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Comment stopper la dégradation des prairies dans le monde ?
Sous la direction de l’université de Manchester et en collaboration avec le CABI Suisse une équipe d’experts internationaux propose diverses stratégies visant à stopper la dégradation des prairies du monde entier et à encourager leur restauration pour répondre aux objectifs de développement durable.
L’étude montre comment les prairies du monde entier – qui couvrent environ 40 pour cent des terres émergées de la planète – se dégradent constamment, et de façon alarmante. Pourtant, les programmes de développement durable les ignorent en grande partie. Les auteurs expliquent comment cela constitue une menace majeure pour des centaines de millions de personnes du monde entier, pour lesquelles les prairies sont sources d’alimentation, de combustible, de fibres, de produits médicinaux et ont de multiples valeurs culturelles.
L’équipe, qui compte dans ses rangs des experts des principales régions de prairies du monde, propose un ensemble de stratégies de lutte contre la dégradation des prairies et pour leur restauration. Ces stratégies incluent la reconnaissance accrue des prairies dans la politique mondiale, l’élaboration d’indicateurs standardisés de dégradation, le recours aux innovations scientifiques pour restaurer efficacement les prairies au niveau régional et à celui du paysage, et l’amélioration du transfert de connaissances et du partage de données sur les expériences de restauration. Les experts font valoir que la mise en œuvre de ces stratégies est d’autant plus urgente que le changement climatique exacerbe le problème.
Selon l’auteur principal, le professeur Richard Bardgett de l’université de Manchester, « la dégradation des prairies est un problème mondial majeur auquel il faut s’attaquer si nous voulons atteindre les principaux objectifs des programmes de défense de la biodiversité tels que les Objectifs d’Aichi pour la biodiversité adoptés lors de la Convention sur la diversité biologique (CDB), et les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, et assurer la restauration et l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, atténuer la faim et la pauvreté, et ralentir le changement climatique. En deux mots, si nous voulons gérer durablement les prairies, nous devons revoir nos politiques mondiales et régionales, reconnaître la valeur des prairies pour les multiples services écosystémiques qu’elles offrent et fixer des objectifs pour leur protection, leur restauration et leur gestion durable. »
Une approche standardisée d’évaluation de la dégradation des prairies et de leur restauration est nécessaire
Les auteurs proposent une approche standardisée d’évaluation de la dégradation des prairies et de leur restauration sur la base de la connaissance commune, par les parties prenantes, des compromis potentiels dans les services écosystémiques des prairies dégradées et restaurées. Ils montrent comment utiliser leur approche dans différentes situations, notamment dans les prairies agricoles d’Europe et les prairies naturelles des régions arides et semi-arides d’Afrique de l’Est, pour identifier des options de restauration répondant le mieux aux besoins de différents groupes de parties prenantes, notamment des agriculteurs ou des éleveurs, des défenseurs de l’environnement et des touristes.
De son côté, le Dr Urs Schaffner, du CABI Suisse, spécialiste des solutions à apporter au problème de l’invasion des prairies d’Afrique de l’Est par des plantes ligneuses, a déclaré : « Nous montrons comment notre approche standardisée peut être appliquée au moyen d’études de cas spécifiques, mais des recherches restent nécessaires pour tester cette approche dans différents contextes, localement et à plus grande échelle.
« Des recherches sont également nécessaires pour mieux comprendre différentes perceptions sociétales des prairies et les raisons pour lesquelles elles ont été négligées par les politiques de durabilité, afin de mettre au point et tester de nouvelles techniques prometteuses d’évaluation de la dégradation et de la restauration des prairies. »
Comme l’a souligné la Dr Giselda Durigan, Brésil, une des coauteurs de l’étude, dont les travaux cherchent à améliorer la gestion, la conservation et la restauration des prairies du Cerrado, l’étude attire également l’attention sur certains compromis entre systèmes écosystémiques, comme le montre le risque élevé que constitue la plantation malavisée d’arbres dans des prairies naturelles pour séquestrer le carbone, aux dépens de l’approvisionnement en eau et de la biodiversité des prairies.
Les auteurs font remarquer qu’il faudrait accorder autant d’attention aux prairies et aux avantages qu’elles offrent en matière de durabilité qu’on en accorde aux forêts. Ils espèrent que leurs recommandations orienteront la recherche et préciseront les besoins politiques de stopper la dégradation des prairies et d’assurer la réussite de leur restauration.
Référence
Bardgett, R.D., Bullock. J.M., Lavorel, S, Manning, P., Schaffner, U., Ostle, N., Chomel, M., Durigan, G., Fry, E., Johnson, D., Lavallee, J., Le Provost, G., Lou, S., Png, K., Sankaran, M., Hou, X., Zhou, H., Li, M., Ren, W., Li, X., Ding, Y., Li, Y et Shi, H. (2021) Combatting global grassland degradation. Nature Reviews Earth and Environment I DOI: 10.1038/s43017-021-00207-2.
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