Discussion des membres de la task force Afrique rurale lors de la manifestation. De gauche à droite : Kees Blokland, Baudouin Michel, Bruno Losch, Albert Engel, Tom Arnold (président), Christine Wieck et Mashiri Zvarimwa.
Photo : © BMEL / photothek.net

Mieux connaître la task force Afrique rurale

Créée en 2018 par l’Union européenne (UE), la task force Afrique rurale a organisé un atelier lors du Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture (Global Forum for Food and Agriculture) à Berlin, Allemagne, pour présenter ses travaux et ses principaux thèmes d’activité dans le but d’examiner la façon de renforcer le partenariat de l’UE avec l’Afrique en matière d’alimentation et d’agriculture, et de donner des conseils à ce sujet.

Dans le cadre du 11ème Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture (GFFA), qui est lié à la Semaine verte internationale de Berlin, Allemagne, deux événements organisés par le ministère fédéral allemand de l’Alimentation et l’Agriculture, l’Union européenne a accueilli un groupe d’experts chargé d’examiner les résultats de la task force Afrique rurale. Ces experts se sont réunis à la fin de janvier 2019.

En mai 2018, l’Union européenne, en collaboration avec l’Union africaine, a constitué la task force Afrique rurale dont les activités se poursuivent jusqu’en avril 2019. Composée de onze experts européens et africains, cette task force a été constituée pour instaurer un solide partenariat entre l’Afrique et l’UE pour le développement inclusif et durable de l’agriculture, des secteurs alimentaires et de l’économie rurale. Ses activités se situent à trois niveaux : elles sont interpersonnelles, interentreprises et intergouvernementales. Avec ces activités, la task force facilite le dialogue multipartite entre les sociétés, les communautés économiques et les gouvernements.

Les quatre domaines d’activité stratégiques sont les suivants : élaboration d’une stratégie de développement territorial pour la création d’emplois et de revenus ; détermination de mesures de gestion durable des terres, des ressources  naturelles et de l’action climatique ; transformation durable de l’agriculture africaine ; développement de l’industrie et des marchés alimentaires africains. La task force est guidée par un groupe de pilotage interservices de la Commission européenne coprésidé par la Direction générale de l’agriculture et du développement rural (DG AGRI) et la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DG DEVCO).

Présentation des résultats de la task force

« Nous ne proposons pas un plan exhaustif pour l’Afrique. Nos recommandations doivent être intégrées dans toutes les stratégies des pays, » a déclaré Tom Arnold, président de la task force Afrique rurale (Irlande). Albert Engel, le membre allemand de la task force, a ajouté qu’il n’existait aucune solution miracle spécifique à un secteur donné. Il a précisé que les solutions devaient être adaptées aux conditions locales et axées sur des domaines tels que ceux qui font l’objet d’approches socioéconomiques, et qu’elles ne devaient pas nécessairement être liées à des zones territoriales. Il a poursuivi en disant qu’il fallait passer des approches sectorielles descendantes et universelles à des approches multisectorielles, ascendantes et adaptées aux spécificités locales, dirigées par des acteurs locaux et mettant particulièrement l’accent sur les partenariats public-privé. « Nous collaborons déjà avec 2 600 groupes d’action locale auxquels nous offrons un financement et une expérience, à l’initiative de la task force, » a précisé Albert Engel.

Un autre domaine d’action concerne la transformation de l’agriculture vers l’utilisation durable des ressources naturelles et de l’action climatique. Chinwe Ifejika Speranza, la représentante nigérienne de la task force, a fait remarquer que cette dernière mettait l’accent sur le renforcement des capacités des pays pour leur permettre d’accéder plus facilement au financement de l’action climatique, notamment de l’adaptation au changement climatique dans l’agriculture. Elle a ajouté qu’il n’était pas facile d’obtenir un financement du Fonds vert pour le climat et qu’il fallait pour cela de nombreuses structures administratives et d’importantes connaissances.

Bruno Losch, le membre français de la task force, a recommandé l’adoption d’une approche triangulaire « éducation, recherche et innovation ». Il a soutenu que la connaissance était la clé du développement et qu’il fallait par conséquent mettre en place une plateforme de recherche et de connaissances ainsi qu’une structure de soutien.

La task force a présenté ses six recommandations clés sur la façon de renforcer l’agriculture africaine. Premièrement, il faudrait appuyer la gouvernance rurale et formuler un programme innovant d’action locale sur la base d’une approche territoriale. Deuxièmement, il est indispensable d’intégrer la durabilité environnementale et de promouvoir l’action climatique. Troisièmement, pour transformer l’agriculture et les zones rurales, il faudrait adopter une politique de connaissances, d’innovations et de réseautage. Quatrièmement, il faudrait améliorer l’accès des petites et moyennes entreprises agricoles et alimentaires au financement privé et aux instruments de coopération avec l’UE. Cinquièmement, il faudrait intensifier et durabiliser le développement des chaînes de valeur, l’intégration régionale et le commerce intrarégional. Sixièmement, il faudrait adjoindre l’expertise européenne et africaine dans le domaine de l’agriculture et du développement rural. Pour toutes ces conclusions, la création d’emplois pour les jeunes ruraux et le respect des aspects de genre sont primordiaux.

Le rapport final de la task force Afrique rurale sera publié en mars 2019.

Commentaires de personnalités du secteur

José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a salué la mise en place de la task force qui, selon lui, constitue une étape importante. Il a ajouté que la région du Sahel resterait une zone de conflits, notamment entre les éleveurs et les agriculteurs. « En Afrique, nous connaissons pour la première fois la migration climatique. C’est pourquoi le Sahel mérite une approche particulière. Les conflits prennent de l’ampleur et si nous n’arrivons pas à y mettre un terme, nous perdrons la partie, » a déclaré José Graziano da Silva, qui a ajouté qu’il fallait accorder un intérêt particulier à cette région.

Phil Hogan, directeur général de la DG AGRI de la Commission européenne, a annoncé que dans un avenir proche l’Union européenne allait créer une unité chargée de mettre en œuvre les conclusions et recommandations de la task force.

Daniela Böhm, rédactrice, Rural 21

Plus d’informations :
Document conceptuel (en anglais) Towards an Africa Europe partnership for sustainable development and jobs in rural Africa - Priority Areas for Action and Key Recommendations of the Task Force Rural Africa

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