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Les petits exploitants agricoles élaborent une stratégie pour leur avenir
ouvent, l’agriculture et l’élevage ne peuvent assurer aux familles un revenu décent et stable. Au Burkina Faso, les petits exploitants agricoles, notamment les femmes et les jeunes, n’ont pas accès à la terre, aux équipements et aux informations. Ils n’ont pas non plus les compétences et les connaissances qui leur permettraient d’adapter leur production à de nouveaux problèmes (changement climatique et urbanisation, par exemple) et ont beaucoup de mal à obtenir des crédits. Autrement dit, ils n’ont pas la possibilité de tirer parti des opportunités offertes par les marchés locaux et internationaux.
Helvetas, en collaboration avec SNV, une ONG néerlandaise, a démarré la première phase du programme d’appui à la promotion de l’entrepreneuriat agricole (PAPEA), programme sur douze ans visant à développer l’esprit d’entreprise dans le secteur de l’agriculture. Financé par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), ce programme encourage la création et la consolidation de petites entreprises sur l’ensemble de la filière alimentaire, « de la ferme à l’assiette », grâce à la mise en application de l’approche de développement de systèmes de marchés (DSM).
Créer un environnement fonctionnel
L’idée maîtresse est que les entreprises ne peuvent pas prospérer en dehors d’un système qui fonctionne bien. Le PAPEA encourage la création de groupements d’entreprises axés sur la production de produits prometteurs. « Les entreprises sont habituées à entrer en concurrence pour acquérir de meilleures parts de marchés. Nous, ce que nous encourageons, c’est la collaboration, » explique Bernard Conilh de Beyssac, conseiller régional de Helvetas en économies durables et inclusives pour l’Afrique de l’Ouest. « Avec l’aide du PAPEA, les entreprises opérant dans le même espace géographique et la même filière collaborent pour évaluer les problèmes communs et trouver des solutions communes. » Au lieu d’aider des entreprises individuelles à élaborer leurs propres plans, le projet facilite le lancement de stratégies économiques au niveau de groupements d’entreprises.
Le projet collabore avec les banques locales pour les aider à élaborer et commercialiser des produits financiers plus inclusifs. Et enfin, il prend des mesures pour mettre en place, au niveau régional, des cadres de consultation incitant les institutions locales à porter attention aux questions transversales telles que la gestion des ressources naturelles et/ou la réglementation.
La première mesure consiste à faire en sorte que les acteurs concernés se réunissent pour examiner les contraintes et les opportunités. « Souvent, les producteurs et les acheteurs ne se connaissent pas et ne se font pas confiance. Les petits exploitants sont habitués à produire ce qu’ils ont toujours produit, mais ils ignorent les possibilités du marché ou ne sont pas en mesure d’offrir la qualité requise par les transformateurs alimentaires et les distributeurs, » déclare Conilh de Beyssac, qui poursuit : « les acheteurs ne savent pas toujours très bien ce à quoi les agriculteurs sont confrontés et ils ont, les uns comme les autres, des difficultés à obtenir des crédits pour développer leurs activités. »
Dans le cadre du PAPEA, les acheteurs et les producteurs, mais aussi les prestataires de services, les centres de formation professionnelle et les autorités locales, participent à ces « dialogues commerciaux ». Le PAPEA facilite la mise en place d’un système économiquement durable de services aidant les petites entreprises agricoles dans des filières prometteuses telles que celles de la tomate, du porc, du poulet, de la fraise, du maïs, du millet et de la pomme de terre, dans quatre régions du Burkina Faso.
Mesures concrètes
Au sein d’un marché ou d’une zone particulière, les acteurs examinent les principales contraintes du système. Par exemple, les difficultés d’accès à des semences améliorées et à des équipements adaptés, ou les problèmes de transport. Ensuite, aidés par le programme, ils élaborent une stratégie collective visant à stimuler leurs activités et précisant les contributions de chacun des acteurs.
« Par exemple, s’il est possible de commercialiser une nouvelle variété de tomate, le PAPEA encourage les acheteurs à s’adresser directement aux producteurs potentiels et, éventuellement, à négocier avec eux un contrat d’approvisionnement incluant la fourniture de semences améliorées, » déclare Conilh de Beyssac.
L’intérêt porté à la nouvelle variété de tomate incite les fournisseurs de semences et d’engrais à densifier leur réseau de distribution auprès des producteurs de la nouvelle variété de tomate. De leur côté, les producteurs de tomates ont également besoin de conseils techniques en matière de production et de commercialisation. Les experts locaux peuvent considérer que c’est pour eux une occasion d’offrir de nouveaux services de conseil. Par ailleurs, les centres de formation peuvent proposer de nouvelles formules de renforcement de compétences spécifiques.
Ainsi, les stratégies de regroupement servent de point de départ et encouragent les banques locales à proposer des produits financiers mieux adaptés aux besoins des petites entreprises agricoles.
Le PAPEA facilite l’adoption de pratiques agroécologiques écologiquement durables qui non seulement améliorent la capacité de s’adapter au changement climatique mais offrent également de nouvelles opportunités commerciales.
Le programme vise 6 000 entreprises agricoles et a pour objectif d’améliorer l’existence de 24 000 personnes, dont 60 pour cent de moins de 35 ans et 50 pour cent de femmes.
(Helvetas/wi)
Pour en savoir plus sur l’engagement de Helvetas au Burkina Faso :
https://www.helvetas.org/fr/suisse/ce-qu-on-fait/ou-on-travaille/pays-partenaires/burkina-faso
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