Bouton d’or Ranunculus multifidus.
Photo: Kaleab Asres

Une plante médicinale traditionnelle soulage les symptômes du paludisme

L’anémonine, l’ingrédient actif de la plante, pourrait offrir une nouvelle approche dans le traitement du paludisme. Elle a été identifiée par des chercheurs éthiopiens et allemands dans un bouton d’or traditionnellement utilisé dans certains pays africains pour traiter le paludisme. Des extraits de cette plante ont notablement soulagé les symptômes présentés par des souris infectées.

Une infusion préparée avec des feuilles de Ranunculus multifidus, un membre de la famille du bouton d’or, est utilisée dans certaines parties d’Afrique pour traiter le paludisme. « À ce jour, on ne connaissait pas les ingrédients de la plante et on ignorait celui qui pouvait avoir un effet curatif, » déclare le professeur Kaleab Asres de l’université d’Addis-Abeba, Éthiopie, qui connaissait l’usage qu’on fait de cette plante et qui a lancé l’étude. L’étude a été publiée en décembre dernier dans la revue « Molecules ». 

Les pharmaciens ont produit des extraits des feuilles de la plante et ont testé leur efficacité sur des souris. « Nous avons infecté les animaux avec le parasite Plasmodium berghei, qui déclenche la maladie chez certains rongeurs, dont la souris. Chez l’homme, le paludisme est dû à des plasmodies apparentées, » explique Betelhem Sirak, de l’université éthiopienne d’Arba Minch (AMU). 

Certaines souris ont reçu de la chloroquine, un médicament reconnu et efficace pour le traitement du paludisme. D’autres ont reçu différentes doses de l’extrait de plante. Les expériences ont été réalisées conformément aux principes internationalement reconnus de détention et de soins des animaux de laboratoire. 

Les résultats ont été prometteurs : « Les extraits n’ont pas été aussi efficaces que la chloroquine, mais ils ont malgré tout eu un effet positif sur l’évolution de la maladie. Par exemple, les souris ont perdu considérablement moins de poids et leur température corporelle est restée plus stable que sans le traitement, » déclare le professeur Peter Imming, de l’université Martin-Luther (MLU) de Halle-Wittenberg, Leipzig, Allemagne.

Les chercheurs ont isolé l’anémonine, l’ingrédient actif des extraits de plantes. « Le Ranunculus multifidus n’en contient pas réellement. L’anémonine se forme lorsque la plante est blessée, par exemple lorsqu’elle est blessée et que l’intérieur de ses cellules entre en contact avec l’air, » poursuit Peter Imming. C’est probablement pour cette raison que les extraits préparés de la sorte ont été les plus efficaces.

L’équipe de chercheurs suppose que, comme la chloroquine, l’anémonine attaque le métabolisme du parasite, mais probablement à un autre endroit. Ce serait une bonne nouvelle car la plasmodie est devenue résistante à la chloroquine dans certaines régions d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. « L’anémonine pourrait potentiellement contourner cette résistance, » déclare Peter Imming. Il faut toutefois effectuer un certain nombre d’études complémentaires pour identifier le principe actif exact et accroître son efficacité. Si ces tests sont couronnés de succès, des études cliniques sur plusieurs années suivront pour confirmer son efficacité chez les patients.

Ranunculus multifidus peut-il également aider à lutter contre d’autres maladies ?


Les chercheurs ont utilisé des pathogènes en éprouvettes pour chercher à savoir si Ranunculus multifidus peut également servir à lutter contre d’autres maladies pour lesquelles il est traditionnellement utilisé. Ils ont testé l’anémonine sur des bactéries similaires à celle de la tuberculose mais ont constaté qu’elle était inefficace. Ce résultat ne constitue pas une trop grosse déception pour les pharmaciens car, comme l’explique le chercheur allemand Peter Imming : « Une substance qui attaquerait tous les types de cellules s’en prendrait également aux cellules humaines – et serait, de ce fait, un poison. »

Dans une étude complémentaire, elle aussi récemment publiée dans la revue « Molecules », les chercheurs ont analysé l’efficacité de l’anémonine sur des parasites répandues (leishmania et schistosoma). Les résultats des premiers tests en laboratoire sont également prometteurs.  

(MLU/wi)

Références :
Sirak B. et al., In Vivo Antimalarial Activity of Leaf Extracts and a Major Compound Isolated from Ranunculus multifidus Forsk. Molecules (2021). doi.org/10.3390/molecules26206179

Voir également l’étude : 
Sirak B. et al., In Vitro Antileishmanial and Antischistosomal Activities of Anemonin Isolated from the Fresh Leaves of Ranunculus multifidus Forsk. Molecules (2021). doi.org/10.3390/molecules26247473

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