Des chercheurs d’une université de Singapour ont produit une huile comestible à base de microalgue, ce qui pourrait contribuer à réduire l’utilisation d’huile de palme dans l’alimentation humaine et dans l’industrie.
Photo: © NTU

Utiliser une microalgue pour produire une alternative à l’huile de pal

À partir d’une microalgue, des chercheurs de Singapour et de Malaisie ont obtenu une huile qui pourrait remplacer l’huile de palme dans la production alimentaire. Cette huile est plus riche en acides gras polyinsaturés, ce qui peut contribuer à diminuer les taux de « mauvais » cholestérol dans le sang et réduire les risques de maladie cardiaque et d’accidents vasculaires cérébraux.

Une équipe de chercheurs conduite par l’université de technologie de Nanyang, Singapour (NTU Singapour), a mis au point une méthode permettant de produire et d’extraire efficacement une huile végétale à partir d’un type de microalgue commune. L’huile ainsi produite étant comestible et ayant des propriétés supérieures à celles de l’huile de palme, la méthode d’extraction nouvellement découverte pourrait constituer une alternative plus saine et plus écologique à l’huile de palme.

Comparativement à l’huile de palme, l’huile extraite de la microalgue est plus riche en acides gras polyinsaturés, particularité pouvant contribuer à abaisser le taux de « mauvais » cholestérol dans le sang et réduire le risque de maladie cardiaque et d’AVC chez les personnes. Élaborée en collaboration avec des chercheurs de l’université de Malaisie, Malaisie, cette huile tirée d’une microalgue contient également moins d’acides gras saturés dont on connaît les liens avec les accidents vasculaires cérébraux et les problèmes qui leur sont associés.

L’huile de palme est l’huile végétale la plus utilisée dans le monde. Elle entre dans la composition d’environ la moitié des produits de consommation et joue un rôle central dans un large éventail d’applications industrielles. Les agriculteurs ont produit 77 millions de tonnes d’huile de palme pour le marché mondial en 2018, et ce volume devrait atteindre 107,6 millions de tonnes d’ici à 2024.

Toutefois, l’expansion rapide des plantations de palmiers à huile est responsable d’une déforestation massive dans plusieurs pays et détruit l’habitat d’espèces indigènes menacées.

Pour produire cette nouvelle huile, on ajoute de l’acide pyruvique, un acide organique présent dans toute cellule vivante, à une solution d’algue Chromochloris zofingiensis et on expose le mélange à des rayons ultraviolets pour stimuler la photosynthèse.

L’équipe de chercheurs de la NTU a séparément mis au point une innovation permettant de réduire les coûts et consistant à remplacer le milieu de culture de la microalgue par des résidus de soja fermenté tout en améliorant le rendement de la biomasse de la microalgue.

Au bout de 14 jours, la microalgue est lavée, séchée puis traitée avec du méthanol pour rompre les liens entre l’huile et la protéine de l’algue et ainsi extraire le précieux liquide. L’équipe a également mis au point une technologie de transformation verte pour extraire efficacement l’huile végétale obtenue à partir de la microalgue.

Pour produire l’huile végétale nécessaire à la fabrication d’une tablette de chocolat de 100 grammes vendue en magasin, il faudrait 160 grammes d’algue.   

Les résultats de l’étude ont été publiés en février dernier dans Journal of Applied Phycology, une publication scientifique évaluée par les pairs.

Les microalgues – une approche à triple volet du changement climatique
 

En plus d’être une alternative plus écologique à la culture de palmiers pour produire des huiles et des graisses végétales, la technique élaborée par la NTU pourrait contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les déchets alimentaires. Les chercheurs déclarent que, une fois effectuée à grande échelle, la production d’huile végétale assurée par la lumière naturelle du soleil et non pas par des rayons ultraviolets contribuerait à éliminer du dioxyde de carbone de l’atmosphère en le transformant en biomasse et en oxygène grâce à la photosynthèse. Pendant leur croissance, les microalgues transforment le dioxyde de carbone en biomasse à un rythme relativement élevé. 

Dans une étude séparée, les chercheurs du programme des sciences et de la technologie alimentaires à la NTU ont également élaboré un procédé de production du principal réactif nécessaire à la culture des microalgues, l’acide pyruvique. Ce procédé consiste à faire fermenter des déchets organiques, par exemple des résidus de colza et des pelures de fruits, formule qui non seulement diminue les frais de production mais contribue également à réduire les déchets alimentaires.

« Notre solution constitue une approche à trois volets de résolution de trois problèmes pressants. Nous tirons parti du concept de création d’une économie circulaire en trouvant des utilisations à ce qui serait des déchets et en les réinjectant dans la chaîne alimentaire.

Dans ce cas, nous nous en remettons à un processus naturel clé, la fermentation, pour convertir cette matière organique en solutions riches en nutriments susceptibles d’être utilisées pour cultiver des algues, ce qui non seulement réduit notre dépendance à l’huile de palme mais extrait du carbone de l’atmosphère, » a déclaré Jun-Hui Chen

Référence :

Jun-Hui Chen, Dong Wei, Phaik-Eem Lim, Jun Xie, Wei Ning Chen: “Screening and effect evaluation of chemical inducers for enhancing astaxanthin and lipid production in mixotrophic Chromochloriszofingiensis”, publié en février 2022 dans Journal of Applied Phycology ; DOI 10.1007/s10811-021-02618-6

 

Pour en savoir plus :

Lire le communiqué de presse intégral

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