraîner un manque d’appétit, une perte de poids, une réduction de la production d’œufs et la contamination de produits tels que le lait et d’autres produits alimentaires. Les produits alimentaires sensibles à la contamination par l’aflatoxine sont l’arachide, le maïs, le sorgho, le riz, le mil, le blé, le soja, le tournesol et le coton. Les piments, le poivre noir, le safran, la coriandre, le gingembre, l’amande, la pistache, la noix de coco, le lait et ses dérivés sont d’autres produits pouvant être contaminés par l’aflatoxine.
Facteurs contribuant à la contamination de l’arachide par l’aflatoxine
Les facteurs contribuant à la contamination par ce champignon sont sa présence dans le sol et dans l’air. Chez l’arachide l’infection peut se produire à tous les stades, de la pré-récolte au stockage et provoquer la production d’aflatoxines dans les graines. En période de pré-récolte, divers facteurs contribuent à fournir un terrain propice à la contamination de l’arachide par l’aflatoxine : l’utilisation de variétés sensibles à ce champignon, une sécheresse de plus de 20 jours en fin de cycle, des températures moyennes du sol de 28-31° C, des fissures et des dégâts mécaniques sur les gousses, les attaques des gousses par les termites ou encore les foreurs de gousses.
Dans la période post-récolte, certains autres facteurs liés à la qualité du stockage peuvent également contribuer à la contamination de l’arachide par l’aflatoxine.
Pour diminuer, limiter ou éviter les risques de contamination par l’aflatoxine chez les plantes, l’ICRISAT recommande aux producteurs d’utiliser des variétés d’arachide résistant à l’aflatoxine, de sélectionner des graines saines et de les traiter avant le semis avec un produit (fongicide) adapté aux semences.
Il est conseillé aux producteurs d’épandre du fumier et du compost avant les semis, d’appliquer du trichoderma, de la chaux ou du gypse 35 jours après les semis (juste après la floraison) et de maintenir une densité optimale des plants dans les champs. De même, les chercheurs de l’ICRISAT recommandent aux producteurs d’éviter si possible la sécheresse de fin de saison en irriguant les champs et de traiter les maladies foliaires. Ils sont encouragés à débarrasser les champs des plants morts avant la récolte et à récolter à maturité.
Afin d’éviter les dégâts mécaniques sur les gousses en période post-récolte, il leur est conseillé d’insérer la lame de la charrue sous la zone de gousses, de sécher les récoltes pendant 3 à 5 jours en adoptant la méthode de séchage en ligne face au vent. Il est très important de bien sécher les moissons afin que le taux d’humidité des gousses soit inférieur à 8 pour cent. Le lieu de stockage doit être situé sur un site surélevé, bien drainé. Il doit être protégé contre l’humidité, l’excès de chaleur, les insectes, les rongeurs et les intempéries. Il doit être choisi en fonction de la quantité d’arachides à stocker.
« L’ICRISAT, l’Institut d’Économie rurale du Mali (IER) et d’autres partenaires de la région ont enregistré des progrès énormes dans la lutte contre l'aflatoxine. Des pratiques culturales améliorées, des méthodes de gestion intégrée pré- et post-récolte ainsi que de nombreuses variétés d’arachide résistantes à l’aflatoxine ont été testées en collaboration avec un grand nombre de paysans à Bougouni, Kayes, Kita, Kolokani et Koutiala » signale le Dr. Farid Waliyar, Directeur régional de l’ICRISAT pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Témoignage de Bagui Traoré, producteur d'arachides à Kolokani, Mali
« J'ai appris à utiliser des produits tels que la chaux, les engrais et les résidus de culture de manière appropriée afin d’accroître la productivité et les rendements. Cela a eu pour effet de réduire la teneur en aflatoxines des arachides que je produisais. Maintenant, je sais mieux comment répondre aux normes nationales et internationales du marché des arachides. Ces méthodes s’appliquent au champ, de la période pré-récolte à la période post-récolte. Je sais mieux comment récolter mes arachides et les conditionner correctement jusqu'au moment où elles sont vendues et consommées ».
De plus, beaucoup de gens se plaignaient constamment de ballonnements et de constipation après avoir mangé certaines arachides. Depuis que nous utilisons les méthodes recommandées pour réduire les aflatoxines dans nos productions d’arachides, les gens se plaignent moins de ces maux ».
Tout comme au Mali, les technologies de gestion intégrée de l’aflatoxine chez l’arachide sont transférées aux paysans nigériens via la mise en place d’essais et démonstrations et la tenue de journées portes ouvertes. L’objectif des journées portes ouvertes consiste à présenter les bonnes pratiques de récolte et de séchage à un grand nombre de paysans. Ces démonstrations de bonnes pratiques de récolte et de séchage (méthodes améliorées) sont précédées par des démonstrations des pratiques traditionnelles. Ainsi, les paysans peuvent constater les avantages comparatifs de la méthode améliorée. Plusieurs questions des paysans par rapport à la qualité de l’arachide ont trouvé leurs réponses dans ces expériences pratiques.
Le transfert aux paysans des technologies de gestion intégrée de l’aflatoxine chez l’arachide est mené en collaboration avec les instituts nationaux de recherche agronomique, les organisations paysannes, les ONG et les projets de développement, les structures nationales de vulgarisation et de recherche, ce qui laisse espérer une continuité et un fort taux d’adoption. D’autres acteurs de la filière arachide, et notamment les commerçants et les transformatrices, pourraient être formés au cours des prochaines années afin que leurs exigences de qualité sur les marchés incitent d’avantage les paysans à améliorer la qualité de leur production d’arachides.
Agathe DIAMA, ICRISAT,
Service d'information pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre
a.diama@icrisatml.org
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