Nous devons savoir qui sont les « gens » – hommes, femmes, enfants – et connaître le contexte social dans lequel ils vivent – pauvreté, manque d’éducation, etc.
Photo: © Martin Garcia/ LEISA magazine

L’invisibilité des personnes dans les projets de développement

Les informations fournies par les rapports de projets ont tendance à rendre les gens invisibles en utilisant des termes génériques tels que ménages, exploitants agricoles, etc. La première question digne d’intérêt pour les acteurs du développement est de savoir qui, exactement, vit dans un ménage. La deuxième cherche à savoir dans quel contexte vivent ces personnes. Connaître de manière spécifique selon le genre les gens qui vivent dans un contexte social et économique donné favorise l’autonomisation des personnes et l’attribution plus précise des ressources.

Les programmes de développement ont souvent pour objectif d’autonomiser les personnes. Une personne autonome peut prendre ses propres décisions en connaissance de cause, connaît ses droits et peut les défendre. L’autonomisation est au cœur du développement. Environ 10 pour cent de la population mondiale, qui se situe à environ 7,4 milliards de personnes, vit dans l’extrême pauvreté ; une proportion à peu près identique est sous-alimentée, et beaucoup vivent dans des sociétés de petits exploitants agricoles.

Ces sociétés appartiennent au groupe cible des activités de développement soutenues par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC).

L’analyse du contenu de 84 rapports annuels de 16 programmes nationaux et cinq programmes régionaux a montré que dans une grande mesure les gens ne sont pas identifiés par les systèmes de suivi, les statistiques et les rapports. L’ « invisibilité » des personnes est associée aux termes ménage, exploitant agricole, famille, éleveur et entrepreneur. Le public manque également d’informations concrètes sur les femmes, les hommes, les garçons et les filles vivant dans un contexte qu’il importe d’améliorer.

Le langage, c’est vraiment important!

Pour plusieurs raisons, les informations devraient concerner des personnes vivant dans un contexte donné. Les termes génériques masquent les réalités les plus importantes des êtres humains. Premièrement, devenir une personne « genrée » visible et vivant dans un contexte particulier est un droit éthique. Deuxièmement, rendre invisible le genre des personnes empêche les acteurs du développement de venir au plus près des réalités des femmes, des hommes et des enfants. Enfin, et cela découle de ce que nous avons vu plus haut, les ressources attribuées peuvent aller au ménage, mais pas à la personne qui y vit et a un besoin urgent de ces ressources. Ainsi, beaucoup de femmes, d’hommes et d’enfants restent pauvres, non éduqués, sous-alimentés et malades. Ils ignorent ce que c’est que d’être autonomes et de vivre dans la dignité car ils ne sont ni vus ni connus.

La marche à suivre

La DDC a décidé de mettre en œuvre un système de suivi et de déclaration favorisant la visibilité des hommes, des femmes, des garçons et des filles. Ce système comprend deux étapes. Le tableau ci-dessous présente le processus d’utilisation d’un langage permettant de passer de l’invisibilité à la visibilité.

 

Invisibilité (a)             Langage de visibilité (b)     Déterminants de contexte (c)    
Ménage Femme Âge
Exploitant agricole             Homme Handicapé
Famille  Garçon  Vivant dans la pauvreté
Éleveur Fille Vivant avec la faim
Entrepreneur    Personne âgéeSans emploi

 


La deuxième étape consiste à introduire des indicateurs standards utilisant un langage de visibilité et des déterminants de contexte. De plus, ces indicateurs peuvent être agrégés et fournissent toutes les informations nécessaires pour élaborer un scénario court, puissant et personnalisé, tout en démontrant la pertinence des gains en matière de développement.

Recommandations

1. Donner aux hommes et aux femmes le leadership dont ils ont besoin pour concevoir et mettre en œuvre des interventions de développement adaptées à leur contexte. C’est là l’investissement le plus favorable à l’autonomisation, et il a une forte visibilité.
2. Appliquer les chiffres magiques : a) théorie du changement pour un thème choisi ; b) hypothèse d’impact ; c) résultats ; d) indicateurs ; scénarios hypothétiques pour les indicateurs quantitatifs.
3. Appliquer les mots magiques : a) langage de visibilité et b) déterminants de contexte. Indispensable dans tout système de conception et de suivi de projet. 
4. Faire participer les femmes, les hommes, les filles et les garçons au suivi et en faire un processus d’autonomisation et d’apprentissage.

Dans le premier trimestre de 2018, la DDC publiera dans Rural 21 un document qui présentera en détail les enseignements tirés des résultats tangibles de la recherche appliquée, et la marche à suivre pour

Felix Fellmann, Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), Berne/Suisse.

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