Armando Simando, à Mabalane, Province de Gaza, dans le sud-ouest du Mozambique. Cet éleveur de bétail souligne la nécessité de disposer de services vétérinaires fiables dans la région.
Photo : Clarissa Baldin/IFAD

Affectation du financement climatique à l’adaptation de l’agriculture

Les petites exploitations agricoles sont particulièrement vulnérables aux impacts climatiques. C’est là qu’intervient le programme d’adaptation de la petite agriculture (Adaptation for Smallholder Agriculture Programme – ASAP) géré par le Fonds international de développement agricole. Les projets de l’ASAP visent à faire en sorte que le développement rural soit plus résilient au changement climatique, notamment au moyen de mesures dont bénéficient directement les agriculteurs.

L’intérêt porté par le Fonds international de développement agricole (FIDA) à la programmation du financement climatique remonte à 2004. Son engagement dans ce domaine s’est considérablement accru après l’adoption, par l’organisation, de sa stratégie sur le changement climatique, en 2011. C’est à cette époque qu’une demande non satisfaite d’adaptation au changement climatique a été identifée dans les pays membres du FIDA. Pour combler ce déficit, le FIDA a créé un fonds fiduciaire financé par un groupe de donateurs (Belgique, Canada, Finlande, Flandre, France, Pays-Bas, Norvège, Corée du Sud, Suède, Suisse et Royaume-Uni) intéressés à soutenir des projets plus innovants en réponse aux vulnérabilités particulières des petites exploitations agricoles aux impacts climatiques. Cette logique a conduit le FIDA à devenir une des premières institutions multilatérales à canaliser le financement climatique pour l’adaptation de l’agriculture.

L’ASAP intervient dans 41 pays à revenu faible et moyen et utilise le financement climatique pour faire en sorte que les programmes de développement rural soient plus résilients au changement climatique. Le programme dispose d’un volume financier de 300 millions de dollars US, ce qui en fait la plus importante source de financement mondiale pour l’adaptation des petites exploitations agricoles. Une bonne partie de ces fonds vont directement à 6,6 millions d’agriculteurs et sont consacrés à l’adaptation au changement climatique, grâce au financement d’un ensemble diversifié d’approches et d’actions soutenant les processus décisionnels locaux et les initiatives d’organisations communautaires pour les aider à améliorer leur capacité à faire face au changement climatique.

Prise en compte des vulnérabilités locales

La première génération de projets ASAP a cherché à promouvoir des interventions de développement rural résilient entrant dans le cadre d’éventuels risques climatiques. Par exemple, le programme de développement de l’élevage et des pâturages (Livestock and Pasture Development Programme – LPDP), au Tadjikistan, veut améliorer les capacités des syndicats d’utilisateurs des pâturages (Pasture Users’ Unions – PUUs) à élaborer et mettre en œuvre des plans communautaires de gestion des risques climatiques. Ces plans répondent aux changements climatiques constatés par les éleveurs, par exemple un plus fort stress thermique pendant les mois d’été et l’accroissement de la fonte des neiges entraînant des coulées de boue et des inondations au printemps. Les plans de gestion des risques climatiques entraînent une relocalisation des enclaves de production mieux adaptées aux tendances du changement climatique.  

De même, dans les provinces du sud du Mozambique où l’élevage de bétail représente une planche de salut pour les éleveurs manquant de ressources, le projet de développement des chaînes de valeur au profit des pauvres (Pro-Poor Value Chain Development Project – PROSUL) fait des forages pour augmenter le nombre de points d’eau pour les troupeaux et fournir, par la même occasion, de l’eau pour l’usage domestique et l’arrosage des jardins potagers communautaires. L’amélioration de la disponibilité de l’eau grâce aux forages multifonctionnels a réduit le temps passé par les femmes pour aller chercher et transporter de l’eau, ce qui a entraîné une amélioration de l’alimentation des ménages et de la sécurité nutritionnelle.

Dans les deux projets, il est tenu compte des vulnérabilités locales sur la base des changements constatés au niveau des températures et des précipitations, et de la façon dont ces facteurs sont censés avoir une influence sur les pâturages et le bétail. Toutefois, la planification de la conception est allée au-delà de l’analyse de risque et a également tenu compte de facteurs de risques économiques et sociaux associés. En conséquence, ces projets soutiennent des services vétérinaires améliorés de manière à réduire les taux de mortalité du bétail et, par ailleurs, des entreprises privées fournissant des intrants pour le bétail participent également au développement de la chaîne de valeur.  

En ce qui concerne le soutien de pratiques agricoles résilientes au changement climatique, le Projet d’accroissement de la productivité agricole (PAPAM), au Mali, a contribué à la protection de cinq zones de plaine et de 17 vergers de villages au moyen d’alignements de pierres et d’activités de reboisement. Le PAPAM a également soutenu la création de 20 jardins maraîchers dont bénéficient jusqu’à 1 600 femmes. Un des objectifs généraux de l’ASAP est que d’ici 2025, trois millions de femmes appliquent des pratiques agricoles durables et résilientes au changement climatique.

Vers un modèle économique résilient au changement climatique

Les interventions susmentionnées sont le reflet d’une approche « multi-avantages » qui suscite un certain intérêt dans le modèle économique du FIDA. De fait, les projets d’adaptation du Fonds ont été expressément conçus pour offrir des avantages économiques et sociaux auxiliaires. Cette initiative visant à intégrer des considérations de changement climatique dans le développement rural a été renforcée par le programme ASAP.

À l’avenir, l’instrument ASAP va passer d’un modèle selon lequel un sous-ensemble de projets met l’accent sur l’amélioration de la résilience au changement climatique à un autre dans lequel tous les projets du FIDA réalisent des analyses de vulnérabilité tenant compte des risques climatiques, entre autres. Parallèlement à l’institutionnalisation de ses expériences de programmation du financement climatique, le FIDA cherchera à exploiter des ressources publiques telles que le Fonds vert pour le climat, ainsi que des ressources fournies par des institutions financières privées, pour disposer de moyens suffisants pour évoluer vers un modèle économique résilient au changement climatique.

Christopher Paul Neglia travaille dans le service Communications du Fonds international de développement agricole (FIDA). Il est basé à Rome, Italie.
Contact: c.neglia@ifad.org

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