Accouplement de deux criquets migrateurs.
Photo: © CABI

Comment lutter contre les criquets migrateurs avec des biopesticides

Une récente étude menée par des chercheurs du laboratoire conjoint pour la sécurité biologique du MARA chinois et du CABI (Chinese MARA-CABI Joint Laboratory for Biosafety) révèle la période optimale d’application de biopesticides plus sûrs et plus respectueux de l’environnement pour lutter contre le criquet migrateur.

Locusta migratoria manilensis, communément appelé criquet migrateur, est considéré comme un des ravageurs les plus dangereux pour la production agricole et la sécurité alimentaire en Asie du Sud-Est, y compris en Chine. Les espèces végétales menacées sont notamment le maïs, le riz et l’arachide. Il peut aussi considérablement endommager les pâturages.

Même si la Chine n’a pas connu d’attaque majeure ces dernières années, il existe encore, dans les marécages des provinces de Jilin, Shanxi et Shandong, des populations très denses de criquets migrateurs qui menacent la production alimentaire et l’écologie de la région.

Selon la docteure Hongmei Li, auteure principale et chercheuse sénior au CABI, en Chine, ainsi que ses collègues du National Agro-Tech Extension and Service Centre, Beijing, de l’université de Zhejiang et de l’université de Cordoue, en Espagne, la température du corps des criquets est un facteur clé de l’efficacité des biopesticides.

Les chercheur·se·s soulignent que les champignons entomopathogènes contribuent grandement à réduire les quantités de pesticides nocifs utilisés pour lutter contre le criquet migrateur mais qu’ils ont tendance à être plus efficaces sur les insectes dont la température corporelle est plus basse.  

La docteure Hongmei Li et ses collègues indiquent que les biopesticides doivent être appliqués sur les jeunes criquets au lever du jour ou à la tombée de la nuit, lorsque leur température corporelle est favorable au développement des champignons entomopathogènes – ce qui minimise le risque d’invasion acridienne.

Elle déclare à ce sujet que « les techniques actuelles de lutte contre les ravageurs seraient plus efficaces si on pouvait connaître les rythmes comportementaux du ravageur ciblé et sa température corporelle, aspects critiques peu étudiés qui limitent potentiellement l’efficacité des biopesticides dans les conditions naturelles. »

Publiée dans Frontiers in Physiology, l’étude cherche à connaître les modes de comportement des criquets migrateurs au stade de larves et d’ailés et à comprendre, dans le cadre d’observations sur le terrain, les facteurs environnementaux qui modulent leur température corporelle.

L’application de biopesticides doit viser les jeunes criquets
 

Un prélèvement intensif sur le terrain a été effectué dans deux des principales régions de reproduction en Chine. Cette opération incluait l’enregistrement des températures corporelles – du jour et de la nuit – de 953 criquets, ainsi que de leurs caractéristiques morphologiques (stade de développement, sexe et taille) et de leur microhabitat.

Les résultats de l’étude montrent que les criquets préfèrent le sol comme principal sous-habitat de leur activité, notamment pour les larves. Les ailés ont tendance à monter plus haut dans le couvert végétal à deux pics de la journée – de 10 h 00 à 11 h 00, et de 14 h 00 à 15 h 00. Le jour, la température du corps des criquets augmente selon le stade de développement et la taille, alors que la nuit, c’est le contraire.

Selon les chercheurs, les champignons entomopathogènes sont plus efficaces lorsque la température du corps du ravageur ciblé se situe dans une plage donnée, ni trop élevée, ni trop basse. Pour la docteure Hongmei et ses collègues, l’application de biopesticides doit donc viser les jeunes criquets – pulvérisation le matin ou à la tombée de la nuit, lorsque leur température corporelle est plus basse.

Les scientifiques concluent en insistant sur le fait que les données recueillies sur le terrain concernant les ravageurs identifiés pourraient ultérieurement compléter les technologies de pointe utilisées pour lutter contre les nuisibles des cultures agricoles. Cela inclut l’observation de la terre et d’autres applications agricoles.

Le MARA-CABI Joint Laboratory for Biosafety est un partenariat collaboratif entre le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales et l’Organisation internationale britannique CAB. Il inclut également l’Institut de la protection des plantes, de l’Académie chinoise des sciences agricoles.

 (CABI/wi)

 

Référence:

Vous pouvez également consulter le document en accès libre ici:

Li H, Zhu J, Cheng Y, Zhuo F, Liu Y, Huang J, Taylor B, Luke B, Wang M and González-Moreno P (2023), Daily activity patterns and body temperature of the Oriental migratory locust, Locusta migratoria manilensis (Meyen), in natural habitat. Front. Physiol. 14:1110998. DOI: 10.3389/fphys.2023.1110998

 

Pour en savoir plus :

Pour en savoir plus sur l’engagement du CABI dans la coopération au développement en Afrique 

 

 

 

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