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Équilibre à trouver entre accès et surutilisation des engrais
Une équipe de chercheurs internationaux propose de subventionner les fabricants, ce qui pourrait améliorer l’accès aux engrais dans les pays en développement, sans pour autant accroître le stress environnemental.
Dans un article basé sur des preuves scientifiques, l’équipe présente une stratégie pour gérer l’utilisation mondiale d’engrais tout en minimisant la pollution à l’azote – un effet secondaire commun. Ils remarquent qu’il est indispensable d’améliorer l’accès aux engrais dans les pays en développement si l'on veut pouvoir apporter davantage d’aliments à une population en pleine croissance.
Les chercheurs considèrent la coopération intergouvernementale et les incitations permettant aux entreprises de fournir des engrais de qualité à moindre coût comme des mesures essentielles pour lutter contre la pauvreté des sols et la pénurie d’aliments.
« Dans de nombreux pays en développement, l’impossibilité d’accéder à des engrais commerciaux a conduit à de piètres rendements et à un épuisement des sols qui manquent fortement d’éléments nutritifs, explique Benjamin Houlton, principal auteur de l’article et directeur de l’institut John Muir Institute of the Environment de l’université de Californie à Davis, USA. Il est donc crucial de restaurer les nutriments des sols avec des pratiques de fertilisation durables afin de promouvoir la sécurité alimentaire et les nombreux bénéfices qu’elle apporte à la société. »
Comment résoudre le problème de l’azote ?
Les chercheurs ont également étudié le problème des impacts négatifs des engrais chimiques sur l’environnement. Ils préviennent que les engrais lessivés par la pluie peuvent finir leur course dans les rivières, polluant l’eau potable et perturbant les écosystèmes. En outre, l’engrais azoté en poudre peut être transporté par le vent et provoquer une pollution aérienne, avec des conséquences sanitaires pour les communautés voisines.
Les chercheur expliquent donc que l’amélioration de l’accès aux engrais chimiques dans les pays en développement doit être accompagnée d’une éducation appropriée, d’un travail communautaire et de la prise en compte de la culture et des pratiques agricoles locales.
Benjamin Houlton estime cependant que le prix reste le principal obstacle pour les agriculteurs des pays pauvres. Il prône l’adoption de politiques (par exemple, sous forme de subventions) pour encourager les entreprises à investir dans le développement de produits bon marché. « Une telle démarche pourrait stimuler l’innovation, favoriser l’emploi et développer les opportunités commerciales, a-t-il indiqué à SciDev.Net.
Les subventions assorties de dispositions d’élimination progressive pourraient favoriser la création de carrières environnementales et l’adoption de technologies agricoles plus efficaces, surtout en matière de fertilisation. » Selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l’utilisation combinée d’engrais composés d’azote, de phosphore et de potassium a atteint 186,7 millions de tonnes en 2016 au niveau mondial, alors qu’elle n’atteignant qu’environ 3,6 millions de tonnes en Afrique. D’un autre côté, l’étude montre que certaines régions d’Asie (particulièrement l’Inde et la Chine) ont souffert d’une surutilisation des engrais chimiques en 2015 en raison de la dépendance des agriculteurs à des monocultures comme le riz.
Les chercheurs admettent qu’il faudra trouver un équilibre entre amélioration de l’accès aux engrais et prévention de leur surutilisation. La pollution aux engrais chimiques peut être réduite au moyen de la micro-application, qui consiste à placer de petites quantités d’engrais à côté de chaque plante, et, dans la mesure du possible, de l’utilisation d’engrais organiques comme les résidus agricoles.
L’étude a été publiée dans Earth’s Futures au mois de juillet.
(ScidevNet / wi)
Référence :
Benjamin Z. Houlton et al. (2019). A World of Cobenefits: Solving the Global Nitrogen Challenge. Earth’s Futures.
https://doi.org/10.1029/2019EF001222
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