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Le relâchement fait grimper le coût de l’éradication de la faim d’ici 2030
Une étude conduite par le Centre de recherche pour le développement (ZEF) de l’université de Bonn en Allemagne montre que la mise en œuvre de mesures à court terme, à impact immédiat et offrant un potentiel élevé de réduction de la faim permettrait encore de mener à bien l’engagement du G7 sur les six années restantes, à condition d’augmenter les investissements dans l’alimentation et l’agriculture de 27 milliards d’USD par an. Ce montant représente une hausse de 90 % par rapport à une estimation publiée il y a quatre ans par les mêmes auteurs du ZEF et de la FAO.
Toutefois, les investissements supplémentaires requis pour éradiquer la faim d’ici 2030 en utilisant les mesures proposées atteindraient, eux, 90 milliards d’USD par an. Cela signifie que pour que l’objectif « Zéro Faim » se concrétise, les interventions à court terme devront être combinées avec des investissements à long terme capables d’avoir un impact durable au-delà de 2030.
Pour cela, un programme complet d’innovations est nécessaire pour équilibrer les interventions à court terme et les investissements publics et privés supplémentaires et pour améliorer durablement la productivité des systèmes alimentaires mondiaux. L’étude du ZEF estime que ces mesures nécessiteraient des investissements supplémentaires de l’ordre de 21 milliards d’USD par an si l’on voulait réussir à éradiquer la faim d’ici 2040.
Scénarios pour atteindre l’ODD 2
Deux scénarios sont présentés dans l’étude 2024 :
(1) Urgence pour 2030 – mesures assorties d’investissements à court terme efficaces :
- Il suffirait, pour tenir l’engagement pris par le G7 de sortir 500 millions de personnes de la pauvreté et de la malnutrition d’ici 2030, d’augmenter les investissements existants de 27 milliards d’USD par an (ou 146 milliards d’USD au total entre 2025 et 2030). Ce montant représente plus du double des 11 à 14 milliards d’USD estimés en 2020.
- Les dix mesures à court terme pourraient sortir environ 700 millions de personnes de la faim et de la malnutrition d’ici 2030 pour un coût supplémentaire de 93 milliards d’USD par an (512 milliards d’USD au total).
(2) Réalisme avec urgence – investir sans plus tarder dans l’élimination de la faim d’ici 2040
- Il serait possible de sortir 500 millions de personnes de la pauvreté et de la malnutrition d’ici 2040 en augmentant les investissements d’environ 10 milliards d’USD par an (ou 116 milliards d’USD au total entre 2025 et 2040).
- Pour sortir environ 700 millions de personnes de la faim et de la malnutrition d’ici 2040, le coût supplémentaire double quasiment pour atteindre environ 21 milliards d’USD par an (223 milliards d’USD au total).
Implications en termes de politiques et de gouvernance des systèmes alimentaires mondiaux
Dans la lutte contre la faim dans le monde, le coût humain et financier du relâchement est particulièrement lourd, notent les chercheurs dans leur étude. Au vu du peu de temps qui reste d’ici 2030, les options d’investissement faisables se restreignent et les montants nécessaires pour mener à bien l’objectif « Zéro Faim » augmentent de manière exponentielle. Le report de l’échéance de l’ODD 2 à 2040 serait la triste conséquence de l’insuffisance des actions menées durant la première décennie des ODD. Les chercheurs suggèrent les mesures suivantes, liées à la gouvernance des systèmes alimentaires, et les implications associées au niveau politique :
1. Des efforts immédiats et concertés sont nécessaires pour mobiliser des investissements substantiels en faveur d’interventions à court terme de réduction de la faim, en mettant l’accent sur les transferts d’argent aux personnes dans le besoin, sur l’aide humanitaire et sur les programmes de protection sociale.
2. L’association de mesures à court terme et de stratégies à long terme est cruciale pour réduire durablement la faim au-delà de 2030 et nécessite la création d’un programme d’innovations équilibrant des interventions à court terme efficaces et des investissements publics et privés supplémentaires dans des solutions durables et capables d’améliorer la productivité.
3. Les mesures politiques mondiales essentielles à prendre en considération pour éliminer la faim sont les suivantes :
- faciliter l’intégration d’actions de niveau mondial dans les principaux secteurs associés à la réduction de la faim, avec des mesures sur la résilience climatique, la santé, la biodiversité et le commerce international ;
- élaborer un solide agenda financier pour les investissements dont le monde a besoin pour éliminer la faim et atteindre d’autres objectifs nutritionnels clés ;
- encourager les innovations institutionnelles et l’amélioration de la coordination afin de consolider l’interface entre science et politique tant au niveau national que mondial ;
- renforcer les capacités de mise en œuvre des pays, particulièrement des pays émergents, en augmentant l’aide nationale et internationale ;
- tirer parti d’initiatives telles que l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, proposée par la présidence brésilienne du G20, pour accélérer les progrès à ce niveau.
(ZEF/wi)
Pour en savoir plus:
Lien vers le document de discussion du Centre de recherche pour le développement (ZEF) : von Braun, J., Chichaibelu, B. B., Laborde D. and M. Torero Cullen. 2024. Cost of Ending Hunger – Consequences of Complacency, and Financial Needs for SDG2 Achievement. (ZEF Discussion Paper 347), PDF
L’étude du Centre de recherche pour le développement est disponible ici et la note d’orientation associée ici.
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