Des travailleurs transportent des plants de palétuviers dans un projet de reforestation à Gujarat, en Inde.
Photo: Ulrich Saint-Paul, ZMT

Une nouvelle étude démontre l’efficacité des efforts de protection des mangroves

Il y a plus de dix ans, les chercheurs prévenaient que les mangroves disparaissaient plus vite que la plupart des autres écosystèmes, y compris les récifs coralliens et les forêts tropicales. Mais l’horizon s’éclaircit.

Il y a tout juste dix ans, les chercheurs prévenaient que les mangroves disparaissaient plus vite que la plupart des autres écosystèmes, y compris les récifs coralliens et les forêts tropicales. 

Toutefois, selon une équipe internationale de plus de 20 chercheurs conduite par l’université nationale de Singapour, il y a des raisons de se montrer plus optimiste dans la mesure où la disparition mondiale des mangroves est moins alarmante qu’il n’était initialement apparu. Alors que le taux mondial de disparition variait initialement de un à trois pour cent par an, l’étude brosse un tout autre tableau de la situation : les pertes de mangrove ont seulement été de 0,3 et 0,6 pour cent par an au cours des 20 dernières années. 

À Brême, deux chercheurs du Centre Leibniz d’écologie tropicale marine (ZMT), le bio-géochimiste Tim Jennerjahn et le spécialiste des mangroves Guilherme Abuchahla, ont également participé à cette étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Current Biology en février de cette année.

On trouve des mangroves, ou forêts de palétuviers, le long des côtes de plus de 100 pays et ces forêts ont une grande importance pour les humains et les écosystèmes adjacents. Elles constituent une protection contre l’érosion et les tempêtes côtières, filtrent et captent les toxines et sédiments environnementaux, fixent de grandes quantités de dioxyde de carbone, servent de zones nourricières pour d’innombrables espèces de poissons et de crevettes, et sont une source de bois de chauffage, de matériaux de construction et de produits alimentaires pour des millions de personnes. 

Ces services écosystémiques ne sont devenus apparents qu’à la suite d’études effectuées ces vingt dernières années, qui ont accru la sensibilisation du public et des gouvernements à leur valeur et ont contribué à l’accroissement des investissements et des mesures de protection. En particulier, le rôle des mangroves dans le cycle du carbone et les conséquences du tsunami de 2004 ont accru l’intérêt qui leur était accordé dans le monde entier. 

Importants programmes de reforestation des mangroves au Sénégal et au Brésil 


« Au Sénégal, par exemple, environ 79 millions de palétuviers ont été plantés en Casamance et au Sine-Saloum, » explique Guilherme Abuchahla. « Cette initiative privée et publique vise à protéger la biodiversité de ces régions ainsi que les précieuses terres agricoles de l’arrière-pays. Ces mangroves devraient stocker des milliers de tonnes de carbone au cours des prochaines années ». 

Au Brésil, la protection des mangroves connaît également une belle réussite. Toutes les forêts de palétuviers – soit 1 400 000 kilomètres carrés – ont le statut de zones entièrement protégées depuis 1965 et sont situées dans 117 réserves naturelles le long des côtes du pays. Les progrès techniques réalisés dans le domaine de la télédétection permettent aujourd’hui de suivre leur expansion, leur surexploitation et d’autres facteurs de perturbation.

Néanmoins, d’importants efforts sont nécessaires à la poursuite de cette tendance positive. L’équipe de chercheurs a constaté que les mangroves sont toujours menacées par l’aquaculture, l’agriculture et le développement urbain partout dans le monde. L’Asie du Sud-Est, où des installations d’aquaculture et des rizières bordent de vastes zones côtières, est un exemple traditionnel de déforestation des mangroves.

Nous devons mieux connaître les lieux favorables au développement des mangroves 


À l’échelle mondiale, des projets de réhabilitation des mangroves échouent par ignorance d’importantes conditions écologiques. Par exemple, des palétuviers sont plantés dans des régions exposées à de forts courants ou qui sont inappropriées pour d’autres raisons. Souvent sont pratiquées des monocultures moins résistantes au stress ou sont plantées des espèces non autochtones qui deviennent envahissantes et peuvent entraîner d’importants problèmes écologiques.

« À titre d’exemple, citons les Philippines, » déclare Guilherme Abuchahla. » Au début des années 2000, la plupart des tentatives de plantation de palétuviers sur une superficie de 23 000 hectares ont échoué. Des centaines de millions de jeunes pousses ont été plantées dans des zones intertidales ou des prairies sous-marines. Or, ce sont-là des habitats dans lesquels les mangroves ne prospèrent pas. »

Et pourtant, « la recherche sur les mangroves s’est intensifiée et les connaissances acquises dans ce domaine ont considérablement augmenté en qualité et en quantité au cours des deux dernières décennies, » fait remarquer Tim Jennerjahn, du ZMT. « À cela s’ajoute une plus grande sensibilisation de la politique et de la société qui nous laisse espérer que ces précieux écosystèmes des côtes tropicales seront préservés pendant encore longtemps. »
(ZMT/wi)

Publication (en anglais):
Friess, Daniel A., Erik S. Yando, Guilherme M.O. Abuchahla, Janine B. Adams, Stefano Cannicci, Steven W.J. Canty, Kyle C. Cavanaugh, Rod M. Connolly, Nicole Cormier, Farid Dahdouh-Guebas, Karen Diele, Ilka C. Feller, Sara Fratini, Tim C. Jennerjahn, Shing Yip Lee, Danielle E. Ogurcak, Xiaoguang Ouyang, Kerrylee Rogers, Jennifer K. Rowntree, Sahadev Sharma, Taylor M. Sloey, Alison K.S. Wee (2020). Mangroves give cause for conservation optimism, for now. Current Biology 30: R1-R3.
 

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