Le changement d’affectation des terres consiste, par exemple, à convertir les forêts en terres agricoles ou en pâturages, ce qui se passe au quotidien en Amazonie.
Photo: © Marcio Isensee e Sá – stock.adobe.com

Le changement climatique, principal facteur de déclin de la biodiversité

Global biodiversity declined between two and eleven per cent during the 20th century due to land-use change alone, according to a large multi-model study published in Science. Projections show that climate change could become the main driver of biodiversity decline by the mid-21st century.

Cette analyse a été menée par le Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv) et l’université Martin Luther de Halle-Wittenberg (MLU) en Allemagne, et elle constitue la plus grande étude de modélisation de ce type à ce jour. Les chercheurs ont comparé treize modèles d’évaluation de l’impact du changement d’affectation des terres et du changement climatique sur quatre mesures distinctes de la biodiversité, mais aussi sur neuf services écosystémiques.

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) considèrent que le changement d’affectation des terres est le principal facteur de modification de la biodiversité. Les scientifiques restent cependant divisés quant à l’ampleur des changements de la biodiversité au cours des dernières décennies. Donc, afin de répondre à cette question, les chercheurs ont modélisé les impacts des changements d’affectation des terres sur la biodiversité au cours du XXᵉ siècle. Ils ont constaté qu’à lui seul, le changement d’affectation des terres est peut-être à l’origine d’un déclin de deux à onze pour cent de la biodiversité mondiale. Cette fourchette couvre un éventail de quatre mesures de la biodiversité1 calculées à l’aide de sept modèles différents.

« En incluant toutes les régions du monde dans notre modèle, nous avons pu combler de nombreuses lacunes et répondre aux critiques formulées à l’encontre d’autres approches exploitant des données fragmentées et potentiellement biaisées » explique le premier auteur, le professeur Henrique Pereira, chef du groupe de recherche à l’iDiv et à la MLU. « Chaque approche offre des avantages et des inconvénients. Nous pensons que notre approche de modélisation propose l’estimation la plus complète des tendances en matière de biodiversité à l’échelle mondiale ».

À l’aide d’un autre ensemble de cinq modèles, les chercheurs ont aussi calculé l’impact simultané du changement d’affectation des terres sur ce que l’on appelle les services écosystémiques, c’est-à-dire les avantages que la nature procure aux humains. Au cours du siècle dernier, les chercheurs ont constaté une augmentation massive des services écosystémiques d’approvisionnement, comme la production de nourriture et de bois. En revanche, les services écosystémiques de régulation, comme la pollinisation, la rétention d’azote ou la séquestration du dioxyde de carbone, ont connu un déclin modéré.

Ensemble, le changement climatique et le changement d’affectation des terres pourraient entraîner une diminution de la biodiversité dans le monde entier.
 

Les chercheurs ont aussi analysé l’évolution de la biodiversité et des services écosystémiques à l’avenir. Afin de réaliser ces projections, ils ont ajouté à leurs calculs le changement climatique en tant que facteur toujours plus important de modification de la biodiversité.

D’après les conclusions de l’étude, le changement climatique risque d’exercer une pression supplémentaire sur la biodiversité et les services écosystémiques. Et même si le changement d’affectation des terres reste conséquent, le changement climatique pourrait devenir le principal facteur de perte de biodiversité d’ici le milieu du siècle.

Les chercheurs ont évalué les trois scénarios les plus retenus, entre un monde acquis à la cause du développement durable ou un monde subissant un degré d’émissions très élevé. Dans ces trois cas de figure, les effets combinés du changement d’affectation des terres et du changement climatique entraînent une perte de biodiversité à l’échelle mondiale. Et même si une tendance de baisse générale des émissions semble cohérente, on constate des variations considérables en fonction des différentes régions du monde, des modèles et des scénarios.

« L’objectif des scénarios à long terme n’est pas de prédire l’avenir », nous explique la Dr Inês Martins de l’université de York, coauteure de cette étude. « Il s’agit plutôt de définir les alternatives qui s’offrent à nous, afin d’éviter les trajectoires les moins souhaitables et d’aller vers celles qui apporteront des résultats positifs. Et ces trajectoires dépendent directement des politiques que nous choisirons, des décisions que nous prendrons au quotidien ».

Les auteurs rappellent aussi que même le scénario le plus durable ne déploie pas toutes les politiques qui pourraient être mises en place afin de protéger la biodiversité de notre planète dans les décennies à venir. Par exemple, le déploiement des bioénergies, un élément clé du scénario de durabilité, pourra contribuer à une atténuation du changement climatique, tout en réduisant les habitats des nombreuses espèces. En revanche, les mesures visant à accroître l’efficacité et la couverture des zones protégées ou le réensauvagement à grande échelle n’ont été explorées dans aucun des scénarios.

Les modèles permettent d’identifier les politiques les plus efficaces
 

D’après les chercheurs, l’évaluation de l’impact de politiques concrètes sur la biodiversité permet d’identifier les politiques les plus efficaces pour sauvegarder et promouvoir le maintien de notre biodiversité et des services écosystémiques. « Il existe bien sûr des incertitudes liées à la modélisation », ajoute Mme Pereira. « Néanmoins, les résultats obtenus démontrent clairement que les politiques actuelles ne permettront pas d’atteindre les objectifs internationaux en matière de biodiversité. Il est donc important de redoubler d’efforts afin de progresser dans la lutte contre l’un des plus grands problèmes de notre planète, à savoir la modification de la biodiversité causée par le comportement humain. »

(iDIv/wi)

Référence :

Henrique M. Pereira, Inês S. Martinset et al.: “Global trends and scenarios for terrestrial biodiversity and ecosystem services from 1900 to 2050” ; Science 384, 458-465 ; avril 2024. DOI : 10.1126/science.adn3441

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